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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

La période de latence sexuelle

Nous avons vu dans les précédents articles comment le garçon et la fille, de trois à six ans, allaient forger leur identité sexuelle à partir de simples théories explicatives, théories sexuelles de la différence des sexes qu'ils avaient observée entre eux. De trois à six ans, les enfants développent une activité cérébrale inimaginable, des fantasmes insoupçonnés, des angoisses terrifiantes, des mécanismes de défense contre ces angoisses, des plaisirs intenses liés à la masturbation ou aux attouchements, activités physique et psychique telles que Freud a qualifié l'enfant de « pervers polymorphe ».
Mais de toutes ces activités physiques, psychiques ou fantasmatiques, celle qui prédomine c'est l'angoisse. Et c'est l'angoisse qui va ordonner la mise en place de la structure psychique de l'enfant. Grâce au refoulement qui va lutter contre l'angoisse, l'angoisse de castration.
Ce refoulement opère vers la 6e année de l'enfance environ. Devant l'angoisse de castration, l'enfant renonce à désirer son père et sa mère, et à nourrir envers eux des désirs parricides et matricides. Il renonce également à l'identification au phallus pour combler le manque de la mère et en faire une femme non châtrée, dans le but de nier la différence des sexes. Autant le garçon que la fille entrent alors dans un registre capital, celui d'avoir ou de ne pas avoir le phallus. Ce passage de l'être à l'avoir est le moment le plus important dans l'évolution sexuelle de l'enfant et dans la dialectique œdipienne. Il implique le jeu des identifications. En s'identifiant à son père, le petit garçon renonce au désir incestueux de sa mère, pour entrer dans le social. Le père est porteur de ce qui fait désirer la mère, le phallus.
C'est le « déclin du complexe d'Œdipe », qui marque la fin des cinq à six premières années de la vie, et met en sourdine les pulsions sexuelles de l'enfant qui ont connu leur apogée avec les désirs œdipiens. Les pulsions orales, anales, phalliques, que nous avons vues précédemment, se sont retrouvées sous la coupe des désirs œdipiens, frappées d'un refoulement radical. Elles ne réapparaîtront à la conscience que sous la forme de rêves, fantasmes, humour, lapsus, actes manqués, toutes formations de l'inconscient qui ramènent ponctuellement le refoulé à la conscience.
C'est une humanisation qui vient de contenir l'enfant. Les pulsions sont définitivement refoulées. Nous ne mesurons pas assez l'importance de ce tournant. On pense à tort que le complexe d'Œdipe est une pathologie quelconque qui frappe l'enfant. En fait, le complexe d'Œdipe permet à l'enfant de passer de l'âge pulsionnel à l'âge de la raison. En passant par la « Période de latence ». Il s'agit d'une latence de la sexualité, elle durera jusqu'à la puberté. La latence n'est pas totale, et la sexualité de l'enfant se manifeste encore à travers la masturbation, des désirs œdipiens ou des fantasmes satisfaisant des pulsions partielles. Mais ce sont des expressions minimes, et l'énergie des pulsions sexuelles est canalisée maintenant vers les activités sociales que l'enfant commence à rencontrer à travers les jeux et la vie scolaire. Des sentiments comme la pudeur et le dégoût apparaissent, sentiments qui s'opposent aux pulsions sexuelles. C'est une intensification du refoulement qui produit une amnésie totale des premières années, et l'apparition des sublimations et des identifications. Des aspirations morales et esthétiques apparaissent, c'est le début de la socialisation de l'enfant, ce qui correspond donc au renoncement aux désirs œdipiens et à la mise en veilleuse momentanée de la sexualité.
La période de latence a une portée quasi philosophique. Elle est le produit d'un déclin du complexe d'Œdipe, d'un refoulement des pulsions sexuelles et d'un passage à l'humanisation de l'enfant. Si les cinq à six premières années de l'enfance sont des années pulsionnelles, des années de plaisir sexuel, de masturbation, de jeux sexuels entre les enfants, les jeux aux docteur et à l'infirmière que tous les enfants connaissent, la période de latence inaugure une période plutôt sage, une période d'identification à l'autre et de sublimation des pulsions.
L'autre passe du statut d'un objet sexuel au statut d'un objet d'identification.
En attendant la crise pubertaire.

Chawki AZOURI

Nous avons vu dans les précédents articles comment le garçon et la fille, de trois à six ans, allaient forger leur identité sexuelle à partir de simples théories explicatives, théories sexuelles de la différence des sexes qu'ils avaient observée entre eux. De trois à six ans, les enfants développent une activité cérébrale inimaginable, des fantasmes insoupçonnés, des angoisses...
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