Le message du Hezbollah a gelé l’initiative Hariri

C'est un message fort en deux volets que le Hezbollah a adressé mardi de Bkerké, en réponse à l'initiative Hariri de poser la candidature de Sleiman Frangié comme compromis pour débloquer la présidentielle, dans les limbes depuis plus d'un an et demi.
Le premier volet du message est que le candidat unique et définitif du Hezbollah à la présidence de la République est le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le député Michel Aoun, tant que ce dernier maintient sa candidature. Le second est que le parti chiite refuse d'intervenir pour convaincre le général Aoun de retirer sa candidature, quelle que soit la partie qui se trouve derrière.
Selon des sources partisanes haut placées qui suivent de près le dossier présidentiel, c'est la première fois que le Hezbollah annonce du patriarcat maronite qu'il maintient son soutien au général Aoun après l'initiative Hariri. Ces sources estiment que la démarche du chef du courant du Futur n'a donc pas pu remettre en question le soutien du Hezbollah à M. Aoun.
La position du Hezbollah remet donc au congélateur toute possibilité de trancher le nœud gordien présidentiel dans l'immédiat et a paralysé, dans la pratique, les efforts de Saad Hariri. Certains pensent même que l'initiative est désormais morte et enterrée, même si ses partisans continuent de dire qu'elle est bien vivante et que les efforts politiques pour la concrétiser redoubleront d'ardeur début 2016. C'est par exemple le cas du chef du bloc du Futur, le député Fouad Siniora, qui défend les qualités de Sleiman Frangié face aux défauts de Michel Aoun.
Selon les sources précitées, le scénario des séances électorales stériles va donc se poursuivre. Il n'y a pas de possibilités de nouvelles candidatures et le patriarche maronite est incapable de réunir les quatre pôles maronites à Bkerké, surtout après le soutien de Mgr Béchara Raï à la candidature de Sleiman Frangié, qui lui a valu des réactions d'hostilité de Michel Aoun et du président des Forces libanaises, Samir Geagea. En dépit du rectificatif du maître de Bkerké, qui a distingué son soutien à l'initiative visant à combler la vacance présidentielle d'un appui à M. Frangié, les deux leaders chrétiens ne sont pas revenus à de meilleurs sentiments. Le surplace est donc parti pour durer.