Le Hezbollah a organisé lundi d'imposantes funérailles dans la banlieue sud de Beyrouth pour Samir Kantar, tué dimanche près de Damas lors d'un raid imputé par le parti chiite à Israël. REUTERS/Aziz Taher
Le Hezbollah a organisé lundi d'imposantes funérailles dans la banlieue sud de Beyrouth pour Samir Kantar, tué dimanche près de Damas lors d'un raid imputé par le parti chiite à Israël, alors qu'il était en charge du front du Golan, occupé depuis 1967 par l'Etat hébreu.
L'annonce dimanche du décès de Kantar avait été suivie d'échanges de roquettes et d'obus à la frontière libano-israélienne. Israël s'est félicité de sa disparition mais sans revendiquer la responsabilité du raid perpétré samedi. Un haut responsable de la sécurité israélienne avait toutefois averti en 2008, peu après la libération du Libanais d'une prison israélienne, qu'il restait une "cible pour Israël".
Lundi, une brigade de l'Armée syrienne libre (ASL) a revendiqué l'assassinat de Samir Kantar et promis des attaques futures contre le parti chiite. Dans une vidéo d'une minute postée sur YouTube, et dont l'authenticité n'a pu être vérifiée dans l'immédiat, la brigade affirme que Samir Kantar a été tué "dans une opération unique". Elle réfute l'information selon laquelle le responsable du Hezbollah a été tué dans un raid israélien. L'homme affirme que les "allégations du parti du diable" visent seulement à "frustrer les combattants de l'ASL".
Dans le quartier de Ghobeiri, dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, des barrages ont été dressés et des militants en habit militaire portaient des drapeaux de leur parti, du Liban et de la Palestine. Le cercueil de Samir Kantar était lui aussi recouvert de la bannière du Hezbollah et a été porté jusqu'au mausolée réservé aux "martyrs" du groupe.
"Les Israéliens n'ont toujours pas appris qu'avec toutes ces tentatives d'assassinat de leaders, ils sont en train de commettre une énorme bêtise", a lancé un haut responsable du Hezbollah, Hachem Safieddine.
"Mort à Israël, mort aux Etats-Unis", scandait une foule compacte derrière le cercueil de Samir Kantar.
Ancien militant du Front populaire palestinien (FLP) incarcéré pendant près de 30 ans en Israël pour une opération meurtrière commise à l'âge de 16 ans, ce druze libanais avait rejoint aussitôt après sa libération le mouvement chiite, à l'origine de sa libération lors d'un échange.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) l'a présenté comme le "chef de la résistance syrienne pour la libération du Golan", un groupe créé il y a deux ans par le Hezbollah pour lancer des opérations dans cette région, occupée par Israël depuis la guerre israélo-arabe en 1967.
"Pendant ses sept ans de liberté, Samir s'est impliqué dans la résistance (contre Israël) au Liban et quand sont apparus les premiers signes de la résistance sur le front du Golan occupé, il a été le premier à le rejoindre. Israël a essayé six fois de l'assassiner au Liban et en Syrie", a affirmé son frère Bassam dans un article publié lundi par le quotidien libanais al-Akhbar.
(Portrait : Samir Kantar, le "héros" du Hezbollah qui a passé la moitié de sa vie en prison)
"Symbole de la résistance"
Pour Waddah Charara, expert du Hezbollah, "Samir Kantar représentait l'emblème d'un projet (...) de constitution d'un front de résistance dans le sud druze syrien (...) Et quand Nasrallah a annoncé qu'on verrait bientôt une résistance syrienne aussi efficace que la résistance chiite au Liban-Sud, Kantar faisait partie de l'équation". "Kantar a essayé de jouer de son appartenance à la communauté druze pour être une tête de pont (vers la partie du Golan occupé par Israël) et pour chercher à ébranler la loyauté des druzes à l'Etat hébreu. Israël ne pouvait pas l'accepter", a souligné l'auteur du livre "l'Etat hezbollah".
Les quelque 20.000 druzes qui vivent sur le Golan ont dans leur immense majorité refusé la nationalité israélienne après l'annexion en 1981 du plateau par l'Etat hébreu.
Originaire d'Abey, un village près de Aley, Kantar a appartenu à la frange de la jeunesse libanaise qui s'était engagée dans les années 70 aux côtés des combattants palestiniens au Liban.
Ainsi le chef druze Walid Joumblatt, dont le père fut le symbole de l'alliance entre les mouvements progressistes libanais et les Palestiniens avant son assassinat en 1977, lui a rendu hommage.
"Malgré nos différences dans nos positions politiques sur la crise syrienne, nous condamnons la mort du militant Samir (...) qui a dédié sa vie à la lutte contre l'occupation israélienne (...) Il restera un symbole de lutte, de la résistance et de la liberté", a-t-il dit dans un communiqué.
Sur les réseaux sociaux, les critiques pleuvent sur l'inaction des Russes, alliés du Hezbollah contre les rebelles en Syrie, qui disposent au sol d'un système de radars ultra-performants et de missiles de longue portée S-400. "Peut-on dire que l'opération menée par les avions israéliens a été coordonnée dans la chambre des opérations commune russo-israélienne?", écrit ainsi un internaute.
Les médias sympathisants du Hezbollah, manifestement gênés, ont justifié l'inaction russe par le fait que les avions israéliens n'étaient jamais entrés dans l'espace aérien syrien pour viser Kantar mais avaient tiré quatre missiles à partir du lac de Tibériade, situé en Israël.
Pour M. Charara, professeur de sociologie à l'université libanaise, "dès le départ, la Russie a tenu à marquer le fait que sa défense du régime syrien ne concernait pas le conflit syro-israélien".
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Poutine a fait faillite ...il n'a même pas protégé ses meilleurs ennemis ...! il faut maintenant en trouver d'autres ...bon ...ce n'est pas un problème il y en a plein...
21 h 19, le 21 décembre 2015