Rechercher
Rechercher

Campus - Conférence

Université-entreprises : vers une relation « gagnant-gagnant » ?

L'Agence universitaire de la francophonie a organisé, le 4 décembre, en collaboration avec l'Université de Balamand (UOB), une conférence intitulée « Construire une passerelle entre les entreprises et les universités ». La première d'un cycle de conférences initié par l'AUF visant à rapprocher le milieu
universitaire et les entreprises.

Le panel sur « L’impact compétitif des entreprises : recherche et développement » composé de représentants d’entreprises, de chercheurs et de consultants.

Premier à prendre la parole lors de la conférence intitulée «Construire une passerelle entre les entreprises et les universités», le docteur Georges Nahas, vice-président de l'Université de Balamand (UOB), parle d'une «rencontre inéluctable», à l'heure où le «Mare nostrum» n'est plus la Méditerranée mais bien le monde dans sa globalité. Face à l'exigence mondiale de rendement, il appelle de ses vœux la création d'un véritable «technopole université-entreprises» afin de «préparer ensemble l'avenir». Président de l'AUF, le docteur Hervé Sabourin lui emboîte le pas : Les formations doivent être repensées dans une optique d'efficacité, en cohérence avec les besoins des entreprises. L'université ne doit plus se contenter d'inculquer des savoirs, mais également des savoir-faire et même des « savoir-être ». D'où la nécessité d'un « dialogue constructif » avec les industriels, premiers concernés en tant que recruteurs des jeunes diplômés de demain.


Composé d'universitaires, le premier panel pose un état des lieux quant aux relations entre universités et entreprises. Le constat est là encore unanime : un rapport de méfiance domine, nourri de part et d'autre d'idées reçues. Non, les étudiants en stage ne sont pas des espions infiltrés mettant en péril les secrets de l'entreprise ; non, cette dernière ne doit pas être vue uniquement comme un bailleur de fond. Balayant ces préjugés, plusieurs intervenants revendiquent une relation «gagnant-gagnant » moyennant quelques ajustements. Il s'agit, pour reprendre la formule du professeur Karim Nasr, qui enseigne également à l'UOB, de « concilier recherche du profit et profit de la recherche ». Aux universités, il échoit de ne plus former des spécialistes mais des « adaptables » – comme le demandera par la suite le professeur Fadi Geara, lui-même devenu professeur puis doyen de la faculté d'ingénierie de l'USJ en dépit de sa formation d'ingénieur – et de penser les sujets de recherche en terme de retombées sociétales concrètes et de valeur économique ; aux entrepreneurs de développer davantage de partenariats et d'espaces de formation. Pour le Dr Antoine Gergess, doyen des affaires étudiantes à l'UOB, ce problème de méfiance découle d'un écueil majeur : les lacunes en matière de communication, domaine pourtant primordial à l'aube de la « quatrième ère industrielle ».


Le deuxième panel met en scène les acteurs de la recherche. Responsable du pôle R&D de Balamand, le Dr Chafic Mokbel est catégorique : En dépit d'un État aux abonnés absents, le problème n'est pas d'ordre pécuniaire. Des programmes de financements privés existent bel et bien, dont certains même ne trouvent pas preneurs. Manque de communication là encore, rétorquent les rares étudiants présents, qui ignorent tout de ces subventions potentielles. Si l'industrie libanaise est peu compétitive, elle semble manquer avant tout de coordination, insiste le Dr Mokbel, qui met en avant la réussite de l'UOB suite à sa spécialisation dans le domaine de l'agroalimentaire. Le troisième panel, enfin, donne la parole aux entrepreneurs et spécialistes des ressources humaines, qui déplorent qu'au souci de bien faire et d'apprendre des nouveaux employés se substitue la question des salaires. Face à ces nouveaux diplômés de la «génération Z», il convient là encore de «repenser les politiques» de ressources humaines; aux entreprises aussi de s'adapter. Après qu'un témoignage ait mis en avant l'importance de l'orientation, un étudiant soulève un autre problème récurrent: le poids des pressions sociales et parentales. Un travail de sensibilisation doit être mené, dès le lycée et peut-être jusque dans les foyers, afin d'«inculquer la culture de l'acceptation de l'autre et de sa complémentarité»: un pays ne peut fonctionner uniquement avec des ingénieurs et des médecins !


Ainsi, de l'avis de tous, combler le fossé entre les entreprises et le milieu universitaire passe avant tout par une évolution des mentalités. Il faudra donc s'armer de patience, étant entendu qu'un changement d'ordre culturel s'inscrit nécessairement dans la durée... Quant à la réussite de ce premier rendez-vous, si quelques participants déplorent la faible participation d'entrepreneurs qui ne s'attardent en outre que le temps de leur intervention, la palme de l'absentéisme revient indubitablement à l'État libanais. Cette démarche essentielle aurait dû s'inscrire au rang de ses prérogatives, au lieu de quoi il ne sera évoqué aujourd'hui qu'à défaut, tant au sujet des subventions que du traitement des déchets, cette épineuse question qui s'invite malicieusement en marge des discussions.

 

Lire aussi

Éclairer la lanterne des lycéens, une tâche pas toujours facile

 

 

Premier à prendre la parole lors de la conférence intitulée «Construire une passerelle entre les entreprises et les universités», le docteur Georges Nahas, vice-président de l'Université de Balamand (UOB), parle d'une «rencontre inéluctable», à l'heure où le «Mare nostrum» n'est plus la Méditerranée mais bien le monde dans sa globalité. Face à l'exigence mondiale de rendement,...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut