Le Premier ministre français Manuel Valls a mis en garde hier contre de possibles attaques « chimiques ou bactériologiques », six jours après les sanglants attentats de Paris. Dans un discours prononcé à l'Assemblée nationale pour demander la prolongation jusqu'à fin février de l'état d'urgence, M. Valls a estimé possibles des attentats en France avec des « armes chimiques ou bactériologiques ». « Il ne faut aujourd'hui rien exclure », a-t-il lancé, alors que le gouvernement a autorisé en urgence, dans un arrêté publié samedi, la pharmacie des armées à distribuer un antidote aux armes bactériologiques à des services d'urgence civils en France. Ce produit anti-produits neurotoxiques, le sulfate d'atropine, est mis à disposition en raison du « risque d'attentats terroristes », dans le contexte de la conférence de l'Onu sur le climat COP21 qui débute le 30 novembre et doit durer jusqu'au 11 décembre, selon l'arrêté signé du directeur général de la Santé.
Plus globalement, les mesures annoncées pour renforcer la sécurité dans le pays coûteront à l'État « 600 millions d'euros » en 2016, selon le gouvernement, qui a dit « assumer » d'ores et déjà une « dégradation du déficit public » par rapport aux prévisions en 2016.
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Toujours sur le pied de guerre, la France a continué hier de renforcer ses moyens de riposte sur le sol national et à l'étranger. À la demande du gouvernement, les députés français ont voté quasiment à l'unanimité la prolongation pour trois mois et le renforcement de l'état d'urgence décrété au lendemain des attentats du 13 novembre. Le texte adopté hier par l'Assemblée nationale, qui doit être confirmé au Sénat aujourd'hui, donnera désormais, parmi tout un panel de mesures sécuritaires, la possibilité au gouvernement de bloquer des sites Internet ou des réseaux sociaux incitant au terrorisme. Dans ce cadre, plus de 400 perquisitions ont eu lieu dans les milieux islamistes depuis samedi et une centaine de personnes ont été assignées à résidence.
En outre, la France a annoncé hier la mort du cerveau présumé des attaques de Paris, le jihadiste belge Abdelhamid Abaaoud, lors d'un raid mené mercredi à Saint-Denis, en banlieue nord de Paris. Mercredi, 110 policiers d'élite avaient lancé un assaut sur un appartement de Saint-Denis, à la suite d'un témoignage indiquant qu'Abdelhamid Abaaoud, présumé être en Syrie, se trouvait en fait en France. Son corps, « criblé de balles » et déchiqueté durant l'opération, a été « formellement identifié » grâce à des empreintes digitales, selon un communiqué du procureur François Molins, en charge de l'enquête.
Surnommé Abou Omar al-Baljiki (« le Belge » en arabe), ce jihadiste de 28 ans est considéré comme l'inspirateur ou l'organisateur des attentats qui ont fait 129 morts et plus de 350 blessés vendredi soir à Paris et dans sa banlieue, revendiqués par l'EI.
D'après le gouvernement, il n'en était pas à son coup d'essai : « Abaaoud était impliqué dans quatre » des six attentats déjoués en France depuis le printemps, a déclaré le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Son implication a notamment été établie dans un projet d'attentat contre une église de Villejuif, au sud de Paris, en avril. Il pourrait être également impliqué dans l'attaque ratée d'un train Thalys en août.
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« Se reprendre »
Se pose maintenant la question de savoir comment cet homme, qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt européen et international, a pu rentrer et cheminer en Europe, de surcroît en France. « Aucune information émanant de pays européens dans lesquels il aurait pu transiter avant d'arriver en France ne nous a été communiquée », a affirmé Bernard Cazeneuve. À la veille d'une réunion d'urgence des ministres de l'Intérieur à Bruxelles, il a appelé l'Europe « à se reprendre ». Certains des auteurs des attentats « ont profité de la crise des réfugiés pour se glisser » en France, a également affirmé hier Manuel Valls, estimant que le système Schengen serait remis en cause « si l'Europe n'assumait pas ses responsabilités aux frontières ».
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Sur le front extérieur, le président François Hollande, qui doit se rendre la semaine prochaine à Washington et Moscou, s'est entretenu avec son homologue américain Barack Obama, avec lequel il a notamment évoqué « la coopération militaire » sur le théâtre syrien. Le sujet a également été discuté par les chefs d'état-major des armées française et russe, qui multiplient depuis quatre jours les frappes sur le fief syrien de l'EI, Raqqa. L'Élysée a, en outre, fait savoir hier que le président Hollande avait demandé une intensification des frappes aériennes contre l'EI en Syrie et en Irak.
Au-delà de l'Europe, la France a proposé au Conseil de sécurité de l'Onu une résolution prévoyant de prendre « toutes les mesures nécessaires » pour contrer l'EI. Ce texte « demande aux États qui ont la capacité de le faire de prendre toutes les mesures nécessaires (...) pour redoubler d'efforts et les coordonner afin de prévenir et de stopper les actes terroristes commis spécifiquement » par l'EI, ainsi que par d'autres groupes terroristes associés à el-Qaëda. Le texte fait référence à des mesures prises « sur le territoire sous le contrôle de Daech (un acronyme de l'EI en arabe) en Syrie et en Irak », et en conformité avec les lois internationales.
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commentaires (3)
Valls veut se faire remarqué ....car dans ce tragique attentats ...il a souffert d'un déficit de sa com. à 2 balles, au profit de la com. à 2 balles de Normal 1er et ses sujets de la dernière nomenklatura au pouvoir en Europe........
M.V.
12 h 03, le 20 novembre 2015