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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Syrie : si la France a modifié ses priorités, elle n’a pas touché à ses fondamentaux

Le ni (Assad) ni (Daech) toujours d'actualité.

A Beyrouth, un bel hommage a été rendu aux victimes des attentats de Borj el-Brajneh et de Paris, avec la Grotte aux pigeons de Raouché illuminée aux couleurs des drapeaux libanais et français. Photo Anwar Amro / AFP / Photomontage Mohammad Yassin

« Travailler avec les Français (sur le dossier syrien) comme avec des alliés. » Au-delà de la symbolique, ces quelques mots prononcés hier par le président russe Vladimir Poutine suggèrent un tournant important. Avant les attentats du 13 novembre à Paris, l'intervention russe en Syrie avait été sévèrement critiquée par l'exécutif français, qui mettait en avant le fait que les frappes de Moscou visaient en priorité les groupes rebelles et non les positions de l'organisation État islamique (EI). La donne est peut-être en train de changer.

Dans son discours devant les parlementaires réunis en Congrès, le président français a appelé à réunir les efforts internationaux contre le terrorisme en une seule et même coalition – une façon de tendre la main aux Russes. Mais avant même que François Hollande ne clarifie les futurs paramètres de cette collaboration lors de son prochain voyage à Moscou le 26 novembre, M. Poutine s'est jeté sur l'occasion et a ordonné aux navires russes déployés en Méditerranée « de rentrer en contact avec le Charles-de-Gaulle et de coopérer avec les Français ». Sauf que ces Français n'ont fait aucune annonce concernant une quelconque coordination de leur côté. « Ils les ont sans doute remerciés, mais ils ne leur ont rien demandé », précise une source informée.

Pour M. Hollande, le rapprochement avec Moscou est une façon de répondre aux critiques de la droite et de l'extrême droite sur la politique étrangère de la France, et d'optimiser l'efficacité de la lutte contre l'EI. Pour M. Poutine, c'est une occasion inespérée d'avoir un allié occidental à ses côtés, dans ce qu'il considère « être une guerre contre le terrorisme ». Sans surprise, Moscou a intensifié ses frappes contre Raqqa ces dernières 48 heures et a reconnu que le crash de l'avion A 321 résultait d'un attentat terroriste, commandité par l'EI. Comme pour signaler aux Français qu'ils comprennent leur situation, qu'ils ont le même ennemi, et par conséquent les mêmes intérêts en Syrie. Une manière aussi de mettre de côté, pour l'instant, leurs divergences concernant l'avenir du président syrien Bachar el-Assad.

(Lire aussi : Frappes contre l'EI, les conséquences d'une diplomatie improvisée)


Malgré le rapprochement avec la Russie, malgré le changement de ton et la désignation de l'EI comme l'ennemi, Paris n'a pas pour autant changé sa position vis-à-vis du conflit syrien. Et cela, les Russes, au fond, le savent pertinemment. « Concernant M. Assad, la ligne de Paris ne changera pas », martèle la source. Et malgré les attentats de Paris, les données du problème n'ont pas, non plus, changé en Syrie. « Paris ne peut pas renverser sa politique au risque de bouleverser le jeu et de créer de nouveaux problèmes. Ni Assad ni Daech ne sont une réalité du terrain. Si vous voulez une solution aujourd'hui en Syrie, il reste que cela ne peut se faire ni avec Assad ni avec Daech », ajoute la source.

Grosse bataille
La stratégie française en Syrie, après les attentats du 13 novembre, comprend deux volets. L'un est militaire et vise à détruire, par le biais des frappes, les structures de l'EI, notamment à Raqqa, où seraient présents de nombreux jihadistes francophones. L'autre concerne la transition politique en Syrie, sur les bases des négociations de Vienne. Contrairement aux Russes et aux Iraniens, qui réclamaient une séquence – détruire les groupes terroristes puis trouver une issue politique –, les Français considèrent que ces deux actions doivent être menées de façon parallèle.


(Lire aussi : L'EI, premier ennemi commun de la France et de la Russie depuis la Seconde Guerre mondiale)

Le cadre théorique de Vienne implique l'ouverture de négociations entre le régime et l'opposition au début de l'année 2016. Ce cadre, conceptuel pour l'instant, a été accepté par les Russes et par les Iraniens. Reste maintenant à déterminer qui sont les membres de l'opposition légitimes pour négocier avec le régime. L'Arabie saoudite va réunir les groupes de l'opposition à Riyad, avant les négociations avec le régime, et la Jordanie doit, de son côté, déterminer qui sont les groupes terroristes. Selon la source informée, il est pour l'instant convenu que le Front al-Nosra ne participera pas aux négociations, compte tenu de son inscription sur la liste des groupes terroristes par les Nations unies. Les deux autres groupes rebelles les plus puissants sur le terrain, à savoir Ahrar el-Cham et Jaych al-Islam, pourraient quant à eux être invités à y participer, selon certains médias. « Il est admis que la crise syrienne devra se régler dans le cadre d'un processus électoral. Cela veut dire que les Russes et les Iraniens acceptent que tous les Syriens seront appelés à voter, y compris ceux de l'étranger. » Une condition qui pourrait déterminer l'issue des élections d'autant plus que, pour l'heure, rien n'empêcherait M. Assad de se présenter aux futures élections. « Cela a été une grosse bataille pour essayer d'obtenir des conditions d'éligibilité, mais pour l'instant, ce n'est pas dans les premiers éléments de Vienne. »

 

(Lire aussi : Avion russe, Paris... Une internationalisation « logique » pour l'EI )


Pour les Russes et les Iraniens, les élections pourraient être, naturellement, un moyen de redonner une légitimité démocratique à M. Assad. Les diplomates de Vienne partagent une volonté de préserver les institutions syriennes, pour éviter de réitérer l'erreur que les Américains avaient commise en Irak. Mais l'imbrication entre M. Assad, le régime et l'État rend cette tâche particulièrement compliquée. « Cela veut dire qu'il faut des éléments acceptables du régime et des éléments acceptables de l'opposition qui, ensemble, pourraient réaliser une forme d'unité qui permettrait d'évincer les terroristes », confie la source.

La nouvelle alliance entre Paris et Moscou sur le dossier syrien est, par nature, fragile. D'après la source interrogée, rien n'indique que Téhéran et Moscou soient prêts à lâcher Assad. « Il n'y a pas de différence fondamentale d'intérêt en Syrie entre Moscou et Paris, mais Poutine ne fait pas une politique syrienne, il fait une politique de puissance, il assène une leçon à l'Occident. Si Poutine veut faire une politique syrienne, on devrait arriver à se mettre d'accord au moins sur les paramètres, puisque personne n'a jamais contesté à la Russie ses intérêts stratégiques en Syrie », rappelle la source précitée.

Quels que soient les paramètres de cette coalition élargie, une question primordiale sera au centre du jeu : qui seraient les alliés de la coalition au sol, sachant qu'une intervention étrangère sur le terrain semble, a priori, exclue par tous. « L'armée d'Assad n'est pas capable d'aller reprendre Raqqa, Deir ez-Zor ou Palmyre... Même si on préfère Assad aux jihadistes, parce que c'est un laïc, du point de vue opérationnel, il ne sert à rien. Les groupes de l'opposition syrienne sont les seuls à avoir remporté des succès contre Daech en Syrie. Mais ils n'accepteront pas de combattre l'État islamique tant que le processus politique ne sera pas réglé. »
Un serpent qui se mord la queue, en somme...

 

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commentaires (9)

Avce F.Hollande on perd notre temps à commenter Il profite de la mort de 129 français pour gesticuler, jouant l'homme d'une émotion intense, se déplaçant partout, et tout cela dans un objectif électoral Il n'a rien reussi dans sa carrière Il a été élu Président sur des promesses mensongères Il a laminé l'économie de la France Il ne livre les bateaux par la Russie, cherche et devient leur allié pour bombarder Daesch Une politique du "n'importe quoi" pour qu'on parle de lui. Il augmente les effectifs de la police et de l'armée sans prendre soin de provisionner cette improvisation alors que notre dette s'oriente vers les 3000 milliards d'euros Affolant

FAKHOURI

19 h 29, le 19 novembre 2015

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Commentaires (9)

  • Avce F.Hollande on perd notre temps à commenter Il profite de la mort de 129 français pour gesticuler, jouant l'homme d'une émotion intense, se déplaçant partout, et tout cela dans un objectif électoral Il n'a rien reussi dans sa carrière Il a été élu Président sur des promesses mensongères Il a laminé l'économie de la France Il ne livre les bateaux par la Russie, cherche et devient leur allié pour bombarder Daesch Une politique du "n'importe quoi" pour qu'on parle de lui. Il augmente les effectifs de la police et de l'armée sans prendre soin de provisionner cette improvisation alors que notre dette s'oriente vers les 3000 milliards d'euros Affolant

    FAKHOURI

    19 h 29, le 19 novembre 2015

  • certain parle maintenant de démocratie, mais oublie qu'il l'on piétiner quand ce n'etait pas a leurs avantages ... ouvert le feu sur les manifs pacifiques, emprisonner ceux qui EXCERCENT LEUR DROIT LE PLUS DEMOCRATIQUE celui de manifester !! ceux qui veulent maintenant les élections en syrie SONT DES HYPOCRITE DE PREMIERE ORDRE CAR ILS SAVENT QUE LA SYRIE A ETE VIDER A 75% DE SA COMPOSANTE SUNNITE

    bery tus

    17 h 25, le 19 novembre 2015

  • NAÏFS CEUX QUI CROIENT QUE LA FRANCE ET LES AUTRES OCCIDENTAUX... À CAUSE DES ATTENTATS... VONT SE RANGER DU CÔTÉ DU DESPOTE... LES NAINS RUSSE ET PERSÉ N'ONT NI LE CHOIX NI LA PAROLE... ET RIRONT TOUJOURS BIEN ET FORT QUI RIRONT LES DERNIERS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 54, le 19 novembre 2015

  • Donc personne ne veux aller sur le terrain, pas les russes, pas les Européens, surement pas le Ricains,etc... alors qui ? l’opposition syrienne veux la tète d'Assad pour prix (hypothétique) et l’armée iranienne a la hantise de voir Daesh venir la taquiner au Khorasan. alors qui ? ne reste que ceux qui y sont déjà : les alaouites et les divers groupes chiites. Bon courage les gueux, les cercueils n'ont pas fini de défiler.

    Lebinlon

    13 h 09, le 19 novembre 2015

  • Il faut d'abord en finir avec Daech. Le monde entier devrait s'unir contre Daech. Il faut une strategie bien pensee et a plusieurs niveaux pour eradiquer l'EI. La transition politique en Syrie viendra après. C'est trop tot encore.

    Michele Aoun

    12 h 51, le 19 novembre 2015

  • Si on avait eu un article de la Dame Scarlett avec des " sources....etc..." que n'aurions nous entendu des demandes d'éclaircissement sur l'origine de ces sources ???!!! Pour le fond , Mr Samrani , croyez vous vraiment que si hollandouille qui s'est gourré sur toutes les lignes de toutes ses politiques depuis 2012 , pourrait venir dire maintenant haut et fort : "OUI JE CHANGE DE CAP ET ME RANGE SUR LA POLITIQUE DE POUTINE NPM." ? En faisant cela , quel désastre vis à vis de ses "ex" "nouveaux" , vous imaginez le chamboulement ? et les ventes aux bensaouds , les contrats d'armement etc...il en ferai quoi ? C'est joli ce serpent qui se mord la queue , mais qui prend le rôle du serpent d'après vous ? Poutine ? no , Bashar, le héros droit dans ses bottes ? non , le Hezb résistant ? non plus ! Qui donc ? pouvez vous demander à votre "source" svp ?

    FRIK-A-FRAK

    11 h 39, le 19 novembre 2015

  • Khâââï ! Ils en ont au moins pour encore cinq ans de guerre "à la libanaise". Tel un boomerang dans le faciès, en fait. Khâââï !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 00, le 19 novembre 2015

  • SE DÉBARRASER D'ABORD DE LA COPIE DAESCH SERAIT DONNER L'OCCASION À L'ORIGINAL DE SE REPRODUIRE... SE DÉ BAQRRASSER D'ABORD DE L'ORIGINAL, LA COPIE SERAIT VITE MAITRISÉE ET DILUÉE... DONC, LA SECONDE OPTION EST LA JUSTE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 47, le 19 novembre 2015

  • F.Hollande à piteusement retourné sa veste ...il doit faire des excuses à Vladimir Poutine et racheté les bateaux aux égyptiens pour les rendre aux russes...

    M.V.

    08 h 40, le 19 novembre 2015

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