La spectaculaire robe rouge de Lady Mary.
Le Virginia Historical Society dédié à l'histoire de l'État de la Virginie et ses relations avec les autres États du pays est situé au cœur de sa capitale, Richmond. Il accueille actuellement et jusqu'à janvier 2016 l'exposition « Dressing Downton, changing fashion for changing times », en proposant 40 costumes de la série britannique culte Downton Abbey. Ce choix illustre, comme son nom l'indique, le temps qui passe à travers une mode qui ne cesse d'évoluer. En effet, à travers les épisodes de la série télévisée (dont l'histoire démarre à partir des années 1910), les fans de la série ont pu assister au passage d'une famille d'aristocrates et de son personnel à l'ère industrielle. Une époque charnière, avec le déclin du style de vie de la « haute », et une plus grande démocratisation de la culture britannique, justement reflétée dans les costumes. De magnifiques pièces signées par la compagnie londonienne Cosprop, qui sait, dans toutes ses réalisations, rester fidèle à l'authentique et qui a « habillé » les héros de célèbres films parmi lesquels Titanic, The King's Speech ou encore Lincoln. Certaines tenues de Downton Abbey sont une reconstitution de ce qui se portait aux alentours de la Première Guerre mondiale, parfois faites avec des éléments de robes datant de l'époque, ou créées avec une grande fidélité au modèle original, en s'appuyant sur des peintures et des photographies d'époque.
« Fashion Statement »
Véritable échantillon de cette société supersophistiquée d'alors, très glamour et parés à souhait, les membres de la famille Crawley paradant dans Downton Abbey ne cessent de fasciner les téléspectateurs. Lesquels n'ont, hélas, pas le temps de capter toute la richesse et l'élaboration de leurs tenues. Et c'est là, comme l'explique un responsable du musée, que « l'exposition apportera un plus, puisqu'elle permet d'observer des détails significatifs et très recherchés que l'on n'aurait pas pu saisir en voyant défiler les images sur le petit écran ». Il en est ainsi pour la splendide robe rouge qu'arborait la très belle Lady Mary Crawley durant une soirée où elle avait été sous le charme d'un invité qui n'était autre qu'un diplomate turc. Elle combine la dentelle d'Espagne d'une robe du soir, datant du siècle dernier, et une fine mousseline plissée d'aujourd'hui. Le look de dos, avec une fleur, soulignant la taille, est à lui seul un « fashion statement ». Et ce détail, comme bien d'autres, la caméra n'aurait pas eu le temps de le montrer.
Les toilettes tenaient un rôle essentiel dans la vie de la classe supérieure. S'habiller était un rituel, car il était d'usage de changer de tenues jusqu'à cinq fois par jour. Chaque occasion imposait un style : les promenades quotidiennes dans la campagne, les déjeuners, les soirées, les mariages, les visites en ville et bien sûr les funérailles. Ce qui donnait beaucoup de travail au personnel (dans l'entretien, l'assistance et l'habillage), qui avait également des uniformes pour chacune de ses tâches.
L'attrait pour la gentry
Par leur fidélité au contexte historique, les costumes de Downton Abbey illustrent l'évolution de la mode en Grande-Bretagne : des corsets aux compliqués bustiers à lacets de la comtesse douairière de la famille, campée par l'extraordinaire Maggie Smith, au style libéré de la jeune génération.
La Virginia Historical Society, une ancienne demeure dotée d'une spectaculaire architecture datant des années 1925 et meublée de pièces très british, est l'écrin parfait pour une réminiscence, sur le sol américain, de l'esprit aristocratique de l'autre côté de l'Atlantique. À cette époque, la gentry exerçait un grand attrait sur la gente féminine américaine, comme le souligne le directeur du musée. « À la fin du XIXe siècle, et jusqu'au début de la Première Guerre mondiale, des centaines de femmes américaines se sont rendues en Europe dans l'espoir d'épouser un aristocrate. C'est le cas de l'une des héroïnes de Downton Abbey, Lady Cora, épouse du châtelain, le comte de Grantham. »
Après Richmond, on emballera la précieuse garde-robe des hôtes de ce château, pour la réexposer dans quatre autres villes américaines : Chicago, Anaheim, Nashville et Saint-Augustine. Et toujours dans des cadres dignes de leur rang.
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