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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

La conception freudienne de l’appareil psychique - 5 -

Nous avons vu la dernière fois que les trois différents lieux (registre topique) distingués par Freud dans l'appareil psychique, l'inconscient, le préconscient et le conscient, sont en conflit entre eux (registre dynamique) et dépensent une énergie spécifique (registre économique). Nous allons voir maintenant que ces lieux sont régis par des processus différents : les processus primaires et les processus secondaires.

Les processus primaires sont caractérisés, outre par la circulation libre de l'énergie qui se déplace et se condense sur les représentations (pensées), par une tendance de cette énergie libre au réinvestissement des traces mnésiques (la mémoire) des expériences de satisfaction originelles. Ce qui veut dire que la mémoire inconsciente reste très vive dans notre esprit et que, pendant la journée, seule la censure l'empêche de se manifester. La nuit, cette censure baisse d'intensité, laissant la voie libre à la mémoire inconsciente pour se manifester, dans le rêve. La voie est libre en partie, comme on l'a vu quand on a analysé le fonctionnement du rêve. Et le rêve est une satisfaction de type hallucinatoire, soit une réactivation de la mémoire inconsciente. Et ce, pour réaliser un désir inconscient resté tel quel depuis l'enfance.

Le rêve est une « satisfaction hallucinatoire du désir ». Cette satisfaction hallucinatoire du désir est propre au nourrisson. Elle se comprend par l'hypothèse et les observations que le nourrisson est dans un état originel de détresse. La faim, par exemple, crée un état de tension insupportable qui ne cède que grâce à l'intervention d'une personne extérieure, la mère. La satisfaction éprouvée est alors liée à l'objet qui l'a provoquée, le sein.

Quand, à nouveau, la faim provoque un état de tension et avant qu'elle ne soit assouvie par la mère, le nourrisson réactive, relance, réinvestit la trace mnésique laissée par l'objet de la satisfaction précédente. Cette réactivation produit un phénomène proche de la perception première : c'est l'hallucination. Voilà pourquoi dans les processus primaires, et comme on le voit surtout dans le rêve et dans les phénomènes hallucinatoires qui précèdent le délire, il y a cette recherche constante d'une « identité de perception » avec les traces mnésiques, la mémoire des satisfactions originelles.

Progressivement, le nourrisson fait l'épreuve de la réalité, c'est-à-dire qu'il commence par distinguer entre les excitations qui lui viennent du monde extérieur et celles qui lui viennent de l'intérieur. Il parvient ainsi à différencier la perception de l'hallucination, à distinguer un objet halluciné d'un objet réel. Cette expérience de satisfaction hallucinatoire du désir est fondamentale. Elle est à l'origine du désir humain, désir humain qui se distingue ainsi du besoin dès le début et qui inaugure la première différence entre l'humain et l'animal.

Très vite, la distinction entre l'objet réel et l'objet imaginaire se met en place. Cet objet premier, qui sera ainsi perdu à jamais, qui a satisfait le besoin du nourrisson et créé le désir, guidera le sujet dans toutes ses recherches ultérieures de l'objet d'amour. L'identité de perception avec ce premier objet caractérise donc les processus primaires et se distingue par une recherche de satisfaction immédiate et une décharge énergétique totale. Tout cela est propre à l'inconscient.

Au contraire, les processus secondaires lient l'énergie et contrôlent son écoulement dans un investissement stable des représentations (idées). La satisfaction immédiate qui caractérise les processus primaires est ici ajournée, ce qui permet le fonctionnement du système préconscient-conscient. Le jugement, l'attention, le raisonnement et le contrôle de l'action sont alors possibles. Ici, ce n'est plus l'identité de perception avec l'objet que recherche l'enfant, mais l'identité de pensée.

On voit bien comment l'opposition entre les deux modes de fonctionnement de l'appareil psychique, le monde du rêve et le monde de la réalité amena Freud à énoncer, en 1911, les deux principes qui régissent l'appareil psychique : le principe de plaisir et le principe de réalité. La « satisfaction hallucinatoire du désir » du nourrisson est une donnée essentielle pour comprendre le dualisme freudien, celui du principe de plaisir et du principe de réalité, ainsi que le dualisme pulsionnel.
Car entre-temps, dès 1905, il avait fait l'hypothèse des pulsions, l'une des conceptions les plus originales de la psychanalyse et opposa bientôt les pulsions sexuelles aux pulsions d'autoconservation. La prochaine fois, nous verrons comment fonctionnent ces pulsions.

 

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FREUD N'AVAIT PAS COMPTÉ AVEC LES TARÉS !!!

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 26, le 19 novembre 2015

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Commentaires (1)

  • FREUD N'AVAIT PAS COMPTÉ AVEC LES TARÉS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 26, le 19 novembre 2015

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