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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

La conception freudienne de l’appareil psychique -1-

Dans un premier temps, en 1895, Freud conçut le Projet d'une psychologie scientifique, ou la «psychologie à l'usage du neurologue». Son intérêt pour une théorie de l'inconscient était déjà en germe, mais il ne savait pas comment le formuler, avec quels outils le faire. Il voulait aussi être reconnu par le monde scientifique. Dans L'interprétation des rêves, publié en 1900, le chapitre VII, «Psychologie des processus du rêve» est considéré comme la première ébauche théorique de l'appareil psychique. Cette publication peut être considérée comme le premier essai de Freud pour donner au public la possibilité d'évaluer sa méthode, la psychanalyse, et sa théorie psychique de l'inconscient.

Au fur et à mesure du déroulement de sa relation à Fliess, qu'on considère comme la première analyse, «l'analyse originelle», dans laquelle il a pu aller le plus loin possible dans la découverte de son propre inconscient, Freud mesurait la réalité de l'universalité de l'inconscient. Cela n'aurait pas pu être possible s'il n'y avait pas en même temps le développement de ses observations cliniques dans le cadre de sa clientèle privée. En effet, Freud était quotidiennement en présence de ce qui sera appelé plus tard par Lacan les « formations de l'inconscient ». Les formations de l'inconscient au sens où il n'y a pas d'accès direct à l'inconscient, parce que l'être humain le combat et cherche en permanence à l'oublier, mais à ce qu'il produit comme formations : autant ses propres rêves que ceux de ses patients, les lapsus, les actes manqués et les symptômes, vont le mettre sur la voie d'un inconscient universel et non plus seulement maladif comme le pensait Pierre Janet (1959-1947). Pour Pierre Janet, les « états seconds » que l'on constatait chez les hystériques répondaient à une conception de l'hystérie basée sur une notion d'insuffisance et que s'il existait un lieu psychique clivé de la conscience, ce lieu était anormal et ne se retrouvait que chez les malades.

Freud va établir ainsi un pont entre le « normal » et le « pathologique », ce qui ne lui sera jamais pardonné. Considérer l'inconscient comme propre aux maladies mentales convient à la pensée politiquement correcte, mais pas le fait que l'inconscient est universel. Ni que la différence entre l'homme malade et l'homme sain soit quantitative et non pas qualitative. Aujourd'hui encore, on continue à crier au scandale et à « l'imposture » parce que la psychanalyse a découvert le caractère universel de l'inconscient autant chez l'homme « sain » que chez l'homme névrosé et parce que le contenu de ce qui est oublié activement dans cet inconscient est lié au sexe et à la mort. Aussi que l'inconscient est un lieu psychique clivé de la conscience mais qui détermine 90 % de nos actes et de nos pensées. On continue de crier au scandale parce que «Le moi n'est pas le maître en sa demeure». Avec l’inconscient, Freud venait d'administrer la troisième giffle narcissique à l'homme, après Copernic et Darwin. Copernic ayant démontré que la terre tournait autour du soleil et pas l'inverse, et Darwin que nous descendons du singe et que l'espèce humaine n'est pas à l'origine. Ces trois gifles narcissiques indiquent bien que chaque découverte scientifique qui montre que l'homme n'est pas au centre, sera combattue férocement.

Allant plus loin encore, Freud allait montrer, d'une part, que ce lieu psychique clivé de la conscience était dû à un oubli actif de la part l'homme, oubli qu'il allait appeler refoulement et, d'autre part, que les pensées inconscientes consignées dans ce lieu étaient des pensées sexuelles, ou liées à la mort et surtout des souvenirs liés à l'enfance.

Le deuxième pas fait par Freud fut de constater que la remémoration de ces souvenirs oubliés provoquait une décharge émotionnelle : l'abréaction. Pendant un certain temps, le but thérapeutique fut la recherche de cette abréaction par laquelle le patient se libérait d'un souvenir traumatique, d'un événement devant lequel il n'avait justement pas pu réagir. C'était la méthode cathartique, méthode utilisée, comme nous l'avons déjà vu, par Breuer et Freud pendant une quinzaine d'années, de 1880 à 1895. Cette purgation ou purification qu'était la catharsis devait progressivement laisser la place au travail d'élaboration accompli dans la cure par le patient, travail par lequel les éléments refoulés reprenaient leur place dans la vie psychique consciente. Cette restitution et réintégration du passé dans le champ de la conscience faisait du patient un sujet actif de son histoire, un sujet réécrivant son histoire et non plus un sujet passif qui a subi cette même histoire.

Nous verrons la prochaine fois le rôle du refoulement et ce qui en découle.


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