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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

La conception freudienne de l’appareil psychique - 3 -

Nous continuons à voir comment s'est mise en place la théorie de l'appareil psychique. Il faut remarquer que cette théorie n'a rien de scientifique au sens propre du terme. Freud a renoncé à établir une conception « biologique » du psychisme suite à l'impasse à laquelle il avait abouti avec l'Esquisse d'une psychologie scientifique, ou ce qu'il appelait une psychologie à l'usage des neurologues. Pour théoriser les éléments cliniques qu'il observait, il s'est résolu à construire une Métapsychologie, métapsychologie qui allait permettre aux analystes d'avoir un langage commun, langage qui engloberait les éléments cliniques.
La dernière fois, nous avons vu l'inconscient, le préconscient et le conscient, ce qu'on appelle la Première topique freudienne.
Dès le début, cette différenciation entre les lieux psychiques est liée à une conception dynamique. L'inconscient se constitue parce qu'un conflit surgit entre la conscience et un groupe de représentations (pensées) inconciliables avec cette conscience. Le clivage du psychisme est donc le résultat d'un conflit à l'intérieur du psychisme lui-même. L'idée de conflit est centrale dans la psychanalyse. Le conflit est constitutif de l'être humain. C'est une idée difficilement acceptable car elle implique précisément l'existence de l'inconscient, soit que « le moi n'est pas le maître en sa demeure », troisième blessure narcissique infligée à l'homme par Freud après Copernic et Darwin.
À ce registre dynamique qui oppose les différents lieux, s'ajoute le registre économique. Il fait appel aux notions d'énergie et d'investissement (désinvestissement et contre-investissement). Il repose sur un principe que Freud appelle principe de constance, selon lequel l'appareil psychique tend à maintenir au plus bas la quantité d'excitation qu'il contient.

Dès les premières expériences cliniques de Freud et Breuer, l'idée d'une force liée au symptôme névrotique se dégage car le symptôme résiste à la guérison dans certains cas. Dans d'autres, la guérison s'accompagne d'une décharge énergétique, l'abréaction. Par ailleurs, dans les associations d'idées que Breuer et Freud demandaient aux patients, certains événements importants de l'histoire du sujet étaient évoqués de façon indifférente, alors que des événements anodins prenaient une teinte affective trop importante. Par exemple, un patient évoque la mort de sa mère avec froideur et éclate en sanglots en se remémorant la mort de son chat.
L'idée s'imposa donc à Freud d'une séparation entre la représentation (l'idée) et la quantité d'affect (émotion) dont elle est investie. La cure analytique est alors conçue comme le rétablissement d'une connexion oubliée entre le souvenir d'un événement traumatique et l'affect, l'émotion qui l'avait accompagné.
Le sort que subit la quantité d'affect séparée de la représentation (idée) est différent dans les trois névroses alors étudiées par Freud. Si nous prenons l'exemple de l'hystérie, le symptôme « fonctionnel », comme on l'appelle en médecine, c'est-à-dire sans lésion organique, tire sa force de l'énergie psychique qui est convertie en innervation corporelle.

L'exemple de l'hystérie est très fréquent et occupe une grande partie de la consultation des médecins. Une patiente paralysée de la main droite, sans qu'elle n'ait aucune lésion organique, traîne de médecin en médecin. À chaque fois, après plusieurs examens complémentaires très poussés, elle s'entend dire : « Vous n'avez rien Madame. » Or, elle ne peut pas bouger sa main et rien n'y fait. L'un des médecins prit le temps de l'écouter, sans aucun préjugé. Elle lui raconta le conflit qu'elle avait avec sa mère, conflit d'une très grande violence. Suite à la maladie de son enfant, sa mère emmena l'enfant chez elle en la traitant de mauvaise mère. Elle réprima une envie folle d'étrangler sa mère, envie oubliée aussitôt. Le soir même, elle ne pouvait plus bouger sa main droite.
Le fait que le médecin lui donna du temps et l'écouta, sans préjugé ni jugement moral, lui permit de retrouver et surtout de dire cette pensée oubliée. Elle éclata en sanglots et retrouva la mobilité de sa main. La « guérison » du symptôme s'est faite par la connexion retrouvée entre la pensée (représentation) refoulée et l'affect (l'émotion) qui lui correspondait à l'origine. L'énergie psychique convertie dans le corps et qui paralysait sa main se libéra entraînant la disparition du symptôme.
La prochaine fois, nous verrons ce qu'il en est de cette énergie qui caractérise le régistre économique.

 

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