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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

La conception freudienne de l’appareil psychique -2-

Le pas théorique suivant réalisé par Freud fut de supposer l'existence d'un mécanisme de défense pour oublier ce qui est « pénible, effrayant, douloureux ou honteux » à l'égard de la personnalité : ce mécanisme de défense est nommé refoulement. Comme le rappellent Jean Laplanche et J-B Pontalis dans leur Vocabulaire de la psychanalyse, le refoulement se produit quand la satisfaction d'une pulsion génératrice de plaisir pourrait provoquer un déplaisir dû à des exigences de type moral. Ces exigences de type moral sont le fait de notre conscience morale, ou, en termes spécifiquement psychanalytiques, du surmoi et de l'idéal du moi que nous verrons ultérieurement. Le refoulement a une fonction civilisatrice, nécessaire au sujet pour occuper sa place dans le social.

Le refoulement est donc constitutif de l'inconscient. Avec le concept de refoulement, la théorie psychanalytique venait de voir le jour. Comme le dit Freud, « la théorie du refoulement est la pierre d'angle sur laquelle repose tout l'édifice de la psychanalyse ». Il pose également l'hypothèse d'un refoulement originaire, très précoce dans la vie de l'enfant, qui aura un effet d'attraction sur les éléments à refouler ultérieurement. Le refoulement permet à l'homme d'oublier. Pour Lacan, « être ce n'est rien d'autre qu'oublier ». La fonction du refoulement est universelle, et le refoulement ne concerne pas seulement l'hystérie ou les névroses.
Le refoulement pose déjà à Freud la question du lieu où sont rejetés les éléments refoulés, soit une topique (de topos, lieu), le conflit entre les différents lieux, soit une dynamique, et l'énergie nécessaire à l'opération du refoulement, soit une économie. On appelle Première topique la première théorie de l'appareil psychique, qui comprend ces trois registres. En 1920, Freud formulera une autre hypothèse des lieux de l'appareil psychique. On parle communément de deux topiques freudiennes : la première, avec la distinction de l'inconscient, du préconscient et du conscient ; la seconde distingue le ça, le moi et le surmoi.

Une fois posé l'inconscient comme un lieu où est rejeté ce qui est pénible, effrayant, douloureux ou honteux, comment distinguer les pensées inconscientes inaccessibles à la conscience des souvenirs et des connaissances que le sujet peut actualiser par un effort de mémoire ? Comment distinguer un lieu où les pensées sont inconscientes, parce que activement oubliées par le sujet qui les refoule et qui résiste à leur remémoration, d'un lieu où les pensées, si elles sont inconscientes au sens descriptif du terme, n'en sont pas moins à la portée du sujet qui peut se les rappeler et les ramener facilement à sa conscience ?

Freud est ainsi amené à supposer l'existence d'un autre lieu entre l'inconscient et le conscient : le préconscient. Généralement, on considère que ce qui est préconscient est présent de façon implicite dans l'activité mentale sans être toutefois l'objet d'une prise de conscience. De ce point de vue, Freud assimile le préconscient à « notre moi officiel ». C'est d'ailleurs l'une des raisons qui l'amènent à parler de système préconscient-conscient par opposition au système inconscient.
Le conscient sera donc le troisième lieu de l'appareil psychique freudien. Très tôt dans ses recherches, Freud commence par distinguer la conscience par opposition aux traces mnésiques, à la mémoire. Un même système ne peut à la fois percevoir et emmagasiner les informations. La conscience se trouve donc à la périphérie de l'appareil psychique freudien, entre le monde extérieur et les deux systèmes mnésiques que sont le préconscient et l'inconscient. Inconscient, préconscient et conscient sont donc les trois lieux qui composent l'appareil psychique tel que Freud le conçoit dans sa première topique.

Il reste à situer la place de la censure dans cet appareil psychique. Concept articulé étroitement à celui de refoulement dont elle est à l'origine, la censure a pour fonction d'interdire l'accès à la conscience des désirs inconscients refoulés.
Freud constate son affaiblissement pendant le sommeil où elle continue néanmoins de fonctionner, ce qui explique les différentes déformations que subit le rêve. Elle fonctionne pleinement à l'état de veille où elle joue le rôle d'un gardien vigilant qui empêche les pensées inconscientes inadmissibles, inconciliables, de passer d'une « antichambre » où elles sont confinées, l'inconscient, au « salon » de réception d'où elles doivent rester écartées, la conscience. Les termes métaphoriques d'antichambre et de salon désignent bien le parallèle entre le fait inconscient et le fait social, lui-même agent du refoulement. Dans la première topique, la censure se situe entre l'inconscient et le préconscient, et préfigure ce que sera le surmoi (conscience morale) dans la seconde topique.

 

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commentaires (2)

SEULS... LES COMPORTEMENTS PSYCHIQUES ET DE L'INCONSCIENCE DES VAURIENS LIBANAIS N'ONT PU ÊTRE PRÉVUS PAR FREUD...

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 23, le 22 octobre 2015

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Commentaires (2)

  • SEULS... LES COMPORTEMENTS PSYCHIQUES ET DE L'INCONSCIENCE DES VAURIENS LIBANAIS N'ONT PU ÊTRE PRÉVUS PAR FREUD...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 23, le 22 octobre 2015

  • La biologie est en train d'expliquer tout, les psychoses, les névroses, nos comportements ... Les découvertes montrent chaque jour que les origines de la plupart ces bobos sont d'ordres physiologiques. Le jour où la psychanalyse deviendra seulement une philosophie n'est pas loin.

    Bahijeh Akoury

    10 h 00, le 22 octobre 2015

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