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Culture - Vidéoclip

Des pigments subliminaux pour parler de « libanité »

Coulisses et décryptage du clip « Mystic Machine », du groupe Teleferik, écrit et réalisé par Hany Tamba.

Même si le budget est serré, avec des idées lumineuses, de belles choses peuvent être réalisées. Le dernier vidéoclip du groupe franco-libanais Teleferik tient ainsi plus de l'artisanat et de l'entraide entre amis que d'une industrie rodée. Tourné pendant deux jours à Maameltein, en septembre dernier, Mystic Machine apparaît comme un véritable court-métrage. En bonne et due forme.

Des plans et des couleurs
À chaque plan, ses couleurs dominantes. Hany Tamba a travaillé en étroite collaboration avec son chef-opérateur, Damoun Ghawi, et Dima Geagea, chargée de l'étalonnage. Du bleu brouillard au rouge vif, en passant par un soleil chaleureux – et fantasmé – de carte postale à la Grand Theft Auto, l'alternance des pigments capte le regard. Nul doute que des réminiscences de Drive (2011) de Nicolas Winding Refn, ou d'autres, plus lynchiennes, viendront en tête des spectateurs. Ses plans stylisés et le montage rythmé de Roy Chucri font la force de ce clip.

 

 

 

 

Double sens
Pour Hany Tamba, réalisateur de films publicitaires et de plusieurs courts métrages dans les années 1990 et 2000, tourner un clip s'est avéré être un exercice excitant. Le défi était d'autant plus important qu'il voulait éviter d'illustrer les paroles poétiques de Mystic Machine de manière littérale. À l'aide d'images subliminales, il décrit un homme violent envers sa compagne qui ne parvient pas à le quitter. En s'appuyant sur cette histoire qu'il file comme une métaphore, le réalisateur aborde le rapport d'amour-haine qu'entretiennent beaucoup de Libanais avec leur pays. Victime(s) du syndrome de Stockholm, l'empathie envers leur(s) geôlier(s) voit le jour malgré les horreurs et les déceptions récurrentes. « La femme dépeinte par le clip reste par amour, alors que la situation, avec son mari, est loin d'être idéale. C'est autant l'homme de sa vie que son cauchemar », raconte le Libano-Britannique qui vit à Paris depuis 1992. « C'est une façon d'aborder la relation compliquée entre les Libanais et leur pays, ce tiraillement passionnel entre la tendresse et la souffrance », explique le cinquantenaire. Impossible pour ce fils de chef-opérateur, qui a souvent traîné sur les plateaux de tournage durant son enfance, de ne pas aborder le thème des violences domestiques, « toujours un problème au Liban ». Aussi, la danse prend une part grandissante tout au long du clip, jusqu'au vertige. À travers les gestes amples de la danseuse Caroline Hatem, le spectateur pourra imaginer la recherche d'un épanouissement ou bien une « danse de la mort » avec sa passion nocive. À double tranchant.

* L'album Lune Electric de Teleferik est disponible sur iTunes et Virgin Megastore.

Bio express de Hany Tamba
1961 : né à Beyrouth.
1977-1982 : étudie les arts graphiques en Angleterre.
1982-1992 : dessine pour la presse anglaise (Evening Standard, NME) en freelance.
1990 : se met à la réalisation pour ses premiers films publicitaires.
2006 : son court métrage After Shave est primé aux césars.
2009 : sortie dans les salles libanaises de son long métrage Une chanson dans la tête (Melodrama Habibi) avec Patrick Chesnais.

 

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