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Liban - L’éclairage

La législation de nécessité risquerait d’ébranler la polarisation 8/14 Mars

À la veille de l'appel à la tenue d'une séance parlementaire consacrée à la législation de nécessité, le chef de l'Assemblée, Nabih Berry, a quelque peu modifié le principe du respect de l'esprit du Pacte national, dans une interprétation extensive. Selon lui, le quorum requis pour la séance de la législation de nécessité consiste en une représentation parlementaire reflétant toutes les communautés. Ainsi, les milieux de Aïn el-Tiné assurent que les séances auront lieu même en l'absence des députés des Forces libanaises, des Kataëb et du Courant patriotique libre, soulignant que l'esprit du Pacte sera nonobstant respecté par le biais de la présence des Marada, des députés arméniens et des indépendants.
Cette position n'a pas manqué de susciter une réaction en flèche du leader des FL Samir Geagea, qui a souligné que l'esprit du pacte doit être compris sous l'angle de la représentativité et non d'un point de vue numérique. Le chef des FL a ainsi affirmé que les députés indépendants ne peuvent couvrir l'éventail de la représentativité requise à cette séance. Des milieux politiques ont estimé que les positions affichées par M. Geagea reflètent en réalité un état de confusion et s'inscrivent dans le cadre d'une surenchère à l'intérieur de la rue chrétienne, au moment où les milieux de Rabieh soulignent que les relations entre les FL et le CPL se dirigent vers plus de normalisation, de coopération et de solidarité. Un constat confirmé par des sources parlementaires qui ont indiqué que des rencontres prévues entre les deux formations chrétiennes se tiendront prochainement au niveau syndical et au niveau des représentants de part et d'autre. Elles ont pour objectif de parvenir à plus de coopération et de coordination en prévision des prochaines élections syndicales et serviront à définir les prochaines mesures conjointes
(manifestations, fermetures, protestations contre l'éventuelle tenue d'une séance parlementaire en leur absence).
La position de Nabih Berry à ce sujet consacre ainsi l'unification, d'une part, des positions respectives des FL et du CPL et, d'autre part, entre ces deux formations et les Kataëb, dans une sorte de trilogie chrétienne qui résumerait à elle seule la rue chrétienne, et ce en dépit de l'opposition des indépendants.
Des sources ministérielles ont exprimé leur étonnement à l'égard des positions affichées par certaines composantes de l'échiquier chrétien, se disant également surprises des visites effectuées par Samir Geagea et Ibrahim Kanaan, représentant le général Michel Aoun, à Bkerké, dans une tentative d'inciter le patriarche maronite à refuser le principe de la législation de nécessité, à moins que ne soit placé à l'ordre du jour le projet de la récupération de la nationalité selon la formule présentée par les FL et le CPL, et ce sans amendement aucun, surtout pour ce qui est des clauses relatives à l'obtention de la nationalité par l'époux et les enfants issus de mères libanaises et mariées à un étranger. Autre condition préalable placée par les FL et le CPL, la nécessité de faire figurer à l'ordre du jour les différentes formules du projet de loi électorale, quand bien même elles ne feraient pas l'objet de discussions et d'un vote, faute de temps.
Fait particulièrement significatif : en soutenant le chef du législatif dans sa position en faveur de la législation de nécessité et de la redynamisation des institutions, le Hezbollah s'est nettement distingué de son allié chrétien du CPL. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le parti chiite déçoit son partenaire politique sur des sujets aussi déterminants. Le voilà qui se désolidarise de lui une fois encore au sujet de la loi électorale et de celle de la récupération de la nationalité.
Au sein du 14 Mars, on se demande d'ailleurs pourquoi les partis chrétiens ne s'empressent pas plutôt de réclamer l'élection d'un chef de l'État, et pourquoi les FL et les Kataëb n'œuvreraient pas à convaincre le député Michel Aoun de la priorité à accorder à cette échéance.
Un ministre du 14 Mars ne s'est d'ailleurs pas privé de critiquer le nouvel alignement à caractère communautaire qui s'est opéré entre les trois composantes chrétiennes en ces circonstances délicates qui, estime-t-il, nécessitent plutôt une consolidation de la coexistence intercommunautaire et du modèle islamo-chrétien de sorte à éviter toute crise à ce niveau.
Il reste toutefois à savoir si, dans le cas de figure où se tiendrait une séance parlementaire, jeudi et vendredi prochains, les relations au sein 8 Mars, d'une part, et du 14 Mars, d'autre part, en pâtiraient, du fait notamment de l'unification des rangs qui s'est opérée entre les Kataëb, les FL et le CPL.
En dépit des éventuelles conséquences que cela pourrait avoir, les milieux du 14 Mars assurent que la communication entre Maarab et la Maison du Centre n'a pas été interrompue, soulignant que cet intermède n'est pas définitif et ne saurait affecter les relations profondes tissées entre ces deux formations dans le cadre de la révolution du Cèdre.
Par contre, les dégâts devraient être plus importants au sein du camp du 8 Mars au risque de voir le divorce entre Rabieh et Aïn el-Tiné consacré. D'autant que le député Michel Aoun a accusé le chef du législatif de prendre position sur des sujets tels que la présidentielle qui, selon lui, ne sont aucunement en faveur de l'alliance entre les composantes de ce camp. Le général Aoun lui reproche notamment de n'avoir pas soutenu sa candidature et de lui avoir préféré un candidat de compromis. Il faudrait également s'attendre à une distanciation progressive entre le CPL et le Hezbollah suite à la séance parlementaire, d'autant que les aounistes ont déjà été déçus plus d'une fois par leur allié chiite à des moments cruciaux, les derniers déboires en date étant la position du parti chiite lors de l'épreuve des nominations sécuritaires, le Hezbollah ayant avorté les efforts en faveur de la promotion du général Chamel Roukoz.

À la veille de l'appel à la tenue d'une séance parlementaire consacrée à la législation de nécessité, le chef de l'Assemblée, Nabih Berry, a quelque peu modifié le principe du respect de l'esprit du Pacte national, dans une interprétation extensive. Selon lui, le quorum requis pour la séance de la législation de nécessité consiste en une représentation parlementaire reflétant...
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