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À La Une - Egypte

Crash d'un avion russe en Égypte : la sécurité des aéroports remise en question

Le rapatriement des touristes de Charm el-Cheikh se poursuit.

Photo AFP

La Russie et la Grande-Bretagne ont continué dimanche à rapatrier leurs milliers de touristes présents à Charm el-Cheikh en Egypte, huit jours après le crash de l'avion russe probablement provoqué par un attentat selon Londres, Washington et des experts quasi-unanimes.
Seule l'Egypte, dont le tourisme est l'un des piliers de l'économie, semble traîner des pieds pour reconnaître ce qui apparaît de plus en plus comme une évidence. Le Caire répète qu'on ne peut tirer aucune conclusion définitive avant la fin de l'enquête, laissant entendre qu'elle pourrait durer encore longtemps.

En attendant, des appels se font de plus en plus pressants pour renforcer la sécurité dans les aéroports, qui être "maximale" et "revue" en fonction des risques "locaux", a déclaré dimanche le ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond. Il s'agit en priorité, selon lui, des aéroports des zones où est "actif" le groupe Etat islamique (EI), qui a affirmé avoir "fait tomber" l'appareil russe avec 224 personnes à bord.
La Grande-Bretagne est particulièrement concernée par l'impact du crash car la décision de Londres de suspendre les vols réguliers laissent quelque 20.000 touristes britanniques à Charm el-Cheikh. M. Hammond a précisé que "3.300" d'entre eux étaient désormais rentrés au Royaume-Uni et qu'au total "5.000" le seraient dimanche soir.

(Repère : Les attentats à la bombe contre des avions de ligne depuis 1983)



La Russie a également déployé d'importants moyens en dépêchant 44 avions vides pour commencer à rapatrier 78.000 ressortissants. A Moscou, le vice-Premier ministre russe Arkady Dvorkovitch a affirmé qu'environ 11.000 touristes russes étaient rentrés d'Egypte au cours des dernières 24 heures. Dimanche sera "le jour le plus chargé" pour ces opérations, a-t-il précisé à l'aéroport Vnukovo de la capitale russe.
Les passagers ne pouvant mettre leurs valises en soute, un avion-cargo a quitté dimanche Hurghada avec 30 tonnes de bagages, selon Moscou.

A Saint-Pétersbourg, d'où étaient originaires la plupart des victimes du crash, les cloches de la célèbre cathédrale de Saint-Isaac ont retenti 224 fois pour un hommage retransmis en direct par la télévision nationale.

A Charm el-Cheikh, certains touristes s'impatientent de la lenteur avec laquelle se déroulent les opérations de rapatriement. "On se sent bloqués au sol", se lamente Joanna Baker, 22 ans, en échangeant quelques balles de tennis de table avec son compagnon pour tromper l'ennui dans un hôtel de luxe. "On a passé du bon temps jusqu'à jeudi", jour prévu du départ, "mais maintenant, ça nous agace, on veut juste savoir quand on part", lâche la jeune femme.

Les images de touristes fuyant les plages égyptiennes laissent une partie de la presse du Caire, majoritairement acquise à l'actuel pouvoir, amère. "L'Egypte défie le 'terrorisme de l'Occident'", titre le quotidien Al-Watan, pointant du doigt les déclarations de nombreux dirigeants européens appelant leur ressortissants à ne plus se rendre en Egypte.

Pour contrecarrer cette mauvaise image, le quotidien a proposé dimanche un reportage sur des touristes qui refusent de quitter Charm el-Cheikh car, assurent-ils, "nous nous sentons en sécurité dans le Sinaï".
La catastrophe aérienne porte un coup très dur au tourisme en Egypte, déjà affectée par des années d'instabilité depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en 2011, suivie par des années de violences et d'instabilité.

(Repère :  Crash d'un avion russe en Egypte: de multiples hypothèses envisagées)

Un 'bruit' et plus rien

Le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont été les premiers pays à privilégier la piste d'une bombe à bord de l'avion de la compagnie Metrojet. Après avoir douté, la Russie semble désormais l'accréditer, sans le dire officiellement, en ayant suspendu tous ses vols civils vers l'Egypte.

Une source très proche de l'enquête avait indiqué vendredi à l'AFP que les experts de la commission d'enquête (Egypte, Russie, France, Allemagne, Irlande), à l'exception des Egyptiens, "privilégient très fortement" la piste de la bombe.

Le chef égyptien de la commission d'enquête a bien reconnu samedi que les enregistrements des données de vol et des voix dans le cockpit par les deux "boîtes noires" ont mis en évidence une rupture totale et brutale de tout enregistrement après 23 minutes et 14 secondes de vol à l'altitude de croisière, la dernière seconde étant marquée par "un "bruit". Mais il faudra en déterminer "la nature" par une "analyse spectrale" et récupérer et stocker au Caire, pour les étudier, "chaque débris" de l'appareil, pour établir des conclusion définitives.

Plus directe, une source de l'AFP estime qu'il n'y a qu'une possibilité "infiniment petite" qu'une "dépressurisation explosive" aussi soudaine en pleine altitude de croisière, qui génère une "rupture instantanée" des données des boîtes noires et ne laisse pas le temps à une alarme de se déclencher ou aux pilotes de lancer un SOS, puisse résulter d'un incident technique.
Selon une de ces sources, des experts égyptiens mais surtout russes étaient à pied d'oeuvre dès samedi pour rechercher des traces d'explosifs sur les débris de l'appareil éparpillés sur "plus d'une centaine de km2".

Par ailleurs, selon les médias américains et britanniques, Washington et Londres ont rapidement été convaincus de l'origine criminelle du crash après avoir intercepté grâce à leurs satellites des conversation entre jihadistes le démontrant, dont certaines avant le vol fatidique.

 

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