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À La Une - Eclairage

Pays de l'eau par excellence, le Brésil a soif

En plus de la sécheresse, les mauvaises politiques gouvernementales ont placé le Brésil au bord du gouffre.

Des agents de sécurité marchent dans le lit sec de la rivière de Saracuruna près de Duque de Caxias, au Brésil. VANDERLEI ALMEIDA/AFP

La pancarte "risque de noyade" à l'entrée de l'un des barrages qui approvisionne Rio de Janeiro en eau potable ressemble à une plaisanterie: il n'y a plus la moindre trace d'eau.

La réserve de Saracuruna près de Duque de Caxias, en banlieue nord de Rio, n'est plus qu'une grande extension de sable, de boue et de végétation. Quatre chiens trainent au milieu de quelques bouses de vaches et d'un filet d'eau.

"Cela fait très longtemps qu'il y avait de l'eau ici", dit un agent de sécurité qui marche dans le lit sec de la rivière après avoir donné l'ordre à l'équipe de journalistes de l'AFP de quitter les lieux, lors de sa visite vendredi.

La situation de Saracuruna se répète dans tout le sud-est du Brésil entre Rio de Janeiro et Sao Paulo où les barrages ont séché. Les autorités font leur possible pour éviter un rationnement très impopulaire.
Le secrétariat à l'Environnement de l'Etat de Rio pointe du doigt "la pire sécheresse de ces 85 dernières années" mais les écologistes accusent aussi de mauvaises politiques publiques de gestion de l'eau, depuis des décennies.

La saison des pluies va commencer mais les scientifiques redoutent que le phénomène climatique El Nino en cours, qui réduit les pluies, n'aggrave la situation. Et ce, avec les jeux Olympiques de Rio 2016 à l'horizon dans un pays où l'approvisionnement en eau et en énergie électrique provient à 75% de barrages.

(Lire aussi : Le changement climatique menace la sécurité mondiale)


"On avait l'habitude de pêcher"

A Xerem, l'un des quartiers de Duque de Caxias, les habitants ont du mal à croire que la rivière n'est plus qu'un souvenir. Il y a trois ans encore, l'eau arrivait directement au barrage de Saracuruna, construit au départ pour alimenter une raffinerie de la compagnie pétrolière Petrobras.
"Avant tout le monde pêchait ici. Il y avait beaucoup d'eau", se rappelle Renato Thomaz, 42 ans.  "Aujourd'hui, ce n'est plus une rivière, c'est une forêt", dit-il nostalgique, en regardant le cours d'eau superficiel entouré d'arbres.

Le barrage de Paraibuna, le plus grand du système qui approvisionne Rio de Janeiro, est sur le point d'atteindre son "niveau mort", quand l'eau ne peut plus être utilisée. Au total, quatre des principaux barrages du fleuve Paraiba do sul ont atteint en octobre moins de 6% de leur "volume actif" d'eau.
A Sao Paulo, le niveau du système Cantareira qui alimente la ville s'est un peu amélioré après une sécheresse sévère, à 16% de son volume actif. Et dans l'Etat de Bahia (nord-est du Brésil) le barrage de Sobradinho est à 6% de sa capacité.


Une crise? Non, c'est pire

Comment est-possible qu'il y ait une sécheresse au Brésil, si le géant sud-américain est l'une des principales sources d'eau douce du monde? C'est que beaucoup de cette eau se trouve dans le fleuve Amazone, au nord du pays, à des milliers de km des 20 millions d'habitants de Sao Paulo et des 10 millions de Rio. Et en plus de la sécheresse, les mauvaises politiques gouvernementales ont placé le Brésil au bord du gouffre. "C'est bien pire qu'une crise, car une crise ça passe; c'est structurel", déclare le professeur universitaire Sergio Ricardo, basé à Rio. "C'est non seulement le manque de pluies prolongé mais aussi la mauvaise gestion qui a mis Rio dans cette situation vulnérable", souligne-t-il.
Les erreurs vont d'une exploitation inefficace des réserves à la pollution des sources de cette précieuse ressource. Dans la banlieue de Rio par exemple, 80% des eaux usées se jettent dans les rivières sans traitement, explique Ricardo.

Le biologiste Mario Moscatelli, un autre expert de l'eau, affirme aussi que la sécheresse et le changement climatique ne sont pas les seuls responsables et qu'il faut prendre en compte les dommages causés par l'homme. "Etant donné les signes donnés par la nature, cela ne pourra qu'empirer et la réponse du gouvernement a toujours été timide et, de plus, réactive et jamais préventive", déplore-t-il.


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commentaires (2)

FAUT LEUR ENVOYER NOS ABRUTIS... À LA RESCOUSSE !!! ET... QUI A DIT QUE L'ABRUTISSEMENT EST UNIQUEMENT LIBANAIS ?

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 14, le 01 novembre 2015

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Commentaires (2)

  • FAUT LEUR ENVOYER NOS ABRUTIS... À LA RESCOUSSE !!! ET... QUI A DIT QUE L'ABRUTISSEMENT EST UNIQUEMENT LIBANAIS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 14, le 01 novembre 2015

  • Pays de l'eau par excellence, le Liban a très soif. Une situation pire que celle du Brésil.

    Halim Abou Chacra

    03 h 25, le 01 novembre 2015

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