S. Gemayel boycotte le dialogue et appelle Salam à l’action

Le chef du parti Kataëb, le député Samy Gemayel, a tenu hier une conférence de presse au siège central de son parti à Saïfi, à l'issue de la réunion du bureau politique. Le seul à avoir boycotté la séance de dialogue national hier, M. Gemayel n'a ménagé personne dans ses accusations de mauvaise gestion du dossier des ordures ménagères.
« Ce que nous craignions s'est réalisé, et c'est pour cette raison que nous avons haussé le ton et appelé les ministres à assumer leurs responsabilités et à prendre part aux réunions ministérielles », a-t-il déclaré.
« Les ministres qui boycottent le cabinet et tous ceux qui considèrent que le conflit politique dans la région est plus important que le quotidien des citoyens ont-ils suivi les images des déchets à la télévision hier (dimanche) ? » a-t-il demandé.
« À ceux qui demandent pourquoi nous avons boycotté le dialogue aujourd'hui (hier), nous répondons que nous ne nous isolons pas des gens. Nous sentons leur détresse et refusons que la solution soit reportée de séance en séance. Toutes les promesses du président de la Chambre et du Premier ministre sur la tenue d'un Conseil des ministres pour entériner la solution aux déchets se sont avérées vaines », a-t-il souligné.
S'adressant ensuite au Premier ministre Tammam Salam, il lui a directement demandé pourquoi « ne pas avoir décrété un état d'urgence après ce qui s'est passé hier (dimanche) ». Il l'a appelé surtout à « désigner les responsables en toute franchise et à reconnaître publiquement que la situation est au plus mal. L'État qui délaisse ainsi ses citoyens est un État sans existence ». Précisant que « les Kataëb seront les derniers à se désolidariser du Premier ministre », Samy Gemayel a toutefois appelé ce dernier à « prendre en charge la situation et à sauver le navire du naufrage ». « La solution n'est pas dans le suicide collectif », a-t-il estimé.
Et de lancer un appel général : « Y a-t-il encore un responsable au Liban, ou bien n'y a-t-il plus personne ? Le ministre de l'Environnement est-il réellement à Florence ? Où est le juge Ali Ibrahim (procureur général financier, ndlr), sachant que nous avons porté plainte contre ceux qui ont permis que le pays en arrive là ? Et où est le président du Conseil du développement et de la reconstruction, qui a supervisé les contrats de Sukleen ? Et le ministre des Travaux publics, qui a dit il y a deux mois qu'il se préparait pour gérer cette catastrophe ? »
Le chef des Kataëb a révélé enfin que son parti « se prépare depuis un mois et demi pour prendre en charge le dossier au niveau du Metn et du Mont-Liban : nous avons contacté les municipalités pour des solutions alternatives et avons déjà commandé des équipements à cette fin, qui nécessitent deux mois pour arriver au Liban ».
Dans un communiqué publié plus tôt dans la journée, les Kataëb avaient indiqué qu'ils suspendaient leur participation au dialogue, « après nos demandes successives de séparer les dossiers socio-économiques des litiges politiques (...) et suite à l'aggravation de la crise des déchets qui s'est transformée en catastrophe écologique et sanitaire, tandis que le cabinet reste absent et bloqué ».