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Économie - Liban - Économie numérique

Tech Wadi invite la Silicon Valley à Beyrouth

Un groupe d'entrepreneurs technologiques américains originaires de la zone Mena est venu, le temps d'un week-end, à Beyrouth, pour partager son savoir-faire avec l'écosystème local.

Les présentations et sessions de mentorat ont permis de confronter les points de vue entre les acteurs libanais et de la Silicon Valley. Photo S.R.

Ils étaient une petite centaine d'entrepreneurs technologiques, d'investisseurs ou de curieux à être venus assister à une série de conférences tenues samedi dans les locaux du programme d'accélération libano-britannique UK Lebanon Tech Hub. La plupart des intervenants ont, eux, fait le voyage de la Silicon Valley à l'initiative de Tech Wadi, une association visant à renforcer les liens entre la diaspora technologique arabe de Californie et la zone Mena, et de son sponsor principal, le programme Google for Entrepreneurs.

Failles de jeunesse
C'est la première fois que le petit groupe de mentors vient deux semaines dans la région dans le but de partager son savoir-faire avec des entrepreneurs locaux. « Nous avons choisi Amman, Le Caire, Beyrouth et Dubaï, car ce sont les quatre écosystèmes les plus avancés au Moyen-Orient. Ils disposent déjà d'investisseurs, de talents en ingénierie et en marketing, et des marchés accessibles », explique Sharif el-Badawi, responsable des partenariats avec les start-up et les investisseurs en capital-risque chez Google.
« Quel type de personnes embaucher ? Comment convaincre des investisseurs trop frileux ? »... Après chaque intervention, les questions fusent et très vite l'échange d'expérience dessine en creux un certain nombre de failles encore caractéristiques de l'écosystème libanais. Pour l'Égyptien Ramy Adeeb, fondateur du réseau social snip.it qu'il a cédé à Yahoo! pour 10 millions de dollars, la plupart sont liés à sa jeunesse et au fait que peu de reventes très lucratives ont encore été réalisées.

Côté entrepreneurs, les interrogations sont surtout d'ordre managérial. Quand lever des fonds, au risque de lâcher prise sur la stratégie ?
« On a peur de partager nos actions parce qu'on ne sait pas ce qu'il va se passer demain. Pour l'instant, j'ai 100 % des parts et on a des résultats, c'est la preuve que ça marche », soutient Julian Smida, qui a récemment fondé une nouvelle application de rencontre baptisée Wango. Ralph Hage, à la tête de la plate-forme de contact clientèle Custrd, est plutôt préoccupé par le fait de trouver des partenaires dont l'apport n'est pas seulement financier : « Je veux bien partager mes actions, mais je n'arrive pas à trouver un bon associé technique », explique le jeune homme.

« Vendre une histoire »
Les investisseurs sont eux aussi confrontés à certaines difficultés. Plus financières a priori, depuis l'entrée en vigueur de la circulaire 331 de la Banque du Liban qui permet aux banques commerciales d'entrer au capital de sociétés dans l'économie de la connaissance. « Grâce à cette circulaire, on peut garder des talents qui se seraient expatriés en leur proposant des salaires compétitifs. Mais les Libanais sont très individualistes, et mon plus gros obstacle aujourd'hui, c'est de trouver des personnes qui veulent bien travailler en groupe », observe Henri Asseily, cofondateur du fonds d'investissement libanais Leap Ventures qui a levé en mars dernier 71 millions de dollars pour les réinvestir dans le cadre de la circulaire. « Or une entreprise fondée par plusieurs personnes a statistiquement plus de chances de réussir et il est impératif que chaque membre fondateur soit motivé par une participation au capital d'au moins 10 à 15 % », poursuit-il.

Le manque d'éducation à la culture entrepreneuriale représente également un frein pour les investisseurs étrangers. « J'ai remarqué que les entrepreneurs doivent améliorer la présentation de leur projet. Parfois, ils se contentent de graphiques et de chiffres, et c'est un désastre ! Il faut surtout savoir raconter et vendre une histoire », explique Ramy Adeeb. « Beaucoup de jeunes me demandent des fonds sans avoir réalisé une véritable étude de marché préalable. C'est une perte de temps », renchérit Sharif el-Badawi.
Il souhaite donc contribuer à changer les mentalités locales à grand renfort d'exemple de success stories régionales. Il mène également des actions de lobbying avec des institutions publiques et privées afin de créer un accord de libre-échange pour les start-up technologiques dans la zone Mena. « Aujourd'hui, les start-up ne peuvent même pas contrôler le temps de livraison d'un produit d'un pays à l'autre à cause de la corruption locale. Un tel accord de libre-échange rendrait le monde arabe plus attractif pour les investisseurs étrangers », plaide-t-il, sans vouloir livrer plus de détails sur ce projet.

 

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