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Liban - Ordures ménagères

Crise des déchets : le compte à rebours a commencé

Salam donne son feu vert à l'application du plan Chehayeb, mais le grand nettoyage attendra encore quelques jours...

Des habitants du Akkar coupant la route à Abboudiyé. Photo an-Nahar

Après des jours de tractations entre le gouvernement et les collectifs de la société civile, le Premier ministre Tammam Salam a donné son feu vert, hier soir, à l'application du plan de gestion des déchets proposé par le ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, et approuvé par le gouvernement.
« M. Salam a demandé que soient adoptées toutes les mesures techniques, juridiques et administratives nécessaires, afin de mettre en application de manière immédiate le plan de gestion des déchets », a fait savoir M. Chehayeb, lors d'un point de presse à l'issue d'une réunion au Grand Sérail avec le chef du gouvernement, en présence notamment du ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk.
Mais la grande opération de ramassage des ordures n'est pas encore pour l'immédiat, a affirmé M. Chehayeb, joint au téléphone par L'Orient-Le Jour. Auparavant, des réunions doivent encore se tenir aujourd'hui et dans les deux ou trois jours qui viennent, pour suivre les développements au niveau des dépotoirs de Srar et de Masnaa. Une réunion se tiendra aujourd'hui, dans la Békaa, pour décider de l'ouverture de ce dernier dépotoir, alors que le premier est en bonne voie de devenir opérationnel.
Il y a là un point capital, a insisté le ministre de l'Agriculture. Le ramassage des ordures ménagères se fera simultanément sur tous les sites prévus à cet effet, où il ne se fera pas. Il ne peut donc commencer à Naamé, tant que les décharges de Srar et de Masnaa ne sont pas fonctionnelles. En outre, certaines des phases du plan doivent encore faire l'objet de décrets ministériels, sans compter les préparatifs logistiques nécessaires au grand nettoyage : aires de stationnement, itinéraires, flottille des camions, etc.
M. Chehayeb a affirmé souscrire à toutes les conditions posées le jour même par le mouvement civil dans un document rendu public, non sans relever que, sur certains points, les activistes se contredisent et demandent une chose et son contraire, en posant des conditions impossibles à satisfaire sur le court terme.


(Lire aussi : Dix leçons, entre autres, à tirer de la crise des déchets...)

 

Partenariat et transparence
De fait, à prendre connaissance de leur document, on se rend compte que dans certains cas leurs exigences sont irréalistes et prolongent indéfiniment le délai d'entrée en vigueur du plan, alors que le temps joue contre eux, à mesure que l'on avance vers la saison des pluies et que s'alourdit le tonnage de déchets ménagers qu'il devient urgent d'enfouir et impossible de trier à la source. Il en va de même de la méfiance qu'ils manifestent à l'égard des municipalités, tout en demandant qu'elles soient associées au plan de règlement et en exigeant que les fonds qui leur reviennent soient immédiatement libérés.
Une phrase du discours tenu hier matin par les activistes résume parfaitement la situation : le lien de confiance est totalement rompu entre ces mouvements civils et le pouvoir politique, alors même que l'intérêt des Libanais commande que leur action continue à être coordonnée, et qu'ils manquent de la maturité politique nécessaire pour assurer une quelconque relève.
« Une prochaine rencontre aura lieu lundi au Grand Sérail, afin d'assurer le suivi des développements au niveau du dépotoir de Srar et éventuellement de la décharge prévue à Masnaa, dans la Békaa », a précisé M. Chehayeb, au sortir de la réunion d'hier.
« Il est de notre devoir d'établir des décharges sanitaires, afin de remplacer les dépotoirs sauvages qui poussent dans les quatre coins du pays et qui devront fermer », a-t-il ajouté, avant d'en appeler à la raison les habitants du Akkar et de la Békaa, en leur assurant que les décharges sanitaires qu'ils accueillent sont « le modèle même de projets de développement dont leurs zones ont besoin ». Et d'ajouter que « tout se fera dans un esprit de partenariat et de manière transparente ».

 

(Repère : Les grandes lignes du plan présenté par la commission d'experts présidée par Chehayeb*)

 

Naamé : obstination
La Campagne pour la fermeture de la décharge de Naamé, quant à elle, ne décolère toujours pas. Elle a réaffirmé mardi, en fin d'après-midi, son opposition à toute tentative de réouverture de la décharge en question. « Nous avons payé la facture à l'État durant 17 ans, au prix de notre santé. Nous n'accepterons pas la réouverture de la décharge de Naamé, pas même pour une seconde », a martelé Ajwad Ayache, porte-parole de la campagne, lors d'une conférence de presse où, cependant, il apparaissait bien seul.
Interrogé sur les municipalités qui ont accepté que la décharge soit rouverte, M. Ayache a estimé que ces municipalités « ne représentent qu'elles-mêmes ». « Elles ont été désignées par leurs maîtres. Nous savons que toutes les municipalités ont des relations avec les responsables du pays », a-t-il ajouté.
À Srar, dans le Akkar, des manifestants protestant contre l'installation d'un dépotoir dans la région ont brièvement coupé la route à hauteur de la localité de Abboudiyé, située dans la même zone. Au même moment, des activistes du collectif « Le Akkar n'est pas une poubelle » ont manifesté pour protester également contre le transfert de déchets dans la région et la rencontre de plusieurs présidents de municipalité du Akkar avec le ministre de l'Intérieur.
Le mouvement de contestation civile, qui a émergé avec la crise des déchets, a, lui, appelé à un rassemblement jeudi prochain à 18h, à la place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, assurant que la lutte allait se poursuivre.

 

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commentaires (3)

Tout à fait ! Quand les poules indigènes auront un tas d'ordures entre leurs fausses dents !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 08, le 04 octobre 2015

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Commentaires (3)

  • Tout à fait ! Quand les poules indigènes auront un tas d'ordures entre leurs fausses dents !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 08, le 04 octobre 2015

  • LE COMPTE À REBOURS... BATTEZ LES TAMBOURS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 14, le 03 octobre 2015

  • "...Auparavant, des réunions doivent encore se tenir aujourd'hui et dans les deux ou trois jours qui viennent... En outre, certaines phases du plan doivent encore faire l'objet de décrets ministeriels...etc..." A ce rhytme, le ramassage se fera INCHALLAH d'ici la "fête de l'Indépendance Libanaise" ? Ne pouvait-on déjà préparer les décrets et autres préparatifs logistiques depuis que ce fameux plan de gestion des déchets a été élaboré...pour gagner du temps ? Que faisaient les fameux ministres concernés, ainsi que leurs directeurs et autres fonctionnaires ??? Comment ne sont-ils pas malades de honte de vivre dans un pays couvert d'ordures...de par leur faute ? Et j'entends par là TOUS LES MINISTRES, depuis des années, concernés par ce problème !!! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 50, le 03 octobre 2015

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