Rechercher
Rechercher

Liban - Crise des déchets

Le plan Chehayeb serait appliqué après la fête d’al-Adha

Une première pluie a semé le trouble, amplifiant l'angoisse autour de l'échéance de la collecte des déchets accumulés depuis le 17 juillet. Une éclaircie serait attendue après la fête.

Après la pluie matinale, cette monstrueuse montagne de déchets, qui pousse un petit peu plus chaque jour, séchait tranquillement au soleil au niveau de la corniche du Fleuve après avoir été tassée, comme c’est le cas au quotidien, par les bulldozers. Photo Michel Sayegh

Il a plu hier pour la première fois depuis des mois, et les tonnes de déchets sur les rives du fleuve de Beyrouth étaient tout trempés, les « montagnes » menaçant de s'écrouler. Un avant-goût de ce qui attend le pays si les tonnes d'ordures ne sont pas retirées des rues sans plus tarder ?
À cet égard, la phase urgente du plan de sortie de crise préparé par la commission d'experts présidée par le ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb et qui consiste à retirer les tonnes accumulées depuis le début de la crise le 17 juillet dernier ne fait toujours pas l'objet de délai précis, selon les informations qui circulaient hier. Une source bien informée a cependant indiqué à L'Orient-Le Jour que le plan serait lancé directement après les vacances d'al-Adha, qui tombent en fin de semaine.

Cette première phase devrait consister à rouvrir une cellule de la décharge de Naamé (dont la fermeture avait été à l'origine de la crise) pour une durée de sept jours, le temps d'y déposer les tonnes accumulées dans les rues. Cette éventualité a suscité la colère des membres de la Campagne pour la fermeture de la décharge, qui a catégoriquement refusé la réouverture, même pour un délai limité, et ce malgré le fait que les municipalités ont fini par accepter la réouverture temporaire du site.

Les habitants du village de Aïn Drafil qui accueille plus de 90 % de la décharge – des opposants farouches à cette réouverture – étaient hier dans une grande incertitude. Selon une information rendue publique en journée, une délégation du village a été reçue par le ministre Akram Chehayeb, obtenant des assurances de ce dernier et déclarant son soutien au plan.
Toutefois, en soirée, un démenti a été publié par le moukhtar de Aïn Drafil Joseph Abou Sleiman. Au cours d'un entretien téléphonique avec L'Orient-Le Jour, M. Abou Sleiman a assuré qu' « il n'y a pas eu de délégation reçue par le ministre Chehayeb, sinon que celui-ci nomme les membres de cette délégation et qu'il explique pourquoi le moukhtar n'en fait pas partie ».  Le moukhtar de Aïn Drafil, qui relève de la municipalité de Abey, se demande si cette information ne fait pas partie d'une « guerre médiatique » pour faire passer le projet « aux dépens des habitants ». « Nous ne pouvons accepter le transport chez nous de ces ordures en décomposition, avec toutes les maladies qu'elles peuvent charrier, dit-il. Les années au cours desquelles nous avons supporté 96 % de la décharge nous suffisent. »

 

(Repère : Les grandes lignes du plan présenté par la commission d'experts présidée par Chehayeb*)

 

Les « pour » et les « contre » au Akkar
L'annonce de la création de deux autres décharges pour la phase transitoire de 18 mois – le temps de préparer les municipalités à assumer leurs responsabilités dans la gestion de leurs déchets – a provoqué elle aussi des remous : les deux régions visées, le Akkar et la Békaa (Masnaa, frontière avec la Syrie), connaissent des mouvements de protestation plus ou moins vifs.
Après la grande réunion qui a rassemblé des experts et des notables du Akkar vendredi au Biel, une conférence de presse a été tenue hier par le Conseil de l'environnement à Kobeyate. Le communiqué « rejette le principe d'accueillir des déchets de l'extérieur du caza ». « Les ordures du Akkar sont déjà un problème assez grave », souligne le communiqué. Ces écologistes ont estimé que « consacrer la plaine du Akkar au traitement des déchets du Liban ouvrirait grande la voie aux industries polluantes, alors que cette plaine devrait être dédiée au développement agricole écologique ». Ils ont également « refusé le principe de l'équation du développement contre les déchets », en référence au budget alloué au caza depuis que sa décharge est pressentie pour accueillir les ordures de Beyrouth.

 

(Lire aussi : « Vous puez ! » promet « des surprises à la classe politique »)


Interrogé par L'Orient-Le Jour sur le degré d'acceptation de la décharge au Akkar, le député Mouïn Merhebi souligne qu'il y a toujours des partisans et des détracteurs, mais que la réunion du Biel a servi à dissiper de nombreuses appréhensions. « Nous étions inquiets à propos des déchets hospitaliers, industriels ou d'abattoirs, nous avons reçu des assurances qu'ils seront traités ailleurs, explique M. Merhebi. Une autre question que nous avons soulevée est celle de l'expropriation du terrain de Srar, sur lequel se trouve la décharge et qui appartient actuellement à un propriétaire privé. Il est crucial que ce terrain revienne à l'État, d'une part parce que cela permettrait au gouvernement de faire des économies – il est moins cher d'exproprier que de payer un prix par tonne au propriétaire – et d'autre part parce que cela garantirait la réhabilitation du site après sa fermeture. Nous avons aussi demandé qu'une société internationale soit chargée de la supervision du site afin de ne pas répéter ce qui s'est passé à Naamé. »
Le député explique qu'au cas où le site serait adopté, les déchets seront placés, dans un premier temps, dans un espace de stockage, où ils seront enveloppés de plastique pour éviter les odeurs, le temps de réhabiliter l'actuel dépotoir, ce qui prendrait deux mois environ. Il estime que les réticences qui demeurent au Akkar seront grandement dissipées par la création d'une branche de l'Université libanaise dans ce caza défavorisé, où les étudiants ne peuvent se permettre de payer les transports pour acquérir une éducation ailleurs.

Parmi les ONG et les mouvements civils aussi, les opinions oscillent entre ceux qui sont favorables et ceux qui sont défavorables au plan. Hier, au cours de leur conférence de presse, les membres du collectif « Vous puez ! » ont placé parmi leurs objectifs « la réforme du plan Chehayeb ». Pour sa part, l'association écologique Green Globe a déclaré son soutien au plan Chehayeb, estimant que « l'arrivée de la pluie provoquera une dispersion des ordures sur les routes et aurait des répercussions environnementales catastrophiques ». « Notre association soutient le plan du ministre Chehayeb dans ses efforts pour lever les ordures urgemment des rues, notamment après des modifications qui y ont été apportées suite aux discussions avec les associations écologiques : tri et recyclage au cours de la période transitoire, refus des incinérateurs et solutions spécifiques pour les déchets dangereux », poursuit le texte.

 

Lire aussi
Nouhad Machnouk dénonce le langage insultant contre le centre-ville

Mangez, ceci est mon corps, l’édito de Ziyad Makhoul

Le pouvoir et le mouvement de protestation dans l’impasse, le décryptage de Scarlett Haddad

Il a plu hier pour la première fois depuis des mois, et les tonnes de déchets sur les rives du fleuve de Beyrouth étaient tout trempés, les « montagnes » menaçant de s'écrouler. Un avant-goût de ce qui attend le pays si les tonnes d'ordures ne sont pas retirées des rues sans plus tarder ?À cet égard, la phase urgente du plan de sortie de crise préparé par la commission d'experts...

commentaires (4)

Cet incroyable "j'men-foutisme" prouve une fois de plus combien nos IRRESPONSABLES-INCAPABLES sont loin de la réalité...vivant dans leur bulle bien confortable de soi-disant "dirigeants" de ce pays... Irène Saïd

Irene Said

08 h 58, le 23 septembre 2015

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Cet incroyable "j'men-foutisme" prouve une fois de plus combien nos IRRESPONSABLES-INCAPABLES sont loin de la réalité...vivant dans leur bulle bien confortable de soi-disant "dirigeants" de ce pays... Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 58, le 23 septembre 2015

  • AU LIEU D'ORNEMENTS POUR LA FÊTE ON ÉTALE LES DÉCHÊTS... POURQUOI APRÈS LA FÊTE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    22 h 07, le 22 septembre 2015

  • Ah....quelle belle fête...entourés par des montagnes d'ordures... et comme nous pouvons être fiers de vivre dans ce pays...Messieurs nos IRRESPONSABLES-INCAPABLES ! Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 41, le 22 septembre 2015

  • et pourquoi pas apres les fetes de noel et du nouvel an, tant qu'a faire... rien ne presse, n'est-ce pas?

    Le Herisson

    10 h 20, le 22 septembre 2015

Retour en haut