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À La Une - crise

Migrants : tancée par l'UE, la Croatie lève son blocage, Budapest inflexible

Certains dirigeants estiment que la Hongrie remplit son rôle en défendant la frontière de la zone Schengen, face aux ambiguïtés de l'UE.

Zagreb a indiqué avoir comptabilisé 8.500 nouvelles arrivées de migrants jeudi, ce qui porte à 55.000 le nombre de personnes qui ont transité par le pays depuis la fermeture serbo-hongroise le 15 septembre. AFP PHOTO / IAKOVOS HATZISTAVROU

Tancée par l'UE, la Croatie a accepté vendredi de lever le blocage de sa frontière avec la Serbie, qui avait conduit à une détérioration de ses relations avec Belgrade, tandis que la Hongrie a annoncé sa détermination à fermer bientôt sa porte aux migrants venant de Croatie.

"La frontière a été débloquée à 17h00 heure locale (15h00 GMT). Tous les véhicules, quelles que soient leurs plaques d'immatriculation, peuvent entrer en Croatie", a annoncé le ministère de l'Intérieur à Zagreb.
Devenue un pays de transit majeur dans les Balkans depuis la fermeture par Budapest de la frontière serbo-hongroise aux migrants, la Croatie avait fermé cette semaine sa frontière aux véhicules serbes afin de protester contre le flux de migrants arrivant de Serbie.

Face à l'ampleur de la crise entre ces deux pays, la pire depuis le conflit des années 1990, Bruxelles avait sommé vendredi Zagreb d'apporter "d'urgence des éclaircissements", poussant la Croatie à lâcher du lest.
Le commissaire à l'Elargissement de l'UE, Johannes Hahn, avait lui aussi appelé Zagreb à revoir sa position, soulignant lors d'une visite à Belgrade, que l'Europe avait besoin de "stabilité" dans les Balkans face à la crise migratoire.

Deux jours après un sommet européen exceptionnel sur cette crise, où les Vingt-Huit sont convenus de renforcer les frontières extérieures de l'UE et l'aide humanitaire à leurs voisins, le flux de réfugiés cherchant à gagner l'ouest de l'Europe via les Balkans reste important.
Zagreb a indiqué avoir comptabilisé 8.500 nouvelles arrivées de migrants jeudi, ce qui porte à 55.000 le nombre de personnes qui ont transité par le pays depuis la fermeture serbo-hongroise le 15 septembre.
La quasi-totalité des migrants arrivant en Croatie passent ensuite en Hongrie, avant de rejoindre, par un corridor de facto, la frontière autrichienne et de là, l'Allemagne.

 

(Lire aussi : La répartition des réfugiés sera un test de « la solidarité européenne »)

 


"Empêcher que les gens passent"
Tenant d'une ligne dure, le Premier ministre populiste hongrois Viktor Orban a d'ores et déjà fait installer des barbelés sur 41 km de sa frontière avec la Croatie, et a annoncé vendredi vouloir la fermer bientôt hermétiquement aux réfugiés.
"La mise en place d'une protection de la frontière avec la Serbie a rempli nos objectifs. Il est de notre devoir d'en faire autant à la frontière avec la Croatie", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Vienne, où il a rencontré le chancelier Werner Faymann.

Inflexion sur la forme à défaut du fond : M. Orban a précisé vouloir recueillir, au préalable, l'appui d'un maximum de partenaires internationaux. Il entend notamment rencontrer le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon à New York la semaine prochaine en marge de l'Assemblée générale de l'Onu, et se rendre "dans d'autres pays".
"L'expérience avec la frontière serbe montre que nous devons obtenir des soutiens avant de fermer la frontière", a-t-il reconnu.
Cette fermeture avait été vivement critiquée par plusieurs pays, et les images de centaines de migrants bloqués par les barbelés avaient fait le tour du monde.

 

(Lire aussi : Pourquoi les réfugiés boudent la France)

 


Taxe sur les transactions financières
Mais un nombre croissant de dirigeants estiment aujourd'hui, plus ou moins ouvertement, que la Hongrie remplit son rôle en défendant la frontière de la zone Schengen, face aux ambiguïtés de l'UE et à son incapacité à contrôler les flux de migrants arrivant en Grèce depuis la Turquie.
Après le patron de la CSU - l'allié bavarois de la chancelière allemande Angela Merkel -, le vice-chancelier conservateur autrichien Reinhold Mitterlehner a également manifesté son soutien au dirigeant hongrois.
"Viktor Orban n'a pas tellement tort quand il estime que l'UE doit lui dire ce qu'elle attend vraiment de lui. Doit-il protéger la frontière de l'UE ? Ou les accords de Dublin sont-ils caducs ? M. Orban est le premier exposé" au flux migratoire, a-t-il déclaré au quotidien Die Presse.

En visite à Beremend, à la frontière croato-hongroise, le secrétaire général adjoint de l'Onu, Philippe Douste-Blazy, a, lui, plaidé vendredi pour une taxe européenne sur les transactions financières afin de financer l'accueil des réfugiés politiques et venir en aide aux pays en développement, d'où sont originaires les migrants économiques.
Berlin a estimé vendredi que 30% des personnes s'affirmant syriennes lors de leur enregistrement en vue de l'obtention du statut de réfugié en Allemagne ne l'étaient pas.

Pour tous, la traversée de la Méditerranée reste périlleuse : des recherches ont été lancées vendredi pour retrouver sept migrants portés disparus au large de l'île grecque de Kos, point d'arrivée en provenance des côtes turques des migrants.

 

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