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Liban - Crise des déchets

Plan Chehayeb : lueur d’espoir après la réunion du Biel

Malgré les réticences sur le plan populaire, les refus ont cessé d'être catégoriques, même à Naamé.

La réunion au Biel : une audition publique en bonne et due forme. Photo Dalati et Nohra

Un grand pas a été franchi hier vers un règlement durable de la crise des déchets, provoquée le 17 juillet dernier par la fermeture de la décharge de Naamé. Le plan proposé par le ministre Akram Chehayeb et les experts dont il s'est entouré semble en bonne voie d'être adopté, même si rien n'est encore absolument certain.

La sortie de crise se traduira par la réouverture, pour une courte durée et dans l'urgence avant la saison des pluies, de la décharge de Naamé, la seule au Liban à pouvoir recevoir les déchets en état de décomposition avancée, et dont les émanations pourraient être toxiques, si elles ne sont pas enterrées selon des normes certifiées d'hygiène. La décision de réouverture de la décharge de Naamé a été officiellement prise au cours d'une réunion au siège de la municipalité de Abey. Elle est conditionnelle. Une des grandes préoccupations est le manque de confiance dans le respect des délais proposés par l'État. Cette réouverture ne doit se produire que si, en concomitance, les sites choisis par le gouvernement pour servir de décharges sanitaires à Srar (Akkar) et à la frontière libano-syrienne, ainsi qu'éventuellement à Dora, sont rouverts en même temps.

Pour Naamé donc, « les municipalités ont accepté, mais on ne peut pas encore donner de date pour une éventuelle réouverture », précise Bassam Kantar, l'un des experts de la commission Chehayeb, à L'Orient-Le Jour. Dans l'absolu, il y a eu un net progrès sur tous les fronts, et les propositions du gouvernement ne se heurtent plus à des refus catégoriques, même s'il existe un courant populaire encore hostile à cette décision et que des piquets de vigilance se sont à nouveau installés à l'entrée de la décharge.


(Lire aussi : Le « plan de la dernière chance » de règlement de la crise des déchets démarrera incessamment)

 

Une première : un « public hearing »
Pour Srar, la réunion du Biel a été positive dans le sens où chacun a pu exprimer son refus, ses réserves ou ses questionnements, et des réponses ont été apportées, ajoute M. Kantar. La tendance actuelle sera donc, pour ces élus du Akkar, de considérer avec plus de sérieux l'option d'accepter d'accueillir des déchets des autres régions. Mais, dans tous les cas, des travaux de réhabilitation de ce site très dégradé ont déjà été entamés par le CDR.
Bassam Kantar souligne l'importance de la réunion d'aujourd'hui, qui est un premier public hearing (audition publique) dans l'histoire de la gestion de tels dossiers au Liban.

Enfin, pour Masnaa, le nouveau site choisi est très loin des habitations, donc assorti d'un risque moindre de protestations. C'est une sorte de no man's land dans les frontières libanaises sans risque de contamination des eaux souterraines.
Une brève manifestation hostile à une réouverture du dépôt de Dora a été organisée hier à proximité du site. Mais le député Hagop Pakradounian (Tachnag) assure que son parti « a la confiance » de la rue arménienne. La réouverture de cette décharge est d'ailleurs conditionnelle à sa réhabilitation préalable.

(Repère : Les grandes lignes du plan présenté par la commission d'experts présidée par Chehayeb*)

 

Oppositions
Cela dit, l'opposition à la réouverture de la décharge de Naamé reste très vive et le niveau de confiance dans les assurances du gouvernement est à zéro. Pour L'Orient-Le Jour, Imad Kadi, porte-parole de la Campagne pour la fermeture de Naamé, confie : « Nous avons toujours été contre la réouverture de la décharge. Il n'y a rien de nouveau dans notre prise de position. Nous reflétons le point de vue des gens. Le revirement des municipalités et des forces politiques ne nous a pas étonnés. Et qu'est-ce qui nous dit que la décharge ne sera pas rouverte à d'autres occasions, même si elle n'est employée que pour sept jours aujourd'hui ? Après tout, les habitants de Srar et d'autres localités du Akkar refusent toujours l'établissement d'une décharge dans cette région, et le terrain de Masnaa, pressenti d'abord, a été déclaré impropre à accueillir des déchets en raison des sources d'eau qui le traversent. Il n'y a aucune garantie, donc, que la réouverture de Naamé s'arrêtera à ces sept jours. Et puis, il ne s'agit pas de sept jours, ce sont les déchets accumulés depuis deux mois qu'on va ensevelir ici, ce qui reviendra à dire que toute la durée de fermeture de la décharge n'aura servi à rien. »

« Nous espérons avoir tort, conclut M. Kadi, mais nous avons l'impression que la décharge va être ouverte de force pour y faire entrer les déchets. Notre mouvement de protestation se poursuit, mais nous sommes des manifestants pacifiques qui ne comptons pas user de violence. Le mouvement civil de Beyrouth nous soutient. »

 

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