Des milliers de sympathisants des rebelles chiites houthis se sont rassemblés lundi dans la capitale yéménite Sanaa pour célébrer sa conquête il y a un an malgré les frappes aériennes de la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite.
Agitant des drapeaux yéménites noir, blanc et rouge, les manifestants ont assisté, dans une ambiance festive, à un spectacle de chants et de danses folkloriques, vantant la "résistance" des houthis "face à l'agression saoudienne" et dénonçant tour à tour les Etats-Unis et Israël.
Les rebelles ont fait du 21 septembre, date à laquelle ils ont conquis la capitale Sanaa en 2014, un jour férié et incité la population à participer à la manifestation pour dénoncer aussi les "agressions d'Israël" sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem.
Des drapeaux du Hezbollah étaient visibles lors de ce rassemblement organisé à l'appel du chef de la rébellion, Abdel Malek al-Houthi, à l'entrée de la Vieille ville de Sanaa.
La manifestation de lundi "confirme au monde entier que le peuple est du côté des leaders de la révolution", ont affirmé les rebelles.
(Pour mémoire : La guerre contre les houthis vise à contenir l'« expansion iranienne », affirme Hadi)
Fracas des bombardements
La capitale yéménite s'était toutefois réveillée lundi dans le fracas des bombardements menés par la coalition arabe qui soutient le gouvernement du président yéménite en exil Abd Rabbo Mansour Hadi.
Avant l'aube, ces frappes aériennes ont visé des dépôts d'armes dans le quartier de Noqom, à l'est de Sanaa, selon des témoins.
La base militaire, contrôlée par des unités rebelles alliées aux miliciens chiites, a été touchée à plusieurs reprises depuis le déclenchement en mars de la campagne aérienne menée par la coalition arabe.
Un raid a également touché le quartier de Sawan (nord-est), visant la résidence du parlementaire Ahmed al-Kahlani, proche de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, lui-même allié aux houthis, selon des habitants.
Le 21 septembre 2014, les houthis s'étaient emparés du siège du gouvernement à Sanaa, avec le soutien apparent d'unités restées fidèles à M. Saleh, après une offensive lancée deux mois plus tôt depuis leur fief du nord du Yémen.
Issus de la minorité zaïdite (branche du chiisme), ils s'estimaient marginalisés et ont justifié a posteriori leur action par deux impératifs: lutter contre la corruption qui gangrénait l'Etat et affronter el-Qaëda qui s'était renforcé avec l'affaiblissement du pouvoir central suite au soulèvement contre l'ex-président Saleh.
"Revendications légitimes"
Dans un discours diffusé par la chaîne de télévision Al-Masirah contrôlée par les rebelles, Abdel Malek al-Houthi s'est dit ouvert à "toute médiation pour une solution politique qui ne mette pas en péril la souveraineté nationale, ne légalise pas l'agression et ne porte pas atteinte à la révolution et à ses revendications légitimes".
Il n'a pas accédé ainsi à la demande principale du gouvernement reconnu par la communauté internationale, qui exige l'application de la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'Onu.
Ce texte somme les rebelles de se retirer de toutes les zones qu'ils ont conquises depuis un an et de remettre les armes prises à l'armée.
Après Sanaa, les houthis ont étendu leur contrôle sur le Yémen, atteignant assez rapidement la ville d'Aden (sud) et poussant le président Hadi à se réfugier en Arabie saoudite fin mars.
C'est à ce moment là qu'une coalition d'une dizaine de pays arabes emmenée par Riyad a lancé une campagne aérienne contre les insurgés, qui se double aujourd'hui d'une offensive terrestre dans la province de Marib, à l'est de Sanaa.
Cet été, les forces progouvernementales ont reconquis cinq provinces du sud, dont celle d'Aden.
La coalition continue d'amasser des forces terrestres dans la province de Marib, avec l'intention de marcher sur la capitale.
L'entreprise est risquée. La coalition a ainsi perdu dans une seule attaque de missile le 4 septembre 52 soldats des Emirats arabes unis, 10 d'Arabie saoudite et cinq de Bahreïn.
Faute d'engager une offensive d'envergure en direction de Sanaa, la coalition multiplie les raids aériens et pilonne à l'artillerie les positions des rebelles dans la province de Marib.
Ces opérations ont fait 18 morts dans les rangs rebelles ces dernières 24 heures, ont affirmé lundi des sources militaires.
La population yéménite est la principale victime du conflit. Depuis mars, les raids aériens et les combats au sol font en moyenne 30 morts et 185 blessés par jour, dont de nombreux civils, selon l'Onu qui dénonce une "catastrophe humanitaire".
Pour mémoire
Le CICR suspend temporairement ses opérations à Aden
"le 1er anniversaire", mais assurément le dernier !
16 h 14, le 22 septembre 2015