La Hongrie a acheté des espaces publicitaires dans des journaux au Liban pour avertir les candidats à l'émigration qu'ils risquaient la prison s'ils tentaient d'entrer illégalement sur son territoire.
"Les Hongrois sont hospitaliers, mais les mesures les plus sévères possibles sont prises contre ceux qui tentent d'entrer en Hongrie illégalement", prévient le texte de la publicité publiée lundi en langue arabe et anglaise par trois quotidiens locaux, dont L'Orient-Le Jour.
Le Liban accueille plus de 1,1 million de Syriens, sur les 4 millions qui ont fui leur pays depuis 2011 en vue de rejoindre l'Europe, un continent qui fait face à sa pire crise migratoire depuis la Seconde guerre mondiale.
"Traverser illégalement la frontière du pays est un crime passible de prison", ajoute le message signé du gouvernement hongrois. "N'écoutez pas les trafiquants d'êtres humains. La Hongrie ne permettra pas aux immigrants illégaux de traverser sa frontière", conclut-il.
L'appel contraire de MSF
C'est un autre message que l'organisation Médecins sans frontière (MSF) a voulu faire passer lundi dans les pages de trois journaux, appelant au contraire l'Europe à ouvrir ses frontières. Cette lettre a été publiée dans les quotidiens Al-Hayat, Al-Quds et Daily Star, assortie de la photo d'un gilet de sauvetage orange fluo devenu le symbole du dangereux périple effectué par des milliers de migrants dans l'espoir d'une vie meilleure.
"Les politiques de dissuasion ( de l'Europe) ont transformé un afflux prévisible et gérable de personnes fuyant pour leur survie en une tragédie humaine", soutient l'organisation.
La seule solution est de garantir aux migrants "un passage sûr et légal et non de publier des publicités pour les repousser", souligne à l'AFP Aurelie Pontie, coordinatrice MSF pour les déplacements.
"Pendant que les gouvernements européens utilisent des espaces publicitaires dans le monde arabe pour envoyer des messages dissuasifs aux réfugiés et aux migrants, MSF utilise les mêmes canaux cette semaine pour rappeler publiquement les leaders européens à leurs responsabilités", poursuit-elle.
La Hongrie, partisane d'une ligne dure contre les migrants et pays de transit en Europe centrale avec plus de 200.000 passages depuis janvier, s'est barricadée derrière des barbelés, poussant les migrants à chercher d'autres voies d'entrée dans l'UE, notamment par la Croatie.
La Hongrie suit l'exemple du Danemark qui, le 7 septembre, avait également publié des encarts pour avertir les candidats à l'émigration qu'il avait durci les conditions d'installation sur son territoire.
Vendredi, un organisme danois de contrôle de l'action publique a annoncé l'ouverture d'une enquête pour information trompeuse après la publication de ces encarts. Le directeur de cet organisme chargé de vérifier la conformation des pouvoirs publics aux lois nationales a mis en demeure le gouvernement de s'expliquer sur cette campagne d'information. Considérées séparément, les publicités diffusées "sont factuellement correctes" mais leur combinaison présenterait "une image fausse" de la politique d'immigration danoise, "en particulier aux réfugiés syriens", a écrit Jorgen Steen Sorensen dans un communiqué. "Si tel est le cas, les réfugiés pourraient avoir été convaincus, sur de faux postulats, de ne pas demander asile au Danemark", a-t-il ajouté.
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commentaires (3)
XÉNOPHOBIE ! Quand tu les tiens !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
18 h 26, le 22 septembre 2015