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Liban - L’éclairage

En dépit de tout, un léger vent d’optimisme

L'arrivée en masse des migrants syriens en Europe n'est pas sans susciter de grosses appréhensions de la part des pays de l'Union européenne et des États-Unis, focalisés désormais autant sur la question des réfugiés que sur la lutte contre Daech, selon des observateurs basés à Paris. De l'image-icône du petit Aylan Kurdi, échoué sur les côtes turques, au spectacle peu honorable de la journaliste d'extrême droite Petra Laszlo, filmée en train de molester les réfugiés en Hongrie, la planète occidentale est en émoi. Et la situation ne peut qu'empirer si la communauté internationale ne se livre pas à un forcing pour régler la crise régionale, à commencer par le conflit syrien, seule manière de traiter le problème à sa source.

C'est dans ce cadre que s'inscrit la visite-éclair au Liban du Premier ministre britannique, David Cameron, qui reflète bien la confusion européenne face à la crise des réfugiés syriens. Cette visite intervient avant la réunion du Groupe d'aide au Liban, prévue le 30 septembre à New York, et qui devrait servir de point de départ à des visites de responsables politiques occidentaux à Beyrouth. Une feuille de route devrait être établie, durant cette réunion, pour aider le pays du Cèdre à sortir de sa crise, après que le Premier ministre Tammam Salam eut notifié son homologue David Cameron que les aides étrangères prévues pour aider Beyrouth n'ont toujours pas été entièrement délivrées et que le pays est incapable, avec l'aide dont il bénéficie, de faire face à la crise des réfugiés.

Cette focalisation sur les conséquences de la crise syrienne fait que l'attention de la communauté internationale n'est pas centrée actuellement sur la crise libanaise et l'élection présidentielle. L'attitude de certaines parties libanaises, qui ont raté le coche de la libanisation de l'échéance présidentielle en boycottant les séances électorales, n'est pas sans susciter l'étonnement de certaines capitales occidentales. Qui plus est, ce boycott a été mené sous des slogans étranges et injustifiés, soulignent des sources diplomatiques, qui ne sont guère convaincues par toutes les manœuvres visant au blocage de la présidentielle.

Selon l'un des participants au premier round de la table de dialogue, la semaine dernière, l'intervention du député Mohammad Raad à cette occasion a révélé avec beaucoup de franchise la vérité concernant l'obstruction de l'élection présidentielle, lorsqu'il a exprimé devant tous les pôles que son parti n'était pas prêt à négocier sur cette échéance pour l'instant. Selon M. Raad, si le 14 Mars souhaite que l'élection ait lieu sans plus tarder, il devra s'accommoder du général Michel Aoun, qui bénéficie du soutien du parti parce qu'il est le candidat chrétien le plus fort. Aussi bien Nabih Berry que Walid Joumblatt s'accordent sur le fait que le comportement de certains chefs politiques a fait perdre au Liban sa seule opportunité de libaniser l'échéance présidentielle. Les différentes parties politiques sont désormais incapables de mener à bien cette échéance constitutionnelle et attendent, pour reprendre l'expression de M. Joumblatt, un « nouveau Doha » dans une capitale arabe pour s'entendre sur le nouveau chef de l'État dans le cadre d'un package deal global. L'initiative Berry pourrait servir ultérieurement de cadre idéal pour trouver une solution à la crise et même servir de modèle pour une solution en Syrie, de la même manière que l'accord de Taëf serait le modèle de règlement des crises de la région, dans la mesure où il assure une participation des composantes politiques aux prises de décision. En dépit des rumeurs concernant une nouvelle physionomie de la région, les frontières de Sykes-Picot resteront en vigueur, sans changement, avec des variations dans le modèle d'État (fédéralisme, systèmes de divisions en provinces, etc.).

En l'absence de perspectives de solutions à la crise libanaise pour l'instant, quel sera donc l'objectif de la visite du président français François Hollande à Beyrouth, au terme de l'Assemblée générale de l'Onu à New York, où il rencontrera Tammam Salam ? Le président français sera-t-il porteur d'une surprise ou d'un plan ? Annoncera-t-il quelque chose d'important lié au Liban ? Se dirige-t-on vers une fin de crise ? Des sources diplomatiques tempèrent cet optimisme. « Il n'y a pas de signes à l'horizon d'une progression au niveau du déblocage de l'échéance présidentielle », précisent-elles. Or la visite de M. Hollande présente le hic suivant : il n'a pas actuellement d'homologue à rencontrer à Beyrouth. De plus, il serait pour le moins étrange qu'un chef d'État français se déplace au Liban sans que sa visite ne soit ponctuée de résultats tangibles à plus d'un niveau. Paris n'a-t-il pas déjà échoué à convaincre Téhéran de débloquer l'élection présidentielle, sans résultats ? Que peut donc offrir le président français de plus à ce niveau ? Après tout, l'ensemble de la communauté internationale n'est-elle pas déjà au courant que pour aider politiquement le Liban, il est nécessaire de faire pression sur l'Iran pour qu'il cesse de bloquer la présidentielle ?

En dépit de tout, certains milieux politiques estiment que des signaux positifs pointent quand même à l'horizon et pourraient déboucher sur une solution à la crise syrienne. Le déploiement militaire russe en Syrie en fait partie, par exemple. De même, le mouvement de protestation sociale, la table de dialogue et le blocage institutionnel intégral devraient précipiter une solution à la crise libanaise, de sorte qu'elle survienne en même temps que le règlement du conflit syrien.

L'arrivée en masse des migrants syriens en Europe n'est pas sans susciter de grosses appréhensions de la part des pays de l'Union européenne et des États-Unis, focalisés désormais autant sur la question des réfugiés que sur la lutte contre Daech, selon des observateurs basés à Paris. De l'image-icône du petit Aylan Kurdi, échoué sur les côtes turques, au spectacle peu honorable de...

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