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À La Une - Crise

Le petit Aylan inhumé à Kobané, l'UE tente de répondre à la crise des migrants

"Face à l'ampleur de la crise et à la souffrance des gens, je peux annoncer aujourd'hui que nous ferons davantage, en accueillant des milliers de réfugiés syriens supplémentaires", promet Cameron.

L'inhumation du petit Aylan Kurdi a eu lieu vendredi dans la ville syrienne de Kobané (nord), en présence de centaines de personnes qui ont accompagné de leurs pleurs le père du garçonnet. AFP PHOTO / ANHA

Aylan, le petit Syrien mort noyé en tentant de fuir la guerre, a été enterré vendredi avec sa famille, mais ce drame symbolique de la crise migratoire n'a pas fait taire les divergences entre Européens.

L'inhumation a eu lieu dans la ville syrienne de Kobané (nord), en présence de centaines de personnes qui ont accompagné de leurs pleurs le père du garçonnet. Il enterrait également le grand frère d'Aylan et la mère des enfants, tous morts noyés en tentant de gagner l'île grecque de Kos, porte d'entrée vers l'Union européenne, depuis la Turquie.

Neuf autres réfugiés syriens sont morts dans le naufrage de l'embarcation en pleine nuit. L'émotion suscitée par ce nouveau drame des migrants --la photo du cadavre d'Aylan, le visage enfoui dans le sable d'une plage turque, fait la Une des médias et des réseaux sociaux depuis 48 heures-- a ému jusqu'au Premier ministre britannique, jusqu'ici inflexible sur l'immigration.

"Face à l'ampleur de la crise et à la souffrance des gens, je peux annoncer aujourd'hui que nous ferons davantage, en accueillant des milliers de réfugiés syriens supplémentaires", a promis à Lisbonne David Cameron, alors que son pays n'a octroyé l'asile qu'à 219 Syriens depuis mars 2014. "Le défi auquel l'Union européenne fait face sur la question de l'immigration et de ces réfugiés chaque jour plus nombreux est bien plus important" que la crise grecque, a même lancé le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier à son arrivée vendredi à Luxembourg pour une réunion des chefs de la diplomatie de l'UE.

La situation s'est encore tendue vendredi en Hongrie, où 300 migrants se sont évadés d'un camp de premier accueil situé près de la frontière serbe à Röszke, poussant Budapest à fermer provisoirement et partiellement ce poste-frontière autoroutier. Par ailleurs, plusieurs centaines de migrants ont décidé de partir à pied de la gare de Budapest "pour l'Autriche", distante de 175 km.

 

(Lire aussi : "Mes enfants m'ont glissé des mains" : le père du petit Aylan raconte)

 

Division ou unité

Les Européens sont sous pression pour faire preuve de solidarité et d'humanité. Pour M. Steinmeier, "l'Europe n'a pas le droit de se diviser face à un tel défi". "Les récriminations ne vont pas aider à ce que le problème devienne contrôlable", a-t-il martelé.

Les divergences au sein de l'Union, "entre l'Est et l'Ouest", selon le président du Conseil européen Donald Tusk, révèlent un continent déchiré entre la fermeté face à l'afflux massif de déplacés à ses frontières extérieures et les appels à la solidarité. "Nous vivons un moment de vérité dans l'Histoire européenne. Nous pouvons réussir, ensemble et unis, ou nous pouvons échouer chacun à sa propre façon, dans son propre pays, ou sur ses propres îles", a abondé le numéro deux de la Commission européenne, Frans Timmermans, en visite à Kos.

Face à cette crise sans précédent, la Commission européenne va proposer aux 28 Etats membres de l'UE de partager l'accueil de 120.000 réfugiés arrivés récemment en Grèce, en Hongrie et en Italie. Un effort immédiatement jugé insuffisant par l'Onu. Son haut-commissaire pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres, demande aux Européens de se partager l'accueil d'au moins 200.000 personnes.

L'Allemagne, qui va recevoir un nombre record de 800.000 demandes d'asile cette année, et la France, ont aussi estimé qu'il fallait mieux répartir les réfugiés au sein de l'UE, la chancelière allemande Angela Merkel décrivant un système de "quotas contraignants". Mais ce sujet est tabou dans plusieurs pays de l'Est de l'Europe, qui se sont ligués cet été pour bloquer une proposition de la Commission européenne pour répartir en urgence un premier contingent de 40.000 réfugiés. Un accord a minima, sur la réinstallation de 32.000 réfugiés arrivés en Grèce et en Italie au printemps, a finalement été conclu mais il n'est toujours pas mis en œuvre. Les quatre pays les plus récalcitrants, Hongrie, République tchèque, Slovaquie et Pologne, se réunissaient de leur côté vendredi à Prague pour préparer leur riposte.

 

(Lire aussi : Un milliardaire égyptien veut acheter une île en Méditerranée pour accueillir les réfugiés)

 

Compensations financières ?

En outre, le président de la Commission étudie aussi l'éventualité de demander des compensations financières - pour une durée limitée et "des raisons objectives" - aux pays qui refuseraient d'accueillir des réfugiés sur leur sol, selon une source européenne.

Les ministres des Affaires étrangères français, italien et allemand vont plaider à Luxembourg en faveur d'une refonte du droit d'asile, qu'ils jugent dépassé, et une répartition équitable des migrants dans l'UE.
"Nous allons concentrer notre travail surtout sur les pays tiers d'origine et de transit des pays", a expliqué la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, en arrivant à la réunion.

Les Européens savent qu'il faut s'attaquer aux origines de la crise actuelle, à savoir la sanglante guerre civile en Syrie, et espèrent qu'un gouvernement d'unité nationale en Libye, actuellement en pourparlers, stoppera le chaos politique et sécuritaire qui pousse les Libyens à l'exil. Plus de 300.000 personnes ont traversé la Méditerranée depuis le début de l'année, et plus de 2.600 sont morts en effectuant ce périple, selon le HCR.

 

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