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Moyen Orient et Monde - Interview express

À Damas, l’EI applique sa tactique habituelle de grignotage face aux rebelles

Trois questions à... Thomas Pierret, maître de conférences à l'Université d'Edimbourg et spécialiste de l'islam et de la Syrie.

Des combattants de l’État islamique dans les rues du quartier al-Kadam à Damas. Capture d’écran

Depuis plusieurs jours, des affrontements opposent le groupe État Islamique (EI) à des rebelles islamistes dans la banlieue de Damas. Deux quartiers sont particulièrement concernés : al-Kadam et al-Assali. D'après Rami Abdel Rahman, le directeur de l'Observatoire des droits de l'homme (OSDH), « c'est le point le plus proche du cœur de la capitale atteint par l'EI » jusqu'ici. Une source de sécurité syrienne a confirmé des combats au sud de la capitale. « Nous sommes très contents qu'ils se battent entre eux, mais nous sommes très vigilants afin de réagir s'ils avançaient vers les secteurs tenus par le gouvernement », a-t-elle dit à l'AFP.
En attendant, certaines sources font état d'un siège « total » d'al-Kadam, tenu pour l'instant par Ajnad al-Cham, par l'EI, qui cherche à affermir sa présence à Damas. Selon un militant antirégime, les tensions auraient éclaté après la tentative d'assassinat (par l'EI) qui a visé Abou Malek al-Chami, le chef d'Ajnad al-Cham dans le sud de Damas, alors que des pourparlers étaient en cours entre les deux camps. Cependant, il n'est pas sûr que les rebelles islamistes puissent tenir longtemps face à l'EI.

Que sait-on des rebelles islamistes d'Ajnad el-Cham?
C'est le deuxième groupe rebelle dans la banlieue de Damas, après Jaych el-islam (Armée de l'islam). Ses origines remontent au tout début de l'insurrection contre le régime (de Bachar el-Assad), c'est l'un des tout premiers groupes rebelles à être apparus dans la région. Il a une certaine particularité : c'est l'une des rares factions rebelles syriennes relativement importante et d'obédience islamiste, qui ne soit pas salafiste. C'est un groupe qui est plutôt issu de l'islam traditionnel syrien, damascène en particulier, avec des orientations politiques comparables à celles des Frères musulmans.


(Lire aussi : L'Armée de l'islam dans l'attente du feu vert pour lancer la bataille de Damas)

 

En quoi les combats actuels sont-ils différents de ceux qui ont déjà eu lieu dans les banlieues damascènes, dès le début du conflit ?
Ce qui se passe n'est pas réellement nouveau. Il s'agit d'un combat entre l'État islamique et d'autres groupes rebelles, ce que l'on observe depuis un peu plus d'un an. L'EI avait des cellules dans la banlieue orientale de Damas qui ont été détruites par l'action combinée des autres groupes rebelles. Le groupe extrémiste a conservé un bastion au sud de Damas, dans le quartier de Hajar el-Aswad. À partir de là, il mène des offensives comme celle qui a visé le camp de Yarmouk (en avril), et vise les groupes rebelles qui opèrent dans la région et qui tentent d'étouffer le plus rapidement possible les cellules de l'EI avant qu'elles ne croissent.


(Lire aussi : Nouvelles craintes pour Palmyre après le dynamitage d'un temple par l'EI)

 

Pourquoi l'EI n'attaque-t-il pas les quartiers sous contrôle du régime et pourquoi ce dernier se contente-t-il d'observer les affrontements, sans rien faire ?
C'est une question de rapport de forces, et il s'agit de resituer ce qu'est un rapport de forces à Damas. L'EI doit avoir quelques centaines de combattants au sud de la capitale. De l'autre côté du périphérique, les quartiers centraux de Damas sont défendus par ce qui est de loin le plus important contingent de l'armée syrienne. (Il s'agit dans ce cas) de plusieurs dizaines de milliers d'hommes, avec les meilleurs équipements de l'armée. L'EI n'est absolument pas en mesure d'essayer de franchir le périphérique, de s'attaquer aux quartiers tenus par le régime, il n'a aucune chance. Face à cela, il applique sa tactique traditionnelle. Il commence par grignoter les territoires tenus par les autres rebelles, d'essayer de détruire ces groupes, puis de construire une base dans les régions conquises.
De son côté, le régime n'a pas à faire grand-chose puisque les combats ont lieu dans des zones qui échappent déjà à son contrôle. Évidemment, donc, l'intérêt le plus strict du régime dans ce genre de configuration est de les laisser se combattre entre eux.

 

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commentaires (1)

Daech déjà tant près de Damas ! Comment ces démons ont-ils pu avancer tant ? Comment arrivent-ils à faire face partout à toutes les autres forces rebelles et islamistes ? C'est incroyable !!

Halim Abou Chacra

10 h 44, le 01 septembre 2015

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Daech déjà tant près de Damas ! Comment ces démons ont-ils pu avancer tant ? Comment arrivent-ils à faire face partout à toutes les autres forces rebelles et islamistes ? C'est incroyable !!

    Halim Abou Chacra

    10 h 44, le 01 septembre 2015

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