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À La Une - Procès

Egypte : trois ans de prison ferme pour les journalistes d'Al-Jazeera

La chaîne qatarie dénonce "une attaque contre la liberté de la presse"

Arrêtés en décembre 2013, l'Australien Peter Greste, le Canadien Mohamed Fahmy et l'Egyptien Baher Mohamed sont accusés d'avoir "diffusé de fausses informations" pour soutenir les Frères musulmans. AFP PHOTO / KHALED DESOUKI

Un tribunal du Caire a condamné samedi à trois ans de prison ferme trois journalistes de la chaîne qatarie Al-Jazeera, malgré les appels de la communauté internationale à clore cette affaire qui a mis dans l'embarras le pouvoir égyptien.

L'Australien Peter Greste, le Canadien Mohamed Fahmy et l'Egyptien Baher Mohamed ont été reconnu coupable par la cour d'avoir "diffusé de fausses informations" et travaillé au Caire sans les autorisations nécessaires.
La justice égyptienne considère qu'ils ont soutenu dans leur couverture médiatique les Frères musulmans, la confrérie de l'ex-président islamiste Mohamed Morsi, destitué par l'armée en 2013.

MM. Fahmy et Mohamed étaient présents au tribunal et ont été arrêtés après le verdict, devant une assistance sous le choc. M. Greste était jugé par contumace, après avoir été expulsé vers l'Australie en février en vertu d'un décret présidentiel.

L'avocate de M. Fahmy, Amal Clooney, a indiqué aux journalistes qu'elle allait rencontrer des responsables du gouvernement pour demander une grâce présidentielle et l'expulsion de son client.
Le journaliste, qui détient la nationalité canadienne, a renoncé à sa citoyenneté égyptienne pour pouvoir être expulsé comme son collègue australien. Sans succès pou l'instant.

"C'est un précédent dangereux en Egypte, (de voir) que des journalistes peuvent être emprisonnés simplement pour rapporter des informations et que les tribunaux peuvent être utilisés comme des instruments politiques", a lancé Mme Clooney.

"Je suis choqué, terriblement choqué", a de son côté déclaré à l'AFP le frère de M. Fahmy, Adel. "Nous attendions un acquittement et nous nous retrouvons bloqués encore une fois dans cette affaire. C'est illogique".

Le directeur exécutif d'Al-Jazeera English a immédiatement qualifié, à l'antenne, la condamnation des journalistes de "scandaleuse et répugnante".
Dans un communiqué, la chaîne qatarie a considéré qu'il s'agissait d'"une attaque délibérée contre la liberté de la presse" et d'un "jour noir pour la justice égyptienne", fustigeant une affaire "totalement politisée.

Lors d'un premier procès en juin 2014, M. Fahmy et M. Greste avaient écopé de sept ans de prison et M. Mohamed de dix ans. Mais la Cour de cassation avait annulé les condamnations des journalistes employés par l'antenne anglophone d'Al-Jazeera, ordonnant un nouveau procès.
En février, à l'ouverture de ce nouveau procès, M. Fahmy et M. Mohamed avaient été remis en liberté conditionnelle après plus de 400 jours de détention.

 

(Lire aussi : L'Allemagne retient un journaliste vedette d'al-Jazeera recherché par l’Égypte)

 

'Affront à la justice'
Amnesty International a condamné dans un communiqué "un affront à la justice qui sonne le glas de la liberté d'expression en Egypte", fustigeant une affaire "politisée".

En prononçant son verdict, le juge Hassan Farid a affirmé que les trois hommes "n'étaient pas des journalistes" car ils n'étaient pas enregistrés comme tel auprès des autorités compétentes.
Ils ont été condamnés pour avoir travaillé au Caire et utilisé du matériel de diffusion sans les autorisations nécessaires. MM. Fahmy et Greste avaient été interpellés en décembre 2013 dans une chambre d'hôtel de la capitale égyptienne qu'ils avaient transformé en bureau.

Mais M. Fahmy, qui par le passé a notamment travaillé pour la chaîne américaine CNN, affirme qu'ils ignoraient que leur employeur n'avait plus les autorisations requises et que la direction ne les a jamais mis au courant. Il avait par ailleurs expliqué qu'un comité technique chargé par la cour d'analyser leurs vidéos avait exclu toute "falsification".

Les peines initiales des journalistes avaient suscité une pluie de critiques internationales, notamment de la part de Washington et de l'Onu.
Le président Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée architecte de la destitution de M. Morsi, avait reconnu qu'il aurait mieux valu expulser les reporters plutôt que de les juger.

L'affaire avait débuté en pleine crise entre l'Egypte et le Qatar, à couteaux tirés depuis l'éviction de M. Morsi.
Le Caire reprochait à Doha de soutenir les Frères musulmans, notamment via Al-Jazeera, dont les antennes arabophones ont dénoncé la destitution de M. Morsi et la sanglante répression qui s'est abattue sur ses partisans et a fait plus de 1.400 morts.

Par ailleurs, trois co-accusés égyptiens des journalistes ont écopé de 3 ans de prison, tandis que deux autres ont été acquittés. Ils étaient jugés pour appartenance aux Frères musulmans et pour avoir cherché à "nuire à l'image de l'Egypte".
Selon le Committee to Protect Journalists (CPJ), au moins 18 journalistes, essentiellement accusés d'appartenir aux Frères musulmans, sont derrière les barreaux en Egypte.

 

 

 

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