Le Conseil des ministres a annulé hier les résultats de l'appel d'offres pour la gestion des déchets, et accordé 100 millions de dollars au développement du Akkar, une somme étalée sur trois ans, en échange de l'utilisation d'un site de ce caza comme décharge d'ordures ménagères, les montagnes d'ordures de Beyrouth et du Mont-Liban devant commencer à être ramassées par Sukleen.
La séance a été marquée par une confrontation entre Tammam Salam, appuyé par les ministres du Futur, des Kataëb, du PSP et du Rassemblement consultatif, d'une part, et les ministres du CPL et du Hezbollah, d'autre part.
En ouverture de séance, M. Salam a précisé que la réunion sera consacrée à la catastrophe des déchets, et qu'il est disposé à examiner toute autre question, ultérieurement.
« Nous ne sommes pas hostiles au règlement de la crise des déchets, ont répondu les ministres opposants, mais la priorité va à la question du partenariat, auquel le Premier ministre a porté atteinte en contresignant et faisant paraître au JO 70 décrets sans notre accord. » Et les ministres de réclamer l'annulation de ces décrets.
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Décrets anodins
En échange, M. Salam a précisé qu'il s'agit de décrets anodins, sans portée politique et servant des intérêts ordinaires et qu'il est disposé à en discuter ultérieurement, bien qu'ils aient été publiés au JO. Sur ce, les ministres du PSP ont demandé que les questions politiques soient examinées en dehors du Conseil des ministres, soulignant en outre que les institutions sont nécessaires pour actualiser tout changement, et qu'en attendant l'élection d'un chef de l'État, le Conseil des ministres est indispensable.
Un vif échange verbal a suivi, opposant le ministre Achraf Rifi à ses collègues du Hezbollah. Le ministre de la Justice a reproché à ce parti d'avoir été le premier à porter atteinte au partenariat, quand il a torpillé le gouvernement de Saad Hariri. Il l'a accusé d'être derrière les agitateurs qui s'infiltrent parmi les manifestants, estimant que du point de vue de la sécurité, le Hezbollah contrôle la scène chiite, et rappelant le précédent du 7 mai 2008. « Personne ne saurait nous imposer de force, sous la pression de la rue ou des armes, un président », a-t-il martelé.
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Pour sa part, Sejean Azzi (Kataëb) devait affirmer « qu'il refuse d'examiner tout autre dossier avant celui des déchets ». Approuvé par plusieurs ministres, dont Nabil de Freige, M. Azzi a ajouté que la durée du contrat proposé aux sociétés de traitement devrait être de 15 et non de 7 ans, conformément à une proposition de parti Kataëb remontant à novembre 2015. M. Azzi a ajouté que le CPL a porté atteinte au partenariat quand il a commencé à refuser d'assister aux réunions du Parlement pour l'élection d'un nouveau président.
Reprenant la parole, M. Salam, approuvé par 16 ministres, a insisté sur la priorité à donner au ramassage des ordures, passant outre aux menaces de M. Bassil affirmant que « cette décision de nous ignorer (en annulant les 70 décrets) est sans pareille et pave la voie à une révolution ».
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« Objection à une mascarade »
Les ministres du CPL et du Hezbollah devaient se retirer de la séance peu après la décision d'accorder 100 millions de dollars au Akkar. Ce retrait a été présenté comme « une objection à la mascarade du règlement du problème des déchets ».
Après leur départ, et après avoir entendu les explications de Mohammad Machnouk, sur la recommandation de ce dernier, le Conseil des ministres a décidé d'annuler les résultats de l'appel d'offres, proposant que les candidats soient plus nombreux pour faire baisser les prix.
À l'ordre du jour du Conseil des ministres qui se tient demain figurera la question des traitements des fonctionnaires.
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commentaires (6)
AU GOUVERNEMENT... ON COMMENCE À PERDRE LES NERFS ! ET LORSQU'ON LES PERD ON N'ÉVALUE PLUS MAIS ON SAUTE SUR DES DÉCISIONS ERRONNÉES !!!
LA LIBRE EXPRESSION
18 h 43, le 26 août 2015