Rechercher
Rechercher

Campus - Dans nos archives

L’âge d’or du mouvement estudiantin à l’UL au début des années 70

Le 14 janvier 1972.

Il est indéniablement utile, et souvent plaisant, d'embarquer dans une machine à remonter le temps et de se replonger dans le contexte politique et social des années ayant précédé le déclenchement de la guerre libanaise. Cette gymnastique intellectuelle est plus particulièrement instructive en ce qui concerne le cas spécifique du mouvement estudiantin. Un parallèle entre la phase du début des années 70 – l'âge d'or, pratiquement, du mouvement estudiantin au Liban – et la période actuelle, plus précisément l'étape qui a suivi la fin « officielle » de la guerre, est, à n'en point douter, riche en leçons.
Dans le but de faire la lumière sur la longue évolution de la vie universitaire dans le pays et les profondes mutations qui l'ont marquée, L'Orient-Le Jour se propose, en prenant pour point de départ le début des années 70, de faire revivre cette époque antérieure au déclenchement du conflit libanais, en ressortant de ses archives les informations portant sur l'actualité estudiantine de cette période.
Afin d'opérer ce parallèle, un rapide survol de la réalité présente s'impose. Avant le déclenchement de la révolution du Cèdre, au printemps 2005, le mouvement estudiantin était réduit à sa plus simple expression. La seule action sérieuse et palpable était alors enclenchée à la rue Huvelin, au campus de la faculté de droit et de sciences politiques de l'Université Saint-Joseph, où un groupe d'étudiants engagés se livrait à des initiatives ponctuelles, limitées dans le temps et l'espace. La motivation était alors principalement d'ordre existentiel et revêtait un caractère national, politique dans son essence. Le leitmotiv était la dénonciation de l'occupation syrienne et le rejet de l'aliénation de la décision libanaise. Le nerf de cette action n'était donc pas axé sur des revendications estudiantines spécifiques.
Ce schéma de politisation à outrance, qui balaye le volet des doléances purement estudiantines, s'est maintenu après l'intifada de l'indépendance, en 2005. Tant à l'Université Saint-Joseph qu'à l'Université américaine, ou aussi à la NDU et à la LAU, des élections sont, certes, organisées régulièrement (avec une interruption à l'USJ il y a deux ans), mais leur enjeu porte essentiellement sur le bras de fer politique entre les deux camps du 14 et du 8 Mars. Quant à l'Université libanaise, les élections sont pratiquement suspendues depuis de nombreuses années. Pourtant, avant la guerre libanaise, les élections estudiantines pour la désignation des délégués dans les différentes facultés et d'une Union à l'échelle de l'UL (l'Union nationale des étudiants de l'Université libanaise, UNEUL) avaient fini par revêtir une dimension nationale et pesaient de tout leur poids sur la conjoncture du moment dans le pays. Certes, ces élections reflétaient le clivage politique en vigueur au début des années 70 à l'UL, plus précisément le clivage entre l'Union de la gauche (regroupant notamment le Parti communiste, le PSP et l'Organisation de l'action communiste au Liban, OACL, sous la conduite de Mohsen Ibrahim), les partis chrétiens (Kataëb, PNL et Bloc national) ainsi que le Mouvement de l'Éveil – Front de la jeunesse libanaise qui représentait au sein de l'université un puissant courant centriste conduit par Issam Khalifé et un groupe de jeunes étudiants engagés (Antoine Seif, Georges Doumet, Antoine Abi Saleh, qui constitueront par la suite le noyau de l'actuel Mouvement culturel d'Antélias).
Si le mouvement estudiantin d'avant-guerre était ainsi marqué par ce clivage politique entre les forces de gauche, de droite et le courant centriste, il n'en demeure pas moins que l'enjeu portait sur des revendications non pas politiques (dans le sens national du terme, comme c'est le cas actuellement), mais en rapport direct avec la vie universitaire, notamment la création de facultés de sciences appliquées à l'UL (médecine, génie, agronomie, pharmacie...), la démocratisation de l'enseignement, le développement de l'enseignement technique, etc. Le mouvement estudiantin qui tournait autour de ces doléances se manifestait, dans la pratique, par les élections dans les universités, notamment à l'UL, et surtout par des manifestations de masse qui paralysaient souvent le centre-ville de Beyrouth.
Dans le cadre de ce retour à la vie universitaire du début des années 70, nous rapportons aujourd'hui les informations relatives au climat dans lequel se sont déroulés les préparatifs des élections estudiantines à l'UL en janvier 1972. Des élections qui ont été suivies dans le courant de cette même année par d'importantes manifestations placées sous le signe de la réalisation des revendications susmentionnées.

Il est indéniablement utile, et souvent plaisant, d'embarquer dans une machine à remonter le temps et de se replonger dans le contexte politique et social des années ayant précédé le déclenchement de la guerre libanaise. Cette gymnastique intellectuelle est plus particulièrement instructive en ce qui concerne le cas spécifique du mouvement estudiantin. Un parallèle entre la phase du...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut