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À La Une - crise

Compte à rebours pour l'avenir de la Grèce dans l'euro, la dette sur la table

Une manifestation pour défendre le maintien du pays dans l'euro prévue jeudi soir devant le Parlement à Athènes.

Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, doit faire parvenir aux créanciers du pays (UE et FMI) avant jeudi minuit (22H00 GMT) de nouvelles propositions de réformes. REUTERS/Alkis Konstantinidis

La Grèce, encouragée par une apparente ouverture des Européens sur la question de la dette, finalisait jeudi un nouveau programme de réformes avec lequel elle espère les convaincre de reprendre leur aide et de la garder dans la zone euro.

Après une escalade de propos alarmistes en début de semaine, Athènes a récolté plusieurs signes encourageants dont un appel du président du Conseil européen, Donald Tusk, en faveur de propositions "réalistes" des créanciers sur l'épineuse question de la dette grecque, cruciale pour le gouvernement Tsipras.
Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, doit faire parvenir aux créanciers du pays (UE et FMI) avant jeudi minuit (22H00 GMT) de nouvelles propositions de réformes. A offre satisfaisante des Grecs, bonne volonté des créanciers sur le règlement de l'énorme dette publique du pays, qui atteint 320 milliards d'euros, soit 180% du PIB, semble dire M. Tusk.

Cette question divise le FMI et les Européens, parmi lesquels certains pays, comme l'Allemagne, ont régulièrement affirmé leur refus de faire un geste dans l'immédiat.
"Le FMI ne peut pas accorder de délai de paiement à la Grèce sous peine de violer ses règles concernant les pays ayant fait défaut sur leur dette, a estimé son chef économiste Olivier Blanchard jeudi. "Quand un pays est en arriérés de paiement, nous ne pouvons plus lui accorder de prêts sous aucune manière, forme ou moyen et un report (des remboursements) est une forme de prêts", a déclaré M. Blanchard en présentant les nouvelles prévisions économiques du FMI.
Mercredi, la directrice générale du FMI Christine Lagarde avait jugé "nécessaire" un allègement de dette que son institution a défendu à plusieurs reprises.

"Le sentiment est que le dialogue est noué ou renoué, qu'il y a une issue", a fait valoir le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. Le Premier ministre français, Manuel Valls, avait salué la veille une "réelle volonté d'avancer et de réformes" et le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, un changement de ton "positif".
Alexis Tsipras s'est entretenu jeudi avec le président français François Hollande.
Les pays tenants d'une ligne dure, notamment l'Allemagne, se sont abstenus de commentaires pessimistes.


(Lire aussi : Un financier australien tend la main au retraité grec en pleurs, ami de son père)


Tsipras, éternel optimiste
Les hauts et les bas des discussions entre Athènes et ses créanciers sont suivis avec inquiétude dans une Grèce aux banques fermées depuis dix jours.
"Je veux un accord et peu importe s'il contient des mesures d'austérité, ce sera toujours mieux qu'un retour à la drachme", plaidait à Athènes Stefanos, un chômeur de 32 ans, pessimiste sur les possibilités de compromis.
Une manifestation pour défendre le maintien de la Grèce dans l'euro était prévue jeudi soir devant le parlement à Athènes.

Car le "scénario noir", une exclusion du pays de la monnaie unique, n'est plus tabou. Si certains analystes estiment que l'impact économique pour la zone euro en serait limité, le FMI a souligné mercredi que la récente hausse des taux d'intérêts sur la dette de "certains pays de la zone euro" pourrait annoncer des troubles plus importants.
Une fois connues les propositions de réformes de la Grèce, elles seront étudiées par les créanciers puis soumises samedi aux ministres des Finances de la zone euro, avant un sommet extraordinaire des 28 pays de l'Union européenne convoqué dimanche à Bruxelles.
La Grèce a adressé formellement mercredi à la zone euro, son principal créancier, une nouvelle demande d'aide sur trois ans, la troisième depuis 2010, en échange de l'effort budgétaire dans lequel elle va s'engager.
Si le compte n'y est pas, le sommet de dimanche pourrait se transformer en sommet de crise, amorçant une sortie de la Grèce de la monnaie unique.


(Lire aussi : Les 60 euros quotidiens des Grecs, "la dose du drogué")


Selon le quotidien économique Naftemboriki, le nouveau plan grec sera "un mélange du plan de 47 pages" proposé par les Grecs avant le référendum et des dernières propositions de la Commission européenne. Avec un effort budgétaire évalué entre 10 et 12 milliards d'euros par le quotidien, soit plus que les propositions initiales du gouvernement grec.
Plusieurs sources, en France et à Bruxelles, ont démenti la présence à Athènes d'experts français pour aider les négociateurs grecs à finaliser leurs propositions, comme l'affirme la presse grecque.

A la tribune du Parlement européen à Strasbourg, Alexis Tsipras avait réaffirmé son engagement sur des réformes et un "ajustement financier" qu'il estime "nécessaires".
Mais le Premier ministre, issu de la gauche radicale et porté au pouvoir en janvier sur la promesse de ne pas imposer davantage d'austérité à la Grèce, a aussi défendu son "droit à choisir" la manière de redresser le pays de manière à ce qu'elle soit "socialement juste".

Viviane, une secrétaire athénienne de 46 ans, dans un cabinet d'avocat, a voté non, comme 60% des Grecs, au référendum dimanche, car elle veut "un accord qui n'impose pas une pression encore plus grande sur les plus pauvres et les classes moyennes".
Mais elle a du mal à y croire encore: "cela fait cinq mois que Tsipras a l'air optimiste et nous ne sommes toujours pas arrivés à un accord..."


Lâcher les banques ?
L'Allemand Jens Weidmann, membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) et gouverneur de la Bundesbank, a estimé jeudi que l'institution monétaire ne devait plus fournir d'aide d'urgence à la Grèce.
La BCE maintient en vie le système bancaire grec par un goutte-à-goutte financier mais a gelé depuis une semaine ses prêts d'urgence aux banques grecques. Faute d'accord, elle pourrait les lâcher définitivement.

Les banques grecques, fermées depuis le 28 juin, le resteront jusqu'à lundi, avec un plafond de retraits aux distributeurs toujours limité à 60 euros par jour pour éviter d'aggraver la crise de liquidité du secteur.
La présidente de l'Union des banques grecques, Louka Katseli, également présidente de la Banque nationale de Grèce, a assuré jeudi sur la chaîne Mega que les liquidités étaient suffisantes jusqu'à lundi.
Il s'est montrée plus prudente quant à l'éventualité de saisies sur les dépôts des épargnants: "Plus vite nous revenons à un fonctionnement normal des banques, plus faible est le risque de coupes" dans les dépôts.

 

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