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Moyen Orient et Monde - Nucléaire iranien

Négociations : il y a « deadline » et « deadline »

Personne ne désire se soumettre et soumettre l'autre à des ultimatums, préférant donner du temps au temps pour arriver à maturité.

Les médias attendant la fumée blanche ou noire devant le prestigieux hôtel des négociations à Vienne.

« Nous allons continuer à négocier durant quelques jours encore. Cela ne veut pas dire que nous avons prolongé notre "deadline", que nous interprétons d'une manière flexible. Nous prenons notre temps et les jours nécessaires pour finaliser cet accord », a déclaré, lundi, la chef de la diplomatie européenne, Frederica Mogherini. Même son de cloche chez un officiel iranien qui a précisé que « nous n'envisageons pas de deadline pour ce qui a trait à notre travail ici ». Cela est compréhensible quand on apprend que Téhéran s'attend à un flux de cent milliards de dollars dès la signature du document de réconciliation et de coopération entre ennemis d'hier. Ce qui a fait dire à un commentateur américain au sujet de la situation prévalant à Vienne qu'« on ne peut pas parler de "deadline" pour des négociations de cette envergure », comme on le ferait pour une tâche devant être achevée à un moment précis.

Un terme né de la guerre civile US
Et de rappeler l'origine de cette formule, née durant la guerre civile américaine (1861-1865). Elle est associée à l'infernale prison d'Andersonville (État de la Géorgie), où les confédérés internaient les prisonniers du camp adverse (les unionistes). Dans son enceinte, on y avait creusé une petite tranchée dont les prisonniers ne pouvaient pas s'approcher. Même en cas de faux pas, ils étaient fusillés par un gardien posté dans un mirador. On avait surnommé cette ligne de démarcation « dead line ». Par la suite, le mot a été adopté par le monde de la presse car si les reporters ne remettaient pas à leurs responsables leurs articles en temps voulu, ils risquaient de ne pas les voir publier. En d'autres termes, leurs sujets seraient morts. De là, l'expression a passé dans le monde de l'éducation (un deadline pour remettre ses devoirs) et du travail.


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Difficile aux républicains de contrer l'accord
Mais dans les négociations USA-Iran, personne ne désire se soumettre et soumettre l'autre à des ultimatums, préférant donner du temps au temps pour arriver à maturité. Le Congrès américain (à majorité républicaine) aurait préféré, lui, trancher dans le vif du sujet pour mettre au plus vite le président Obama au pied du mur. En tout état de cause, quelle que soit l'issue des négociations sur le nucléaire, la Chambre des représentants et le Sénat ont commencé à fourbir leurs armes pour passer cette décision historique au crible fin. Il y a deux jours, le gouverneur de New Jersey, Chris Christie, également candidat à la prochaine présidentielle, a demandé au président Obama de se retirer des négociations avec l'Iran. Il a précisé que c'était « outrageant » de voir le plus grand sponsor du terrorisme au monde s'apprêter à se doter d'une arme nucléaire « avec la permission des États-Unis ». D'autres personnalités du même bord ont abondé dans le même sens : les présidentiables, les « juniors » (les bleus) du Congrès et les « Obama haters ».


(Lire aussi : "'Ne menacez jamais un Iranien !', 'Ni un Russe !'")


Si cette opposition républicaine veut par tous les moyens passer à l'attaque pour tout bonnement annihiler un accord déjà signé, elle butera sur une fin de non-recevoir et un veto du président Barack Obama. Lequel, selon les sondages, pourra recueillir les 34 votes nécessaires à soutenir sa décision.
À noter qu'un mécanisme a été mis en place pour que le Congrès ait un droit de regard sur l'accord nucléaire iranien au cas où il serait signé. L'administration souhaiterait que cela se fasse avant le 9 juillet pour qu'il soit discuté avant le départ en vacances, en août, du Congrès.
Le clan anti-Iran aurait préféré que ces négociations viennoises, qui avancent à petits pas, soient dans la lignée du célèbre Congrès de Vienne de 1815 qui, aux dires du non moins célèbre Talleyrand, « dansait beaucoup mais ne marchait pas ».

 

 

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« Nous allons continuer à négocier durant quelques jours encore. Cela ne veut pas dire que nous avons prolongé notre "deadline", que nous interprétons d'une manière flexible. Nous prenons notre temps et les jours nécessaires pour finaliser cet accord », a déclaré, lundi, la chef de la diplomatie européenne, Frederica Mogherini. Même son de cloche chez un officiel iranien...

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