Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole - Jean-Marc BONFILS

Grégoire Serof, l’humour et le trop sérieux...

J'avais pensé, en commençant a écrire ce petit texte, à L'Écume des jours de Boris Vian, couché sur le dos des ennuyeuses feuilles de l'Afnor, pour répondre a un ami de trente ans mon aîné, qui fut d'abord celui de mon père, à propos du manque d'esprit.
La semaine dernière, on blaguait en parlant d'architecture. Il m'avait dit : « Il y a le manque d'esprit et aussi le mauvais esprit... » Puis, après un court silence : « Mais le pire de tout, c'est le pas d'esprit... »
En y repensant, ses mots m'ont tout de suite semblé dépasser le cadre de notre conversation badine. Je pense qu'avec humour, il parlait de choses plus graves, s'il fallait encore donner au mot gravité un peu de sérieux. Il devait parler du monde de l'architecture et du monde dans lequel on vit aujourd'hui.
Je me suis alors souvenu de l'odeur des conifères et des cèdres, quand, enfant, j'écoutais la conversation des adultes devant des livres ouverts où l'on pouvait admirer les dernières réalisations des architectes modernes de l'époque. Ceux-là étaient suisses et ça avait l'air très sérieux, suffisamment pour marquer ma mémoire parce que la conversation avait duré le temps d'un week-end entier. Il parlait aussi de peinture parce qu'il tâtait de l'aquarelle et des rallyes auxquels il devait participer, choisir l'Alfa Romeo ou la DS, et nous, enfants, courions dans le jardin qui était un bac à sable qui ne m'amusait déjà plus. Nous étions sans doute à la fin des années 60...
En remontant le fil de la mémoire, je repensais aussi à son musée dont on a parlé quelques minutes plus tard ce même jour. La façade arrière avait, paraît-il, été tres décriée. Je l'ai toujours trouvée magnifique. La façade arrière du musée Sursock vient d'être restaurée et a retrouvé une seconde jeunesse. Elle est d'une grande sobriété, « noble », comme il m'a dit. J'ai souri à ce qualificatif.
De nos jours, il écrit de temps en temps un billet dans L'Orient-Le Jour et me demande si je l'ai lu. Il y évoque parfois sa jeunesse et ses souvenirs qu'il confronte au monde d'aujourd'hui. C'est un peu biographique mais pas toujours. Quoique... C'est souvent drôle, de cette même drôlerie cocasse lorsque l'humour rencontre le trop sérieux. Homère avait écrit avec beaucoup d'esprit : « L'avenir repose sur les genoux des dieux. »

Jean-Marc BONFILS

J'avais pensé, en commençant a écrire ce petit texte, à L'Écume des jours de Boris Vian, couché sur le dos des ennuyeuses feuilles de l'Afnor, pour répondre a un ami de trente ans mon aîné, qui fut d'abord celui de mon père, à propos du manque d'esprit.La semaine dernière, on blaguait en parlant d'architecture. Il m'avait dit : « Il y a le manque d'esprit et aussi le...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut