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Nos Lecteurs ont la Parole - Louis INGEA

La vérité sort de la bouche des enfants

Nous n'avons pas à juger le comportement du général Michel Aoun sur le plan politique. Ce qu'il pense ou ce qu'il fait n'engage, il est vrai, que sa personne. Sauf qu'il faut bien admettre qu'une bonne partie de nos concitoyens sont restés à sa remorque. Pour des raisons, par ailleurs, que je n'arrive ni à comprendre ni à approuver. Ce qui fait que je ne me compte certainement pas parmi ses admirateurs.
Et pourtant, aujourd'hui, paradoxalement, inopinément et follement, j'approuve à cent pour cent sa dernière lubie : réviser, si j'ai bien compris, la Constitution libanaise.
Or, l'enfant qui sommeille en moi préfère aller jusqu'au bout du raisonnement proposé. Ainsi, vous avez dit « réviser » ? Mais c'est tout l'édifice de ce charabia constitutionnel qui devrait disparaître, malgré le respect que nous devons, en tant que citoyens, pour les lois de notre pays.
Car nous sommes arrivés à un tel point de pourrissement que la seule solution envisageable ne peut être qu'un rejet total de l'actuelle forme de ladite République libanaise.
Ce que je raconte n'a rien de bien étrange. C'est, dans tous les cas, de ma seule opinion qu'il s'agit, et je la partage, comme aurait dit Clemenceau...
Mais si le citoyen libre et néanmoins respectueux des institutions a tout de même le droit de manifester ce qu'il pense, alors que l'on me permette de proclamer tout haut ce que grand nombre de Libanais peuvent souhaiter tout bas sans avoir à l'exprimer.
Cette république a fait son temps. Mal copiée sur une autre république, elle-même en fin de parcours à l'époque, gangrénée à souhait par les fromagistes au nom de leur appartenance communautaire, elle ne pouvait en réalité que rester ouverte aux compromis, à la corruption et au chaos dans lequel nous avons vécu depuis.
Cela dit, avec ô combien d'amertume, quid de la suite ?
Il faudrait, pour commencer, que les partis politiques actifs sur le terrain soient convaincus de l'urgence, voire de la gravité du problème. Qu'ils se rendent compte qu'en étouffant le Liban comme ils le font, c'est leur propre suicide qu'ils planifient. Et que la nécessité dramatique du moment les contraint à se regrouper en « constituante nationale », abolissant ipso facto, et les accords de Taëf et celui de Doha, ainsi que la vieille Constitution de Béchara-el-Khoury.
Qui dit démocratie ne peut prétendre qu'il faille appliquer la même formule à tout genre de nation. Démocratie signifie « gouvernement du peuple » et le peuple libanais est constitué exclusivement d'une grappe de communautés dites religieuses, condamnées à un vivre en commun selon des voies factuelles qui ont fait leurs preuves. Eh oui !
Il est parfaitement plausible, possible et rassurant de faire coexister au sein d'une même société musulmans, chrétiens et libres penseurs. Il y a plus de quinze siècles que cela sert d'exemple, et l'ouverture de l'esprit contemporain va désormais dans ce sens-là partout dans le monde.
Alors, comment regrouper ces ethnies, ces cultures, cette macédoine de langues et de coutumes ? Vu la petitesse du territoire, la formule qui vient à l'esprit se présente presque d'instinct .
La minuscule nation libanaise, pour qui la connaît bien, ne pourra s'épanouir qu'en se dotant d'un seul gouverneur et d'une seule autorité. Trêve donc de Parlements bavards et indisciplinés, et de ministères inutilement remuants. Le peuple libanais doit se choisir un chef au suffrage universel pour un mandat « non renouvelable » de cinq ou six années. Et afin de contenter « tout le monde et son père », selon l'illustre fable du meunier, élire impérativement, et « à tour de rôle », un représentant des principaux groupes communautaires répartis en six étiquettes : sunnites, maronites, chiites, orthodoxes, druzes et diverses autres communautés. Ce qui fera que chacun de ces ensembles ne « saisirait le pouvoir » qu'une seule fois tous les trente ou trente-six ans.
À partir de là, pas de présidence de Conseil. Rien qu'un Parlement restreint à son minimum. Oublions les titres ronflants et les encensements imbéciles. Le président en question ne sera plus que « Monsieur le Président », et les ministres qu'il choisira, renverra ou changera suivant son gré ne rendront compte de leur gestion qu'à un Parlement librement élu sous le régime uninominal, chapeauté uniquement par le président lui-même. Disparaîtraient ainsi les crises ministérielles, les zizanies politiques et autres tricheries administratives. Il faudrait, en priorité, que la rédaction de la nouvelle Constitution soit d'une précision aveuglante ne permettant ni cas d'exception ni tergiversations. À côté de cela, deux seuls ministères tiendraient le haut du pavé : celui de la Culture et de l'Éducation, et celui du Tourisme. Tous les autres en seraient réduits au statut d'offices gouvernementaux.
Voilà les grandes lignes de ce rêve d'enfant. Aux juristes de fignoler le reste.
Mais il nous faut absolument en sortir. Si seulement, par miracle, tous ces messieurs pouvaient faire tomber de leurs yeux les écailles qui les aveuglent...
En mai 1968, à Paris, certains avaient inscrit sur les murs, à la craie : « L'imagination au pouvoir ». On les avait traités d'enfants immatures.
Or, la vérité sort de la bouche des enfants ; même et surtout s'ils sont révolutionnaires !
Bonsoir !

Louis INGEA

Nous n'avons pas à juger le comportement du général Michel Aoun sur le plan politique. Ce qu'il pense ou ce qu'il fait n'engage, il est vrai, que sa personne. Sauf qu'il faut bien admettre qu'une bonne partie de nos concitoyens sont restés à sa remorque. Pour des raisons, par ailleurs, que je n'arrive ni à comprendre ni à approuver. Ce qui fait que je ne me compte certainement...

commentaires (2)

PLUTÔT... DE LA BOUCHE DES IVROGNES !!!!!!!!!!!!!!

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 06, le 02 juillet 2015

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Commentaires (2)

  • PLUTÔT... DE LA BOUCHE DES IVROGNES !!!!!!!!!!!!!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 06, le 02 juillet 2015

  • Vive un Petit Staline, quoi !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 18, le 02 juillet 2015

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