Le groupe extrémiste État islamique (EI) a subi un nouveau revers hier dans le nord de la Syrie face aux Kurdes et leurs alliés rebelles qui se sont emparés d'une localité située sur une route stratégique.
Depuis la perte le 16 juin de Tall Abyad, qui leur permettait d'acheminer des armes et combattants depuis la Turquie, les jihadistes sont sur la défensive et ont perdu plusieurs positions au nord de Raqqa, leur bastion en Syrie. Hier, les forces antijihadistes ont conquis Aïn Issa, au lendemain de la prise de la base militaire de la brigade 93, du nom de l'unité de l'armée syrienne que l'EI avait chassée en juillet 2014, ont indiqué un porte-parole des Unités de protection du peuple kurde (YPG) et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). « Aïn Issa est passé sous notre contrôle total, tout comme des dizaines de villages environnants », a assuré à l'AFP le porte-parole des YPG Redur Khalil. « Après de violents combats et grâce à l'appui de la coalition conduite par les États-Unis, les jihadistes se sont retirés à l'est de la ville et au nord de Raqqa, mais ils ont truffé Aïn Issa de mines », a déclaré de son côté le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane.
L'EI sous pression
Ces deux nouvelles victoires sont capitales car Aïn Issa et le camp militaire dominent une route cruciale tant pour les Kurdes que pour les jihadistes. Elle permet en effet à celui qui la contrôle de relier aisément les territoires dans les provinces d'Alep, à l'ouest, à ceux de Hassaké, à l'est de Raqqa.
« Ces deux positions sont aussi situées sur la ligne de défense de Raqqa et cela soumet l'EI à une forte pression », a relevé Mutlu Civiroglu, un expert des affaires kurdes. « Jusqu'à la lisière de Raqqa, les lignes de défense de l'EI sont fragiles désormais car il n'y a pas de fortifications dans ce secteur qui est un terrain plat », a noté M. Abdel Rahmane.
Redur Khalil a souligné que les relations « étaient excellentes » avec la coalition conduite par les États-Unis, tout en réaffirmant que les Kurdes, réputés pour leur organisation et leur discipline, avaient besoin de meilleures armes pour l'emporter sur les jihadistes. Il a refusé de dire quelle serait la prochaine cible des Kurdes et de leurs alliés, mais a assuré que Raqqa, que l'EI va défendre bec et ongles, n'était pas un objectif à court terme.
(Lire aussi : La guerre en Syrie provoque la colère sanglante des druzes du Golan)
Nouvelle vidéo insoutenable
Accusé de crimes contre l'humanité par l'Onu, l'EI a, par ailleurs, de nouveau montré sa cruauté en diffusant hier une vidéo insoutenable. Cette vidéo, diffusée par la branche de l'EI dans la province de Nivine en Irak, dure 7 minutes 30 et présente seize « espions » en tunique orange qui sont identifiés et parlent brièvement à la caméra. Ils sont ensuite exécutés en trois groupes selon des méthodes que l'EI n'avait jusqu'à présent pas publiquement utilisées. Cinq hommes sont ainsi enfermés dans une cage d'acier, qui est soulevée du sol pour être plongée dans une grande piscine où leur noyade est filmée par deux caméras amphibies accrochées aux barreaux. Un autre groupe de quatre hommes est enfermé dans une voiture qui est détruite par un tir de lance-roquettes. Sept autres « espions » sont décapités par l'explosion d'un câble qui relie leurs têtes, selon la vidéo.
Par ailleurs, l'OSDH a rapporté, lundi soir, qu'en Syrie, l'EI a suspendu à un poteau deux garçons pour ne pas avoir observé le ramadan. « Les enfants sont suspendus par des cordes sur un poteau depuis midi et l'étaient encore en fin de soirée, a indiqué M. Abdel Rahmane. Apparemment, on les a surpris en train de manger. » Une pancarte a été accrochée sur leur corps et où l'on pouvait lire « rupture de jeûne sans justification religieuse ».
Dans la région de Palmyre, les jihadistes ont en outre commencé à s'attaquer au patrimoine archéologique. Il y a trois jours, a affirmé à l'AFP le directeur des Antiquités syriennes Maamoun Abdel Karim, les jihadistes ont fait exploser le mausolée de Mohammad ben Ali, un descendant de la famille du cousin du prophète Ali ben Abi Taleb. Ce mausolée est situé dans une zone montagneuse à quatre kilomètres au nord de Palmyre, la ville antique tombée aux mains des jihadistes il y a un mois.
La guerre sainte contre les « mécréants »
Enfin, l'EI a appelé les musulmans dans le monde à engager la guerre sainte contre les « mécréants » durant le ramadan, dans un message audio attribué hier à son porte-parole.
« Les meilleurs actes qui vous rapprochent de Dieu résident dans le jihad, alors accourez durant ce mois sacré pour envahir (des territoires) et tomber en martyrs », a dit Abou Mohammad al-Adnani, le porte-parole officiel du groupe ultraradical sunnite, dans l'enregistrement diffusé sur des sites jihadistes. « Musulmans et jihadistes partout dans le monde, faites en sorte que le ramadan soit un mois de malheurs pour les mécréants », a-t-il ajouté en allusion aux chiites, aux sunnites luttant contre l'EI et aux Occidentaux.
« Habitants d'al-Anbar, retournez dans vos foyers et revenez parmi votre peuple », a-t-il lancé.
Adnani a en outre donné une « dernière chance » aux membres de tribus, aux soldats et aux policiers, leur demandant de « se repentir » et de remettre leurs armes en signe de bonne volonté. Il a particulièrement cité la tribu des Jughaifa actuellement assiégée dans la ville de Haditha dans al-Anbar, la menaçant d'une « totale destruction » si ses membres ne se livraient pas à l'EI. Le porte-parole a par ailleurs appelé les milices en Libye et les rebelles en Syrie à « bien réfléchir avant de s'en prendre à l'EI », et demandé aux « sunnites libanais, saoudiens et jordaniens de se révolter contre leurs gouvernants mécréants ».
Lire aussi
« Si Daech n'existait pas, il aurait fallu l'inventer »
L’État islamique, hydre polymorphe à quatre têtes
Les enlèvements d'enfants, nouvelle tactique des groupes armés extrémistes
Plus de 400 enfants au sein de l'EI en Syrie : "De l'exploitation et du lavage de cerveau"
La terreur et la monstruosité de Daech sont illimitées ? Il s'agit en effet de toute une phalange de satans échappés de l'enfer. Rien ne pourra détenir ces satans sinon une complète extermination. Mais attendre de qui cet unique remède contre cette catastrophe qui a atteint l'humanité ? Du président le plus hésitant et le plus lâche dans l'histoire des Etats-Unis, dont le pays est le premier responsable de la semence des germes de Daech au Moyen-Orient par tant de bavures dans cette région, surtout en Irak ?
11 h 48, le 24 juin 2015