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Moyen Orient et Monde - Éclairage

La guerre en Syrie provoque la colère sanglante des druzes du Golan

Israël promet une réponse sévère après le lynchage de deux blessés syriens.

Un Israélien observant la Syrie à partir d’un poste-frontière dans la partie du Golan occupé par Israël. Thomas Coex/AFP

La guerre en Syrie a débordé sur le Golan occupé par Israël où deux blessés syriens se sont fait lyncher par des druzes accusant Israël d'aider les rebelles au moment où leurs coreligionnaires sont sous leur feu en Syrie.
Après avoir été apparemment remis aux Israéliens sur la ligne de démarcation, les deux Syriens étaient en route pour un hôpital quand leur ambulance a été attaquée à coups de pierres par des dizaines de personnes tout près du village druze de Majdal Shams, dans la montagne. Les assaillants ont tiré les deux blessés de l'ambulance parce qu'ils étaient convaincus qu'il s'agissait de rebelles ayant combattu en Syrie. Puis ils se sont livrés à un lynchage sans précédent, tuant un des blessés et laissant le second dans un état critique. Cet acte met en lumière l'inquiétude et la colère qui habitent les druzes du côté israélien devant l'évolution de la situation en Syrie. Un temps à l'écart des affrontements, les druzes de Syrie sont désormais pris en étau par des groupes rebelles et jihadistes, alors qu'ils sont traditionnellement partisans du régime de Bachar el-Assad. Au moins 20 druzes ont été tués mi-juin par le Front al-Nosra, la branche syrienne d'el-Qaëda, dans le village de Qalb Lozé, dans le Nord-Ouest.

« Ce qu'ils méritaient »
Ces violences inédites contre les druzes ont retenti comme un signal d'alarme côté israélien.
Les lynchages de lundi ont été précédés de manifestations, d'au moins deux attaques contre des ambulances et d'appels au gouvernement israélien, soit à intervenir en Syrie, soit à cesser de soigner des rebelles. Dans le Golan, les druzes craignent pour leurs coreligionnaires juste de l'autre côté de la ligne de démarcation hermétiquement fermée, dont certains sont des parents. Beaucoup ne peuvent accepter qu'Israël porte secours à des rebelles, ce dont se défend l'État hébreu.
Les deux hommes lynchés « ont eu ce qu'ils méritaient », déclare Souad Fahad al-Din, une vendeuse de 33 ans à Majdal Shams. « Il fallait s'y attendre. Israël n'a aucun droit de les soigner et de les renvoyer là-bas pour qu'ils recommencent à tuer. »
Sur la place centrale, autour de la statue du héros druze Sultan al-Atrash brandissant son sabre, les habitants n'ont guère de doute que les auteurs du lynchage, sans doute très jeunes, ont été avertis par un druze et ont monté un guet-apens. « Les druzes de Syrie, c'est notre famille », affirme Tarek Awdt, commerçant de 27 ans à Majdal Shams. « Ce qui s'est passé hier, ce n'est pas une attaque contre Israël, mais contre al-Nosra. On se battra pour empêcher qu'on les soigne ici. »

« Un acte déplorable »
Israël s'emploie à rester totalement à l'écart du conflit syrien et se défend constamment contre le soupçon de soutenir le Front al-Nosra, une accusation répandue chez les druzes et entretenue par Damas. L'agence syrienne Sana a présenté les blessés de lundi comme des « terroristes du Front al-Nosra ». Mais Israël affirme que les 1 600 Syriens qu'il a soignés ces trois dernières années pour des raisons humanitaires étaient tous des civils.
Pour leur part, les leaders des druzes en Israël ont condamné les violences. Ceci est « un acte déplorable commis par des voyous. La religion druze, ses valeurs et ses traditions interdisent de faire le moindre mal à un blessé », a martelé le cheikh Mouafaq Tarif. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a, lui, appelé au calme.
Enfin, le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon a promis hier une réponse judiciaire sévère après le lynchage des deux Syriens. « Le lynchage d'hier soir (lundi soir) sur le plateau du Golan est un incident grave, a affirmé M. Yaalon dans un communiqué. Nous ne pouvons pas l'ignorer et les autorités feront appliquer la loi de façon extrêmement ferme. »

Michael BLUM, avec
Sarah BENHAIDA
à Jérusalem/AFP

La guerre en Syrie a débordé sur le Golan occupé par Israël où deux blessés syriens se sont fait lyncher par des druzes accusant Israël d'aider les rebelles au moment où leurs coreligionnaires sont sous leur feu en Syrie.Après avoir été apparemment remis aux Israéliens sur la ligne de démarcation, les deux Syriens étaient en route pour un hôpital quand leur ambulance a été...

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