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Moyen Orient et Monde - Syrie

La tuerie de Qalb Lozé, une aubaine pour le régime de Damas

Des combattants du Front al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda, ont tué 20 villageois druzes dans le nord-ouest de la Syrie, a rapporté hier l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). La tuerie a eu lieu mercredi dans le village de Qalb Lozé, dans la province d'Idleb où le Front al-Nosra, allié avec d'autres groupes insurgés, enregistre d'importants succès depuis trois mois face aux forces gouvernementales.
L'affaire a éclaté quand un chef tunisien du groupe sunnite extrémiste a « tenté de saisir la maison d'un résident druze de Qalb Lozé qui selon lui était un partisan du régime », a expliqué le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. « La famille a protesté et tenté de l'en empêcher. Il y a eu une altercation et des coups de feu », a-t-il ajouté. « Le chef tunisien a appelé ses hommes et accusé les habitants druzes du village de blasphème, avant d'ouvrir le feu, tuant au moins 20 personnes, dont des personnes âgées et au moins un enfant. » Des habitants du village ont riposté, tuant par balles trois membres d'al-Nosra, selon M. Abdel Rahmane.
L'agence de presse officielle syrienne Sana a accusé le Front al-Nosra et le groupe islamiste rebelle Ahrar al-Cham d'avoir commis un « massacre odieux, tuant au moins 30 personnes dans le village de Qalb Lozé ». Selon Sana, parmi les morts figurent cinq membres d'une même famille, trois religieux et deux femmes.

 

(Lire aussi : l’appel de Hamadé aux druzes de Syrie : Il est temps de marcher sur Damas avec les forces révolutionnaires)

 

Incident isolé
Selon un cadre du Parti socialiste progressiste (PSP) libanais proche du dossier druze syrien, « il s'agit d'un incident isolé qui n'a pas de conséquence sur les relations entre les druzes d'Idleb et la rébellion syrienne ». Cette source qui a requis l'anonymat insiste sur le caractère singulier des affrontements qui ont eu lieu, imputant le problème au chef tunisien qui est un islamiste ultraradical.
Interrogé par L'Orient-Le Jour, elle affirme que le tapage autour de cette affaire renforce les arguments du régime de Bachar el-Assad qui tente de semer la zizanie au sein de l'opposition, d'une part, et de susciter l'inquiétude des druzes encore réticents à suivre les rebelles. Selon cette source, « il ne faut pas dissocier ce qui se passe à Idlib de la situation à Soueida. En insistant sur cette affaire, la propagande du régime essaye de dissuader les druzes du sud de rejoindre l'Armée syrienne libre (ASL) qui marque déjà des points à Deraa et Soueida ».
Pour contrer ces rumeurs, précise le cadre du PSP, Bachaar al-Zohbi, le chef des Brigades de Yarmouk, l'une des plus importantes factions rebelles au sud, a lancé hier un appel aux habitants de Soueida les exhortant de ne pas tomber dans le piège tendu par le régime. Dans un entretien avec al-Anba', organe du PSP, M. Zohbi précise que les rebelles ne veulent pas envahir Soueida, et insiste sur les bonnes relations entre les druzes et leurs voisins à l'ouest.
Par ailleurs, dans un communiqué publié hier après-midi, le Front sud, une coalition de rebelles présente en force dans la région de Deraa, a condamné « dans les termes les plus forts » l'assassinat des 20 druzes par le front al-Nosra, selon le porte-parole de cette alliance rebelle, Issam al-Rayès.

 

L'opposition tente de neutraliser l'incident
De son côté, le porte-parole de la Coalition nationale syrienne (CNS), Salem al-Maslat, a rejeté toute forme de conflit entre les différentes factions syriennes qui pourrait être instrumentalisé par le régime de Damas pour jouer sur la fibre confessionnelle. M. Maslat a par ailleurs dénoncé « les rumeurs alarmistes propagées par certains, en inventant des histoires de viols et d'assassinats qui n'ont pas eu lieu ». Le CNS explique par ailleurs que les forces rebelles sur le terrain ont immédiatement œuvré pour neutraliser le conflit qui a eu lieu.
Rappelons qu'une petite communauté druze (près de 22 000 personnes) est établie dans la région d'Idlib, éparpillée entre 18 villages dans la province, aujourd'hui sous le contrôle du Front al-Nosra. Contrairement aux druzes du sud qui s'en sont tenus à une certaine neutralité, leurs coreligionnaires d'Idlib ont soutenu les rebelles de l'ASL dès le début de la révolte.

 

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