Le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun, a assuré hier que son parti continuera à s'opposer à la prestation politique actuelle et qu'il pourrait bientôt recourir à la rue, voilant à peine ses menaces de boycottage du gouvernement si jamais un nouveau commandant de l'armée n'était pas nommé. Une affaire qu'il a présentée ce week-end comme cruciale pour les chrétiens en particulier, devant les délégations populaires auxquelles il a fait appel à Rabieh pendant deux jours consécutifs.
« Notre opposition politique pourrait bien devenir populaire dans un avenir proche, a-t-il affirmé devant ses partisans qui se sont rendus à Rabieh ce dimanche. Nous serons alors obligés de faire appel à vous, et si les choses n'étaient pas sérieuses, nous n'aurions pas fait appel à vous aujourd'hui. » « Vous allez bientôt entendre des allégations selon lesquelles nous bloquons les décisions qui servent les intérêts des Libanais, a-t-il ajouté. Ne croyez rien de cette propagande du camp adverse qui tente d'atermoyer face aux causes justes défendues par le Courant patriotique libre. Nous nous considérons aujourd'hui parmi les persécutés au Liban, surtout les chrétiens. Ceux qui ont chassé les chrétiens d'Orient par les armes et le sang pourraient bien chercher à faire de même avec nous, en vidant de leur substance les postes de l'État réservés aux chrétiens. Mais nous ne serons les comparses et les outils de personne dorénavant. »
La veille, le député Michel Aoun avait reçu une délégation de partisans du caza de Baabda. Devant eux, il a également rappelé que « les chrétiens ont été privés de leurs droits depuis 1990 ». « Ils créent le vide au sein de l'État, surtout au niveau des postes importants réservés aux chrétiens, comme s'ils nous poussaient lentement à nous en aller, a-t-il déclaré. La moitié des chrétiens d'Orient ont été massacrés, leurs maisons et leurs églises détruites. Aujourd'hui, ils nous poussent à émigrer, mais d'une autre façon, en vidant les postes des chrétiens au niveau de l'administration et du pouvoir. Nous souhaitons que chacun d'entre vous transmette ces propos et explique la situation à ses voisins, ses collègues et ses amis, car tout le monde doit être présent. Nous aurons peut-être besoin que vous tapiez du pied et que vous fassiez entendre votre voix, comme l'ont fait vos parents en 1989 et en 1990. »
Michel Aoun a ainsi refusé toute tentative de traiter à la légère des dossiers critiques, « alors que nous traversons un danger sécuritaire », en allusion aux nominations sécuritaires. « Nous vivons dans un système confessionnel et nous représentons les chrétiens au pouvoir. Nous devons avoir la priorité dans le choix de tout responsable à un poste-clé chrétien, a-t-il poursuivi. Tous ceux qui prétendent représenter la majorité chrétienne doivent réétudier les résultats des élections de 2005 et de 2009 pour comparer les votes qu'ils ont obtenus à ceux du CPL. » Et d'ajouter : « Le Liban vit un moment décisif et tout le monde est conscient du sang, du feu, des guerres et de la destruction qui nous entourent. Malheureusement, certains ministres au sein du gouvernement ne sont pas à la hauteur de leurs responsabilités, et c'est pour cela que nous vivons désormais dans des fragments de République, où les lois et la Constitution ne sont pas respectées. Nous devons être conscients de l'importance de ce qui se passe actuellement, car ce n'est pas chaque jour que nous pouvons mener une lutte comme celle-ci pour redonner aux chrétiens leur rôle d'antan. Ceci est un devoir. Soit nous retrouvons ce rôle-là, soit nous perdons notre place. Et nous le retrouverons avec nos alliés qui protègent le Liban. »
Liban
Michel Aoun pourrait bien recourir à la rue bientôt
OLJ / le 08 juin 2015 à 00h00
QUAND ON RECOURT À LA RUE... C'EST QU'ON A LA CAGE BIEN NUE !!!
21 h 38, le 08 juin 2015