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Liban - L’éclairage

Aoun-Geagea : une réconciliation, beaucoup d’inquiétudes... et un « coup de maître » ?

Michel Aoun et Samir Geagea mardi à Rabieh.

Depuis la réconciliation entre Michel Aoun et Samir Geagea mardi à Rabieh, les milieux politiques du 14 Mars comme du 8 Mars se livrent à l'examen de la déclaration d'intentions entre le Courant patriotique libre (CPL) et les Forces libanaises (FL). Un fait a spécifiquement attiré l'attention de certains observateurs : l'absence de signature par les deux leaders du document, contrairement à ce qui s'était produit à Mar Mikhaël en février 2006 entre le CPL et le Hezbollah. Des sources politiques dubitatives se demandent, dans ce cadre, si cela ouvre la voie aux parties de faire marche arrière, puisqu'au final, c'est uniquement une déclaration d'intentions qui a été proclamée, sans signature de pacte. Cependant, des sources proches des FL et du CPL soulignent qu'il n'en est rien et que la démarche est très sérieuse. Les deux parties seraient ainsi attachées au contenu du texte, qui devrait déboucher, ultérieurement, sur une feuille de route et un mécanisme d'application commun.

Certains critiquent l'initiative, estimant que l'accord politique CPL-FL n'a pas porté sur les dossiers qui divisent les deux partis. Cependant, plusieurs personnalités chrétiennes soulignent l'impact positif que la rencontre a eu sur la rue chrétienne. La symbolique des retrouvailles entre Michel Aoun et sa némésis, Samir Geagea, permet en effet d'ouvrir une nouvelle page au plan chrétien et d'apaiser quelque peu les tensions à l'échelle communautaire. De même, cette rencontre pourrait initier une dynamique visant à recouvrer le rôle des chrétiens dans la vie politique et à l'intérieur des institutions étatiques. Ce n'est rien moins que la crédibilité des deux protagonistes qui se joue, selon un analyste politique, puisque l'alinéa 7 de la déclaration d'intentions aborde d'une manière assez claire la question du soutien à l'armée et de l'extension de l'autorité de la troupe sur l'ensemble du territoire libanais.
De toute évidence, cette disposition est fondamentale à l'heure où le cas de Ersal se pose avec acuité sur la scène politique. Il paraît en effet difficile, pour des sources politiques du 14 Mars, que le CPL contourne d'ores et déjà un document qu'il vient à peine de proclamer. Les discussions en Conseil des ministres hier, notamment l'intervention du chef de la diplomatie, Gebran Bassil, ont d'ailleurs reflété cette position, à la lumière des dernières prises de position du chef du Rassemblement démocratique Walid Joumblatt et du président de la Chambre Nabih Berry. Ces derniers avaient opposé une fin de non-recevoir à toutes les tentatives de susciter une crise ministérielle autour des dossiers de Ersal et des nominations des chefs sécuritaires.


(Lire aussi : Bassil : « Nous empêcherons toute décision en Conseil des ministres tant que l'affaire des nominations n'aura pas été réglée »)


Un ancien ministre estime que le rapprochement entre le leader du courant du Futur Saad Hariri et le général Aoun était sérieux. M. Hariri aspirait même à fructifier ses rapports avec le chef du CPL pour édifier des relations solides avec lui. C'est cependant Michel Aoun qui a freiné la dynamique, estimant que le courant du Futur n'avait pas soutenu franchement sa candidature à la présidence de la République, n'avait pas poussé Samir Geagea à se retirer de la course et s'était gardé de cautionner la nomination du général Chamel Roukoz à la tête de l'armée. Selon cet ancien ministre, le Hezbollah, inquiet du rapprochement entre le courant du Futur et le CPL, s'est aussitôt empressé de soutenir la candidature du général Aoun à la présidence et d'accuser le 14 Mars, Saad Hariri et l'Arabie saoudite d'empêcher l'ancien commandant en chef de l'armée d'accéder à la présidence de la République. Mieux que cela, le 8 Mars a demandé à Saad Hariri de déclarer expressément qu'il ne soutenait pas la candidature de Michel Aoun afin de mieux creuser le fossé entre les deux hommes – ce que M. Hariri a constamment refusé de faire. L'ancien Premier ministre a aussitôt chargé ses conseillers Nader Hariri et Ghattas Khoury de poursuivre le dialogue avec le général Aoun, soulignant qu'il n'opposait personnellement de veto à aucun candidat. Récemment, Saad Hariri a été plus loin, plaidant en faveur de l'arrivée du gendre du chef du CPL, le général Chamel Roukoz, à la tête de l'armée, mais après l'élection d'un président de la République.

 

(Lire aussi : L'édifice gouvernemental passe le cap de Ersal, mais est ébranlé par la nomination de Basbous)


La réconciliation Aoun-Geagea inquiète le 8 Mars et l'alinéa 7 de la déclaration d'intentions est venu empirer la situation. Ce n'est pas pour rien que le Hezbollah a redoublé d'ardeur dans son offensive de charme à l'égard du CPL ces dernières semaines, pour empêcher le général Aoun de trop s'éloigner de la banlieue sud et de trop se rapprocher de Maarab. Dans ce sens, la démarche de Samir Geagea serait « un coup de maître », selon certains milieux, puisque Michel Aoun est aujourd'hui contraint soit de respecter le document qu'il a signé, soit d'y renoncer, quitte à provoquer l'ire de la rue chrétienne. Le chef du CPL avait anticipé sur sa rencontre avec le leader FL en menaçant de renverser la table au cas où le Conseil des ministres ne procéderait pas aux nominations des chefs sécuritaires dans le cadre d'un même package. Cependant, les positions de MM. Joumblatt et Berry ont constitué des messages clairs en faveur du maintien du cabinet Salam. De même, les lignes rouges internationales empêchant la chute du gouvernement sont réapparues vite fait. Michel Aoun s'est retrouvé pris au piège de ses propres positions. D'autant que les propos de Nabih Berry ont été interprétés comme un message en provenance du Hezbollah invitant le chef du CPL à calmer ses ardeurs. Si le parti chiite soutient le général Aoun dans sa candidature à la présidence de la République et dans sa bataille pour les nominations, il ne compte cependant pas provoquer la chute du cabinet pour quelque raison que ce soit. Surtout qu'embourbé dans les combats à travers la Syrie, le Hezbollah a plus que jamais besoin de la couverture légale que lui confère sa présence au sein du gouvernement.

 

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commentaires (5)

En un seule phrase : Gébran Bassile est-il le Ministre des affaires étrangères ou le Ministre de l'intérieur, de la défense, des milices à Baalbek, des moukhtars et des balayeurs des municipalités ?

Un Libanais

12 h 53, le 05 juin 2015

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Commentaires (5)

  • En un seule phrase : Gébran Bassile est-il le Ministre des affaires étrangères ou le Ministre de l'intérieur, de la défense, des milices à Baalbek, des moukhtars et des balayeurs des municipalités ?

    Un Libanais

    12 h 53, le 05 juin 2015

  • Ils nous les cassent..... place à une nouvelle generation de libres penseurs, de technocrates et de cerveaux qui n'ont aucun squelette dans leurs placards.... Mais c'est trop demande dans ce bled ou la "carpette" reste de mire.

    Tabet Karim

    09 h 40, le 05 juin 2015

  • C'est en effet un coup de maître qui prouve une fois de plus qui en le plus méritant pour gérer le pays et le conduire a bon port. Est ce le Général des défaites et des mauvais choix stratégiques ou le Sage qui analyse les étapes et prend ses décisions de manière étudiées dans l’Intérêt du peuple et du pays? Les faits parlent d'eux même. Il est normal que le Hezbollah commence a se sentir en danger car tout se retourne contre lui et le général, s'il veut sauver le peu qu'il lui reste se doit de changer son fusil d’épaule et au plus vite. De toute manière politiquement il est trop tard mais pour l’intérêt du pays il est nécessaire que la métamorphose se fasse.

    Pierre Hadjigeorgiou

    08 h 41, le 05 juin 2015

  • On va avoir à parler métaphysique ici, tout en parlant politique. En ça, on ne fait que suivre les simples élucubrations d’un caporal. Jusqu’ici, il forçait les Libanais à parler bääSSyrien, de devenir bääSSyriens. Maintenant ça change, l’aigri les transporte dans leur chère patrie et les force à reprendre leur qualité de Libanais(h) malgré eux. Si le bääSSyrien transforme les hommes en savons d’Alep, ce bigaradier libanais(h) transforme les Savons en idées ! Le bääSSyrien c'est (c)hébél-lionceau, aSSadique et despote "distingué" ; l’éhhh libanais, lui, c'est le 14 Sain libanais, Hakîm-Docteur en déontologie à l'Université de Méërâbbb ou de Loûaïyzéhhh. L’aSSadiot, last dictateur bâäSSdiot, et qui ne représente que la décadence de l’historique Syrie, avait attaché à sa personne ce caporal-là qui était, lui, le dernier politologue libanais(h). Ce caporal, politologue en solde, représente le triomphe sûr de la libânnerie. Le bigaradier est aussi un banal "professeur" d’université : celui de la métaphysique de la science politique. Or, la métaphysique toute entière se résume dans la méthode. Il faudra donc chercher à éclaircir la méthode de ce boSSfaïr, qui est pour le moins aussi ténébreuse que l’ensemble de la bääSSyrienânnerie entière réunie. Et si ce caporal- "professeur" n'est pas content de ces observations, eh bien, il n’aura qu’à se faire "moine-ermite" Maronite, et essayer de donner alors lui-même l'explication de sa méthode ; yîîîh ; politico-métaphysique !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 27, le 05 juin 2015

  • S'IL NE S'AGISSAIT PAS DE DEUX AMOUREUX QUI S'AIMENT JUSQU'À LA MORT... ON AURAIT PU DIRE QU'IL Y A DÉJÀ ACCORD... MAIS WAIT AND SEE EST DE RIGUEUR CAR IL S'AGIT DE DEUX IMPRÉVUS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 06, le 05 juin 2015

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