« Le Paradis et l’Enfer » : du tapis volant au drone

Le tapis volant longuement évoqué dans la mythologie arabe et perse et dans le folklore russe a été popularisé par les Mille et Une Nuits. Cet objet magique a intrigué scientifiques et physiciens de tous bords, qui se seraient à l'époque lancés dans des recherches pour faire réellement voler un tapis. Au-delà des contes et légendes, le tapis volant évoque un rêve ancestral propre à l'homme : celui de voler, de traverser le ciel, libre comme un oiseau. Plus tard, outre les avions, les hélicoptères, les fusées et toutes les performances techniques qui ont permis aux hommes de s'élancer dans les airs, les soucoupes volantes ont hanté l'imaginaire collectif.
Aujourd'hui, ce sont les drones, objets volants autonomes ou télécommandés, qui ne cessent d'interpeller. D'abord au service des forces armées d'un État, puis dans le cinéma, les drones ouvrent un champ illimité de possibilités et sont utilisés dans de nombreux domaines. De l'observation au contrôle, du transport d'armes à celui d'objets, rien ne semble surmener ces aéronefs.
Jusqu'au 6 septembre, des installations lumineuses, des dessins, des photos et des tapis ornent la Villa Empain, centre d'art et de dialogue entre les cultures d'Orient et d'Occident. Pas moins de 85 artistes des quatre coins du monde participent à l'exposition intitulée Le Paradis et l'Enfer. Ils ont été sélectionnés selon différents critères afin de rendre l'événement le plus complet possible. Certains évoquent les thématiques liées à la symbolique des tapis et des jardins qui ont inspiré les motifs et l'imaginaire des tapis magiques. D'autres se chargent d'évoquer le désir millénaire de l'homme de conquérir le ciel et l'espace au moyen de machines volantes, et de questionner le devenir de l'humanité à l'heure où l'utilisation en masse des drones compromet sa sécurité et met en péril le droit des êtres humains à protéger leur intimité et leur vie privée.
Le Liban apporte sa pierre à l'édifice avec la participation de Ali Cherri, un artiste qui vit et travaille entre Beyrouth et Paris. Spécialiste de l'image, il utilise des vidéos et des films d'archives pour contrebalancer la violence des images actuelles diffusées par les médias et les réseaux sociaux.
L'exposition Le Paradis et l'Enfer souligne à quel point les objets volants ont inspiré et imprégné le travail des artistes de toutes les cultures et de toutes les époques. De la symbolique des tapis magiques aux objets volants les plus farfelus, du désir d'observer l'espace au moyen de satellites jusqu'aux dangers qu'incarnent les drones, l'événement propose un voyage exceptionnel.

* Exposition jusqu'au 6 septembre, Villa Empain, 
avenue Franklin Roosevelt, Bruxelles. Informations :
info@boghossianfoundation.be