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Alchimie du chaos

Oui, nous pouvons le hisser, ce pavois ! Oui nous l'avons décrochée, cette Palme d'or, ce sont choses rares et belles qui nous arrivent parfois, aussi petits, tout chaotiques, bordéliques, désorganisés, tout sans Parlement et sans président que nous sommes. Nous, c'est bien-sûr Ely Dagher, on ne va pas lui voler son mérite mais, Ely, il n'aurait pas pu sans nous. Court métrage mais grand film, l'œuvre qui lui a valu sa récompense parle de vous, de moi, du déni dans lequel nous vivons. Cette atmosphère post-apocalyptique, cette ville pesante, glauque, pas belle, zébrée de fils électriques obsolètes qui l'enserrent comme les mailles d'un filet géant ce temps qui stagne dans un ennui moite et dépressif, émaillé de quelques souvenirs d'enfance, médiocre paradis perdu mais paradis quand même, ces nuits accablées où l'angoisse est parfois pire quand il ne se passe rien, ces tuyauteries rouillées qui crachent en hoquetant un filet d'eau saumâtre, tout cela nous est familier. Mais oui, c'est nous, là bas dans le noir. C'est nous, sous ces frêles paillettes qui retombent avec une lenteur de cendres mais qui suffisent à nous faire rêver. Ely nous regarde tristement. Il voit ce que nous ne voyons pas, nous qui sommes dedans, lui qui est dehors. Il voit que nous vivons dans des bulles, dans une caverne platonicienne, leurrés, volontairement, obstinément.
De tous les immenses talents libanais que nous avons parfois le bonheur de croiser, pas un qui ne reconnaisse puiser son inspiration à la source exaltante et toxique de ce pays paradoxal. Pas un qui ne se soit battu pour être le meilleur, seulement parce que n'être rien n'est pas un choix viable. Le temps est venu, du soleil et des plages. Vous qui vous apprêtez à « rentrer », ce mot qui ne sait plus de quelle direction il parle, à rentrer au Liban, puisqu'il s'agit des vacances, vous le savez déjà, que la fête n'attend plus que vous. Une longue, très longue succession de fêtes de toit en toit, de bar en bar, de plage en plage et de terrasse en terrasse où l'on s'alanguira au coucher du soleil avant d'enchaîner avec les basses nocturnes qui allumeront le feu sous vos pieds et manqueront vous exploser le cœur. Vous serez heureux, souvent, réconfortés d'appartenir, de retrouver l'amour d'une famille vieillissante qui vous panse, vous gave, vous caresse, vous renifle comme un louveteau égaré, referme sur vous le cercle de la meute, vous comble au-delà de ses moyens selon l'instinct des meutes, parce que vous êtes ce qu'elle a de plus beau, de plus vrai, parce que vous êtes sa seule certitude de croître et de prospérer.
Tout cela vous le savez, vous l'anticipez, vous en êtes pétris. Vos talents en sont galvanisés, vous voudrez rendre ce que vous aurez reçu, rendre dans tous les sens, et vous donnez ce que vous avez : vos terreurs, vos angoisses, votre fureur de vivre, de créer, d'être, vous en faites un bouquet de fleurs. Et parfois une palme. D'or.

Oui, nous pouvons le hisser, ce pavois ! Oui nous l'avons décrochée, cette Palme d'or, ce sont choses rares et belles qui nous arrivent parfois, aussi petits, tout chaotiques, bordéliques, désorganisés, tout sans Parlement et sans président que nous sommes. Nous, c'est bien-sûr Ely Dagher, on ne va pas lui voler son mérite mais, Ely, il n'aurait pas pu sans nous. Court métrage mais grand...

commentaires (2)

L’émigré qui voulait avec sa "fiction" s'élever au- dessus de l'horizon des conceptions étroites héritées, heurta de front ses propres préjugés. Il voulait tant expier sa témérité, tout en s'assurant l'approbation des vieilles, des vieillards et du libanisme en vogue. Son pays l’accueillit avec ces paroles toutes pleines d'onction : "Je béni surtout ceux qui me craignent." ! Le bled fit appel à la libanaise "curie", blanchie dans la superstition. C'est elle qui devra "re-guider" cet émigré qui s'approche ronchon mais candide de cette vieille "curie qui, dans sa brutalité libaniste, lui fait murmurer à l'oreille que "la honte finit où commencent l'expiation" : dans "le libanisme" ; hors duquel point de salut. Le patelin prit 1 pose ultra supraterrestre : "La clémence a été prouvée en ne vous abandonnant pas dans vos épreuves. Ce "généreux" qui vous a sauvé a réalisé cette parole: Le pays accomplit les désirs de ceux qui le redoutent et écoutera leurs pleurnicheries, c’est là son œuvre." ! L’émigré, jeune ou vieux, ne comprend pas le pernicieux…. du sermon et répond : "Je penserai, en principe, pour celui-là qui a eu pitié de moi et qui m'a ramené ; mais je penserai surtout à moi." ! Sa 1ère pensée n'est pas pour son sauveur, ce bled, mais pour lui-même. Il est en sus assez niais pour se croire déjà "palmé. Le pays ne put s'empêcher de détruire cette hétérodoxie "libaniste" et, prenant congé, lui présente le fabuleux symbole "Palmé"…. mais "en toc?" qui l'attendait !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 13, le 28 mai 2015

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Commentaires (2)

  • L’émigré qui voulait avec sa "fiction" s'élever au- dessus de l'horizon des conceptions étroites héritées, heurta de front ses propres préjugés. Il voulait tant expier sa témérité, tout en s'assurant l'approbation des vieilles, des vieillards et du libanisme en vogue. Son pays l’accueillit avec ces paroles toutes pleines d'onction : "Je béni surtout ceux qui me craignent." ! Le bled fit appel à la libanaise "curie", blanchie dans la superstition. C'est elle qui devra "re-guider" cet émigré qui s'approche ronchon mais candide de cette vieille "curie qui, dans sa brutalité libaniste, lui fait murmurer à l'oreille que "la honte finit où commencent l'expiation" : dans "le libanisme" ; hors duquel point de salut. Le patelin prit 1 pose ultra supraterrestre : "La clémence a été prouvée en ne vous abandonnant pas dans vos épreuves. Ce "généreux" qui vous a sauvé a réalisé cette parole: Le pays accomplit les désirs de ceux qui le redoutent et écoutera leurs pleurnicheries, c’est là son œuvre." ! L’émigré, jeune ou vieux, ne comprend pas le pernicieux…. du sermon et répond : "Je penserai, en principe, pour celui-là qui a eu pitié de moi et qui m'a ramené ; mais je penserai surtout à moi." ! Sa 1ère pensée n'est pas pour son sauveur, ce bled, mais pour lui-même. Il est en sus assez niais pour se croire déjà "palmé. Le pays ne put s'empêcher de détruire cette hétérodoxie "libaniste" et, prenant congé, lui présente le fabuleux symbole "Palmé"…. mais "en toc?" qui l'attendait !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 13, le 28 mai 2015

  • Au milieu de la décadence, surgit, en contraste, un espoir. Le mérite en est d'Ely Dagher. Merci, jeune homme.

    Halim Abou Chacra

    06 h 40, le 28 mai 2015

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