Ahdab s’en prend à la « mollesse » du Futur

L'ancien député Misbah Ahdab s'est exprimé hier sur l'affaire Michel Samaha lors d'une conférence de presse à son domicile à Tripoli. Il a qualifié de « politique par excellence » le verdict émis par le tribunal militaire contre l'ancien ministre, sans exclure toutefois la responsabilité – indirecte – du courant du Futur à cet égard. « Ce verdict n'a rien de surprenant puisqu'il est le résultat de la couverture, par le courant du Futur, de la mainmise du Hezbollah et de son nouveau système sécuritaire sur les deux pouvoirs judiciaire et militaire au Liban », a-t-il estimé.
Il a souligné que « le courant du Futur a fait de nombreuses concessions susceptibles de garantir un appui à l'axe Hezbollah-Assad, au Liban et en Syrie, en contrepartie de sa présence au sein du gouvernement actuel et sous prétexte d'assainir les relations sunnito-chiites ».
Parmi ces concessions, « tout jeune homme sunnite, opposé à l'axe Hezbollah-Assad, est accusé de terrorisme sur la base de données de communication illégales et de dossiers sécuritaires montés de toutes pièces ». C'est toujours dans le prolongement de ce « compromis » qu'un « criminel proche de l'axe Hezbollah-Assad bénéficie d'un acquittement, sinon d'un verdict atténué, même s'il a tenté de provoquer une guerre civile par l'assassinat de militaires et de civils ».
Ce « compromis » implique aussi, pour le Futur, « d'avaliser l'appui stratégique de la troupe au Hezbollah, y compris dans les batailles en Syrie », et de fermer l'œil sur « le système sécuritaire relevant du Hezbollah et responsable de 20 rounds de violences à Tripoli ».
« Tout cela, le courant du Futur l'a concédé, tout en épargnant certains groupes relevant de lui », a poursuivi Misbah Ahdab. Citant en outre le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun, « qui a qualifié la société libanaise de mafieuse », il en a renvoyé la responsabilité à « la mollesse du Futur ».
Se demandant si « la campagne menée contre le tribunal militaire vise réellement à l'abolir, ou uniquement à signaler au Hezbollah qu'il a franchi les lignes rouges », l'ancien député a également questionné le rôle du commissaire du gouvernement près la Cour militaire, Sakr Sakr, qui s'est pourvu en cassation contre le verdict du tribunal. « Si le juge Sakr réussit à obtenir un nouveau jugement sur cette affaire, continuera-t-il d'intenter des actions contre des milliers de Tripolitains pour soi-disant terrorisme, avec la couverture du Futur ? » s'est-il interrogé, appelant à « cesser de considérer le dossier des prévenus du Nord comme un dossier islamiste et terroriste ».

« Transformer le crime en acte patriote »
En contrepartie, le bloc des députés de Zahlé a considéré hier, dans un communiqué, que « le véritable danger est moins dans le jugement du tribunal militaire contre Michel Samaha que dans les positions de certaines parties politiques trouvant des justificatifs à son acte criminel dans une tentative de le sauver en politique, au point de transformer un acte terroriste documenté solidement, en acte patriote louable, servant les hauts intérêts de Damas, au détriment de la sécurité du citoyen libanais ».
De son côté, le député Antoine Saad, membre du Rassemblement démocratique de Walid Joumblatt, a mis en garde contre l'excès de clémence « envers un acte terroriste visant tout le Liban ». Il a réclamé une révision du procès « pour que le pays ne soit pas davantage engagé dans la spirale des attentats et des explosions ».