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Liban - L’éclairage

Pour les milieux du Futur, Aoun se saborde lui-même

Des sources qui ont pris part à la réunion à la Maison du Centre entre le chef du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, et le leader du courant du Futur, Saad Hariri, le 19 février dernier, affirment que le général Aoun avait proposé à l'occasion à M. Hariri l'idée d'un marché au niveau des nominations des responsables sécuritaires. Envisagée dans la perspective du raffermissement des relations entre le CPL et le Futur, la proposition était de nommer le général Imad Othman, Samir Chéhadé ou le chef de la police de Beyrouth à la tête des Forces de sécurité intérieure (FSI), et le général Chamel Roukoz à la tête de l'armée.
Selon ces sources, Saad Hariri n'avait pas commenté la proposition du chef du CPL, mettant l'accent sur la nécessité d'élire un président et de s'entendre sur la nomination des chefs sécuritaires, sans trop entrer dans les détails d'un éventuel marché. Cependant, une source haririenne responsable note que la nomination de Imad Othman à la tête des FSI signifierait de facto le départ à la retraite d'un certain nombre d'officiers plus âgés. « Pourquoi donc brûler les étapes, alors que le général Othman a encore tout le temps d'accéder à ce poste ? » souligne-t-on.

Des sources proches du 8 Mars notent, pour leur part que le Hezbollah s'est empressé de se rabibocher avec le général Aoun, de peur que ce dernier n'échappe à son emprise politique, surtout après ses critiques à l'encontre du parti chiite et ses menaces de « quitter ceux qui pourraient me quitter ». C'est d'ailleurs cette position critique du chef du CPL qui a provoqué sa dernière entrevue avec le secrétaire général du Hezbollah dans la banlieue sud. Auparavant, Michel Aoun avait fait savoir qu'il attendait une réponse du courant du Futur à sa proposition concernant les nominations des chefs sécuritaires, avec le retour de Saad Hariri de sa visite à Washington. Cependant, cette réponse n'est jamais venue, affirme une source aouniste. Les milieux du Futur précisent pour leur part qu'ils n'ont effectivement pas de réponse à cette proposition et que le courant du Futur y a déjà répondu politiquement, notamment à travers les propos de Fouad Siniora.

Des milieux du Futur estiment dans ce cadre que Michel Aoun, depuis sa proposition, et sans attendre de réponse, a commencé à monter en puissance dans ses prises de position contre le courant haririen et ses responsables. Cela n'a évidemment pas été sans susciter un certain étonnement au sein du Futur. Pour le courant de Saad Hariri, il va de soi que le chef du CPL aurait dû donner quelque chose en politique en contrepartie de sa proposition. Or, dans la pratique, le voilà qui de nouveau fusionne avec le Hezbollah après sa rencontre avec Hassan Nasrallah, non sans avoir donné sa caution à la bataille du Qalamoun et à l'équipée hezbollahie au Yémen avec les guérilleros houthis. Le général Aoun a même été plus loin dans son discours politique, revenant à son antienne, en l'occurrence la campagne contre « la corruption du système » et la formule de Taëf, et réclamant même une constituante pour une nouvelle répartition du pouvoir entre les composantes libanaises. Gebran Bassil a résumé ainsi le nouveau credo aouniste : « Pas de gouvernement, ni de Chambre ni de patrie sans nous. » Ces propos ont d'ailleurs irrité le président de la Chambre Nabih Berry, qui a qualifié ce discours de « très dangereux, que nous n'avons jamais entendu auparavant, même du temps de la guerre ». M. Berry a appelé sur cette base les différentes parties à reprendre leurs esprits au lieu de contribuer à l'effondrement du pays, appelant « ceux qui attaquent les institutions constitutionnelles et leurs présidents à assurer d'abord leur présence aux séances électorales pour élire un nouveau chef de l'État ».

Ces prises de position ont naturellement eu des répercussions sur le positionnement des différents leaders, notamment en milieu chrétien, surtout après l'invitation du président de la Chambre au chef du CPL à se rendre à la Chambre pour élire un président de la République. Des sources proches de Maarab indiquent ainsi que le président des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, ne saurait soutenir les positions exprimées récemment par le général Aoun concernant la « pourriture du système », la « chute de l'accord de Taëf » et l'appel à une assemblée constituante. D'autant que tout cela intervient à la veille de la rencontre prévue entre les deux hommes autour de la déclaration d'intentions en 16 points entre les FL et le CPL, qui constitue une « Constitution pour les chrétiens », selon les termes employés par un cadre FL.
Le parti de Samir Geagea devrait adopter une position claire après la conférence de presse du général Aoun prévue aujourd'hui, au cours de laquelle ce dernier devrait s'exprimer sur les nominations sécuritaires et pourrait accuser Saad Hariri de ne pas avoir tenu ses engagements. Or, les sources du Futur soulignent que le chef du CPL n'a rien fait pour s'aider lui-même à parvenir à ses objectifs, en l'occurrence la nomination des chefs sécuritaires. Au contraire, c'est aux pressions et aux menaces de faire sauter l'ensemble du système issu de Taëf qu'il a eu recours. La stratégie du Futur, elle, se situe aux antipodes de cette action, puisque la formation recherche non pas à torpiller les institutions, l'État et la formule libanaise, mais à les préserver et les consolider, afin d'empêcher toute discorde sectaire sunnito-chiite, notamment à travers le dialogue avec le Hezbollah.

Le Futur considère également que l'élection présidentielle reste la priorité absolue, sans quoi le vide institutionnel peut aller jusqu'à allumer le brasier d'une guerre sectaire dans le pays. Ce n'est donc qu'après cette élection que la nomination des chefs sécuritaires serait à l'ordre du jour. En ce sens, c'est au président élu que revient l'acte fondateur qu'est la nomination du nouveau commandant en chef de l'armée.
Pourquoi cette stratégie de la part de la formation haririenne? Parce que Saad Hariri et ses compagnons sont convaincus que l'élection présidentielle reste le point de passage vers la solution. Et, pour garantir l'élection, une cohésion minimale doit perdurer au niveau national. Des milieux politiques du 14 Mars soulignent, dans ce cadre, qu'une nouvelle dynamique se met en place au niveau régional et pourrait faciliter l'élection d'un nouveau chef de l'État comme entrée en matière pour la traduction pratique d'un accord potentiel issu du sommet de Camp David, une fois que l'ouverture des pays du Golfe sur Téhéran sera devenue possible et avant la conclusion de l'accord sur le nucléaire iranien.

 

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Des sources qui ont pris part à la réunion à la Maison du Centre entre le chef du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, et le leader du courant du Futur, Saad Hariri, le 19 février dernier, affirment que le général Aoun avait proposé à l'occasion à M. Hariri l'idée d'un marché au niveau des nominations des responsables sécuritaires. Envisagée dans la perspective du...

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COMME UN NAVIRE PERDU... QUI PREND L'EAU DE TOUS LES CÔTÉS... DIVINEMENT... IL SE SABORDE ET COULE DE LUI-MÊME DANS LES NOIRS FLOTS QU'IL A CHOISI INCONSIDÉRÉMENT !!!

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 05, le 15 mai 2015

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Commentaires (1)

  • COMME UN NAVIRE PERDU... QUI PREND L'EAU DE TOUS LES CÔTÉS... DIVINEMENT... IL SE SABORDE ET COULE DE LUI-MÊME DANS LES NOIRS FLOTS QU'IL A CHOISI INCONSIDÉRÉMENT !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 05, le 15 mai 2015

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