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Culture - Concert

Quand le pianiste devient Pygmalion

Les Jeunesses musicales du Liban ont réuni, à l'église Saint-Joseph, un beau quatuor de musique de chambre mené par le pianiste Henri Goraieb avec la soprano Nadine Nassar.

Henri Goraieb au piano et la soprano Nadine Nassar. Photo Marwan Assaf

Lors d'un concert de musique de chambre organisé par les Jeunesses musicales du Liban (JML) à l'église Saint-Joseph des pères jésuites, le pianiste Henri Goraieb était entouré de Nadine Nassar (soprano), Zareh Tcheroyan (violon), Haik Ter-Hovannisyan (alto) et Roman Storojenko (violoncelle).
La première partie du programme était consacrée au chant. En sélectionnant des œuvres du répertoire français d'airs d'opéra et du lied allemand, Nadine Nassar a donné un aperçu de son éventail lyrique. De Fauré à Massenet en passant par Reynaldo Hahn, Nassar a survolé ces belles pages avec facilité. Précision de la diction, voix homogène aux graves bien stables, aux médiums bien timbrés et aux aigus généreux. Les deux romances de Mendelssohn nous révèlent ici un lyrisme tendre et fragile. Et dans le grand air e strano, morceau de bravoure qui conclut le premier acte de La Traviata, Nadine Nassar a dévoilé toute la dimension de son art. Tmpérament théâtral dans le célèbre air d'Adèle tiré de l'opérette Die Fledermaus de Johann Strauss. Au piano, Henri Goraieb chante et respire à l'unisson avec la soliste, suit les courbes mélodiques avec l'attention touchante d'un maître de musique et façonne, tel un Pygmalion, la structure de chaque morceau (n'oublions pas que le pianiste connaît sur le bout des doigts son répertoire lyrique).

L'union des quatre
Changement de genre pour la deuxième partie du programme avec le premier quatuor pour piano, violon, alto et violoncelle en sol mineur K.478 de Mozart. Œuvre dans laquelle Mozart réalise une synthèse de deux genres musicaux bien opposés, celui du concerto et celui de la musique de chambre. Les quatre musiciens s'unissent, tantôt en de véritables tutti ou bien se manifestent dans un dialogue aérien, sans aucune complaisance, aucun narcissisme. La lecture inspirée des trois archets est en osmose avec celle du piano. L'élégance du legato dans le jeu de Zareh Tchéroyan au violon, la sonorité fondante et chaleureuse de l'alto de Haik Ter-Hovannisyan et la noblesse du phrasé de Roman Storojenko au violoncelle ont donné libre champ à Henri Goraieb et son jeu au piano ; un jeu inspiré aux propos nuancés et d'une régularité étonnante (les trilles de la coda du troisième mouvement). À quatre fois vingt ans (c'était aussi son anniversaire), Henri Goraieb s'impose avec raffinement dans la construction de l'œuvre : trouver l'équilibre idéal entre l'expression des sentiments et la beauté du discours, un équilibre auquel le trio de cordes donne la réplique avec éloquence.

Étienne KUPÉLIAN

Lors d'un concert de musique de chambre organisé par les Jeunesses musicales du Liban (JML) à l'église Saint-Joseph des pères jésuites, le pianiste Henri Goraieb était entouré de Nadine Nassar (soprano), Zareh Tcheroyan (violon), Haik Ter-Hovannisyan (alto) et Roman Storojenko (violoncelle).La première partie du programme était consacrée au chant. En sélectionnant des œuvres du...

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