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À La Une - Syrie

La ville stratégique d'Idleb tombe aux mains de l'opposition armée

Ban exprime sa "honte" devant l'"échec" de la communauté internationale à stopper le "carnage".

Au cinquième jour de violents combats qui ont fait plus de 130 morts, "le Front Al-Nosra et ses alliés ont capturé la totalité d'Idleb", en Syrie, a indiqué samedi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). AFP PHOTO / KARAM AL-MASRI

Le réseau el-Qaëda et ses alliés rebelles se sont emparés samedi de la ville d'Idleb dans le nord-est de la Syrie, la deuxième capitale provinciale à échapper au contrôle du régime depuis le début du conflit il y a quatre ans.
Cette importante victoire des rebelles après seulement cinq jours de combats, est intervenue au moment où le patron de l'Onu, Ban Ki-moon, exprimait, devant le sommet arabe en Egypte, sa "honte" devant l'"échec" de la communauté internationale à stopper le "carnage" en Syrie, où plus de 215 000 personnes ont péri depuis mars 2011.

Le Front al-Nosra, la branche syrienne d'el-Qaëda, "appuyé par Ahrar al-Cham et d'autres groupes rebelles islamistes ont pris la totalité d'Idleb", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Al-Nosra a annoncé sur son compte officiel Twitter la "libération" de la ville, où les forces du régime de Bachar el-Assad avaient dû reculer devant la progression des rebelles et les violents combats de rue.
"La ville d'Idleb a été libérée et les moujahidines pourchassent les derniers chabbihas (hommes de main du régime, ndlr) qui tentent de s'enfuir", a ajouté le groupe, en postant des photos de combattants devant le siège du gouvernorat dans la ville, celui de la police militaire, de la mairie et de la prison.

Quelques heures plus tôt, une source de sécurité syrienne avait reconnu que des "groupes terroristes se sont infiltrés dans les périphéries" de la ville.
En cinq jours de combats pour prendre Idleb, plus de 130 combattants des deux bords ont été tués, selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

150 raids aériens
Idleb est la deuxième capitale provinciale, après Raqqa (nord), à échapper aux mains du régime en guerre contre les rebelles depuis plus de quatre ans. Raqqa est aux mains des jihadistes de l'Etat islamique (EI), un groupe ultraradical responsables d'atrocités. A l'instar de l'EI, son rival qui a proclamé un "califat" à cheval sur la Syrie et l'Irak, al-Nosra entend fonder son propre "émirat" en Syrie, selon des analystes.

La rapide conquête de la ville s'explique par le fait que, malgré 150 raids aériens de l'armée pendant quatre jours, "il y avait près de 2 000 rebelles qui ont attaqué de tous les côtés avec 40 transports de troupes", explique M. Abdel Rahmane. Un grand nombre d'habitants avaient déjà pris la fuite mais beaucoup sont restés dans la ville, a-t-il ajouté sans donner de chiffres.
La ville comptait près de 200 000 habitants avant le début du conflit en mars 2011, mais des milliers de déplacés par les combats étaient venus s'y installer.

Frontalière de la Turquie, la province d'Idleb est en grande partie sous le contrôle d'al-Nosra. Après la chute d'Idleb, le régime ne contrôle plus dans cette province que les grandes villes de Jisr al-Choughour et Ariha, quelques petites localités, l'aéroport militaire d'Abou Douhour, ainsi que cinq bases militaires.

 

(Lire aussi : Pour Kerry, Assad est un "dictateur brutal sans légitimité pour diriger la Syrie")

 

Réunion à Moscou
La chaîne du Front al-Nosra a posté des vidéos sur YouTube, dont l'AFP ne peut confirmer l'authenticité, montrant des combattants déchirant et piétinant un poster de M. Assad dans une rue qu'elle affirme être à Idleb.
Une autre vidéo montre des combattants et des civils s'étreignant et exprimant leur joie, l'un d'eux se prosternant sur un trottoir aux cris glorifiant Dieu et le prophète Mahomet.
"Grâce à Dieu et aux révolutionnaires, voici ma maison, je ne suis pas retourné ici depuis quatre ans. C'est notre quartier, c'est notre terre, si Dieu le veut, on va instaurer la loi islamique", s'exclame devant la caméra l'un des combattants.
En novembre, le Front al-Nosra, qui combat à la fois le régime et ses rivaux rebelles, avait chassé plusieurs groupes rebelles modérés de la province.

Cette défaite du régime survient au moment où Moscou se prépare à accueillir début avril de nouvelles discussions entre représentants du régime et une partie de l'opposition syrienne, alors qu'aucune perspective de solution du conflit n'est en vue.

Le conflit en Syrie, au départ une guerre entre régime et rebelles, est devenu plus complexe avec la montée en puissance de groupes jihadistes comme al-Nosra et l'EI, en quête d'hégémonie territoriale.

 

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