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Nos Lecteurs ont la Parole

Une semaine, un thème : #3 Les mères parlent à leurs mères

C'est la fête d'Ève, mère de toutes les mères et de toute l'humanité. Pour l'occasion, Lama Tammam Salam, épouse du Premier ministre, s'adresse à sa maman pour lui dire qu'elle avait « repris ses gestes » et ses valeurs dans sa mission de mère. À son tour, Magida el-Roumi, icône de la chanson libanaise, offre une véritable ode d'amour à sa mère qui lui a appris « à se donner au service de sa famille et de sa patrie ». Enfin, Zeina Kassem, du fond de sa tragédie, celle d'avoir perdu un fils dans la fleur de l'âge et dans des circonstances particulièrement tragiques, raconte comment l'exemple de sa maman a fait d'elle « une lionne, arrachée à son lionceau » et désormais au service « de tous ceux qui ont besoin de nous » à travers son association, Roads for Life.
Ève est également la mère de tous les hommes qui ont – ou qui n'ont plus – leur propre mère. Alors bonne fête maman. Où que tu sois !


J'ai compris ton combat

 

 

Chaque année, la fête des Mères réveille les souvenirs de l'enfance, la fête des Mères refait vivre ton doux visage, toi qui m'a veillée, qui m'a bercée et qui m'a construite.
Ton absence, très tôt survenue, a laissé en moi un grand vide, comme une personne ayant perdu le point de départ de sa course et qui, d'un coup, se retrouve seule, lâchée aux hasards de la terre. Et pourtant tu restes là, constamment ancrée dans mon être et dans mon âme, et toute ma vie me ramène sans cesse à toi. J'ai désespérément recherché plus tard ton visage, ton sourire et même tes gestes dans toutes les femmes. Et Mama Salma (ta sœur aînée) a ouvert ses bras pour recevoir l'enfant que j'étais et que chacun reste toute sa vie. Elle m'a rassurée, attendrie et guidée lorsque le chemin se faisait tortueux. Sois tranquille ma chère maman, Mama Salma me protège si fort...
Comme toi, j'ai voulu à mon tour être mère. Et lorsque je le suis devenue, j'ai refait tes gestes, repris tes mots pour conduire mes propres enfants sur le chemin que tu m'avais tracé. J'ai posé les mêmes règles, je leur ai donné mon cœur et tout mon courage pour qu'ils se tiennent debout et toujours droit face au monde, un monde où le combat se mène au quotidien, parfois féroce et quelquefois amusant. Souvent je te surprenais en moi. Oui, maman, tu es à mes côtés, tu me tiens la main comme aujourd'hui je tiens celle de mes enfants chéris, Ghida et Majid.
Comme toi, je suis même devenue grand-mère. J'accompagne chaque pas, chaque sourire et chaque larme de mes petits-enfants, Kinan et Zyena. Je leur apprends les comptines que tu fredonnais à leur maman et j'avoue, je les gâte autant que tu as gâté Ghida, ta première petite-fille.
Et grâce à eux, j'ai appris ce qu'étaient la permanence dans l'évolution, les principes dans le changement et la tendresse dans la tourmente. Je suis convaincue qu'ils porteront, eux aussi, ton héritage par-delà l'espace et le temps. Oui maman, tu es à mes côtés, tu me tiens la main.
J'ai compris ton combat de tous les instants pour construire et transformer l'enfant que j'étais en femme d'aujourd'hui. Car je suis aussi, non seulement mère et grand-mère, mais femme du vingt et unième siècle. Femme sociale, femme professionnelle, femme au foyer, femme éducatrice et, avant tout, femme libre, femme de combat. Telles sont les facettes des femmes et mères d'aujourd'hui, et tu m'as solidement armée pour tous les défis de l'existence. Tu as rempli mes mains de ressources et de valeurs. Ce bel héritage que tu m'as donné est celui de la gentillesse, de la générosité, de la tolérance et du respect de l'autre. Aujourd'hui, grâce à toi je le sais, toutes les mères devraient être missionnaires de ces valeurs, surtout dans ce Liban qui a besoin de nous. C'est au service de ce pays qu'il faut mettre en pratique notre sens de l'intérêt général, de l'égalité, de la solidarité et de la fraternité.
On sait que la jeunesse est l'avenir d'un pays, mais ici, la jeunesse est l'espoir de salut d'un pays. Il nous appartient, à nous, mères, de donner à cette génération plus qu'un espoir de justice, plus même qu'une culture de justice, une volonté et un engagement sans lesquels rien de légitime et de grand ne se fera.
Car comme le disait Napoléon et comme tu me l'as si bien montré, « l'avenir d'un enfant est l'œuvre de sa mère ». Et, au fond, qu'est-ce que l'avenir d'un pays sinon l'œuvre de toutes les mères ?

Lama Tammam SALAM

 

 

Maman...

 

Maman,

La perle, la couronne de mon être.
Tu es le soleil de ma vie, mon sourire et ma paix !
Ton amour est équivalent à la beauté de la nature et dépasse même sa gloire !
Tu m'as appris à me donner corps et âme, à aimer sans limite.
Tu es le trésor divin auprès duquel je continue à savourer le plus doux plaisir de ma vie.
De ton grand amour, que tu as versé dans mon cœur, je puise mon énergie, mon amour à mes deux trésors, Hala et Nour, à ma carrière et à la vie !
Devant toi, je suis restée la petite fille qui écoute tes conseils, éblouie par ta sagesse et ta raison.
Aujourd'hui, à l'occasion de la fête des Mères, je m'incline devant toi maman et aussi devant la mère libanaise qui a surmonté maintes épreuves et qui continue, dévouée, à se donner au service de sa famille et de sa patrie ; et dans ses bras sereins et forts, notre patrie surmontera tous les défis et atteindra la prospérité et la paix !
Bonne fête à toutes les mamans. Bonne fête à ma maman, Maguy...

Magida El-ROUMI

 

 

Une lionne et ses lionceaux

 

Avant d'être une mère, j'ai été une fille et une sœur, et j'ai toujours ressenti le besoin de donner à la famille mon amour et mon affection.
Votre génération, maman, a été celle des jeunes couples de la guerre civile naissante, avec quatre enfants à mettre à l'abri. Le plus important était de survivre et d'éviter les bombes et les voitures piégées, tout en gardant un coin d'humanité et d'amour dans les cœurs endurcis.
Notre génération a été aussi celle de la guerre, de la peur, de l'arrachement, ceux qui restaient au pays avec la peur au ventre et ceux qui partaient, partaient loin, sans laisser des nouvelles. Une génération qui a vu se déchirer le rêve d'un Liban, Suisse d'Orient, comme on nous le contait. La vie primait à tout et l'angoisse était notre fruit quotidien.
Maman, je ressens encore aujourd'hui mes larmes ravalées de petite fille lorsque je pleurais de peur et d'angoisse ; je cache mes larmes maintenant encore. J'ai toujours voulu cacher mes doutes et mes craintes pour te protéger et ne pas t'alourdir de soucis. Je voyais bien comment tu te démenais pour tes quatre enfants et maintenant plus encore je réalise combien tu as été forte et brave, pour nous, face au désordre qui entourait notre pays. Telle une lionne qui rugit face au danger, tu as su nous protéger.

 


Quand je suis devenue une mère, tout a changé. Comme toi maman, j'ai eu quatre enfants. J'ai alors réalisé que le cœur d'une mère est divisé par le nombre de ses enfants, et rien n'est plus important pour le faire battre que de continuer à les aimer équitablement.
J'ai été arrachée cruellement et en toute impunité à un de mes enfants et me suis rappelé le prenant dans mes bras pour la dernière fois l'instant où il est né. Là où j'ai cru mourir de ne plus le voir ; mais Dieu m'avait graciée et m'avait permis de le prendre dans mes bras, un corps froid allongé sur la route, mais tout chaud qui sortait de mes entrailles. C'était comme s'il m'avait préparé à un plus grand départ
Ce jour-là, l'instinct de la mère et celui de la fille me sont revenus. Une force indescriptible m'a permis de tout prendre sur moi et d'essayer d'atténuer la peine et la douleur dans tes yeux, ceux de mon père et ceux de mon mari et de mes enfants. Je me devais d'être forte pour tout le monde, et votre présence a été la canne qui m'a aidé à ma relever, continuer de vivre et de lutter. J'étais mère de quatre enfants et je suis devenue une mère pour toutes les victimes de la route, comme Talal, qui continuent à tomber injustement.
J'étais devenue une lionne cruellement arrachée à son lionceau ! J'ai appris à continuer à vivre la mère en moi dans le rugissement du combat et non dans la quiétude de la résignation ! Je n'ai pas voulu me cloîtrer dans un silence, mais j'ai choisi d'être une voix pour les sans voix ! Ma génération de mères veut apprendre à vivre la force qui est en nous à voix haute ! Seul un rugissement unifié sera l'expression collective de l'espoir et l'amour que nous portons à tout le monde autour de nous et à tous ceux qui ont besoin de nous.
Maman, je serais toujours fière d'être une lionne comme toi... fière de mes lionceaux comme toi.

Zeina KASSEM

 

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Nos lectrices ont dit... à leurs mamans

J'ai compris ton combat
 

 
Chaque année, la fête des Mères réveille les souvenirs de l'enfance, la fête des Mères refait vivre ton doux visage, toi qui m'a veillée, qui m'a bercée et qui m'a construite.Ton absence, très tôt survenue, a laissé en moi un grand vide, comme une personne ayant perdu le point de départ de sa course et qui, d'un coup, se retrouve seule, lâchée aux...

commentaires (2)

Comme chacun sait, il est inévitable d’affronter la mort ! On pense, en effet, pendant qu’on s’observe devenu tout chenu, à cette si chère Mère. En voilà une dont on apprécierait, en ces temps de nombreuses paroles oiseuses, qu'elle ouvrît furtivement la bouche et 1 œil. Son évocation est de circonstance puisqu’ elle fait paraître, à toutes autres "Malsaines", le double de leur âge ! La Mère Saine, elle, se souvient qu’elle avait connu à cause d’autres Malsains et Malsaines, un parcours maternel dur mais non triste, et…. Moralement glorieux. Un Mère Saine, elle, à la voix chaude avec cette désinvolture dans la lutte et l'abrupt du retrait qui tant déplaisaient. Mais elle persistait, n'écoutant pas évidement tous ces conseils Malsains émollients si navrants ; séduisant inévitablement la totalité presque des Libanaises et surtout des Libanais. Car, sous 1 forme caustique, sourdait d’elle un fond d'une exceptionnelle qualité ! Elle épatait parce que cette désinvolte née était 1 éhhh Mère Saine profondément humaine dont l'opiniâtreté n'a d'égale que la rigueur. Angoissé pour son fils le Grand-Liban, son pays, elle professait qu'1 Saine ne doit pas savoir mais comprendre et décortiquer ; avec acharnement et surtout modestie. Chaque position chez elle n'était que la pointe fine d'un formidable labeur. Sans compter que, rebelle à tout a priori, n’est-ce pas, elle conserva, pour poivrer sa vie, à contrario d’autres ineptes "prétendantes", 1 liberté d’esprit des plus stimulantes !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

09 h 50, le 21 mars 2015

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Commentaires (2)

  • Comme chacun sait, il est inévitable d’affronter la mort ! On pense, en effet, pendant qu’on s’observe devenu tout chenu, à cette si chère Mère. En voilà une dont on apprécierait, en ces temps de nombreuses paroles oiseuses, qu'elle ouvrît furtivement la bouche et 1 œil. Son évocation est de circonstance puisqu’ elle fait paraître, à toutes autres "Malsaines", le double de leur âge ! La Mère Saine, elle, se souvient qu’elle avait connu à cause d’autres Malsains et Malsaines, un parcours maternel dur mais non triste, et…. Moralement glorieux. Un Mère Saine, elle, à la voix chaude avec cette désinvolture dans la lutte et l'abrupt du retrait qui tant déplaisaient. Mais elle persistait, n'écoutant pas évidement tous ces conseils Malsains émollients si navrants ; séduisant inévitablement la totalité presque des Libanaises et surtout des Libanais. Car, sous 1 forme caustique, sourdait d’elle un fond d'une exceptionnelle qualité ! Elle épatait parce que cette désinvolte née était 1 éhhh Mère Saine profondément humaine dont l'opiniâtreté n'a d'égale que la rigueur. Angoissé pour son fils le Grand-Liban, son pays, elle professait qu'1 Saine ne doit pas savoir mais comprendre et décortiquer ; avec acharnement et surtout modestie. Chaque position chez elle n'était que la pointe fine d'un formidable labeur. Sans compter que, rebelle à tout a priori, n’est-ce pas, elle conserva, pour poivrer sa vie, à contrario d’autres ineptes "prétendantes", 1 liberté d’esprit des plus stimulantes !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 50, le 21 mars 2015

  • LA MÈRE ! CELA DIT TOUT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 58, le 21 mars 2015

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