Des informations contradictoires circulaient vendredi sur le sort de l'ancien chef des services de renseignements syriens au Liban, Rustom Ghazalé. Alors que le quotidien saoudien Al-Sharq al-Awsat rapportait des informations faisant état de la mort de Ghazalé, qui occupait le poste de chef du renseignement politique en Syrie, une source de sécurité haut placée à Damas a annoncé son limogeage, ajoutant qu'il était dans un "état critique".
C'est le président syrien Bachar el-Assad qui a limogé les deux chefs de services de renseignements, Rustom Ghazalé et Rafic Chéhadé, sur fond d'une violente dispute entre ces deux responsables sécuritaires, a affirmé cette source vendredi à l'AFP. "Le chef du renseignement politique, Rustom Ghazalé, et le chef du renseignement militaire, Rafic Chéhadé, ont été remerciés de leurs fonctions en début de semaine par le président Assad après une violente querelle entre les deux hommes", a indiqué cette source sous couvert d'anonymat.
D'après cette même source, le général Ghazalé, ex-homme fort de la tutelle syrienne au Liban, "se trouve dans un état critique" dans un hôpital de Damas. Souffrant d'une hypertension artérielle, sa santé s'est nettement détériorée après la violente dispute qui a "dégénéré".
Le quotidien saoudien, citant une source dans l'opposition syrienne, indique pour sa part que Rustom Ghazalé est décédé des suites de ses blessures.
Le général Ghazalé a été remplacé par son adjoint, le général Nazih Hassoun, tandis que le général Mohammad Mehalla a pris le commandement des renseignements militaires.
En juillet 2012, Ghazalé, ancien chef des services de renseignements syriens au Liban, avait été nommé par Bachar el-Assad à la tête de la sécurité politique en Syrie, un an après le début de la révolution syrienne.
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Depuis près de deux semaines, les rumeurs sur un éventuel limogeage de l'officier par l'équipe de Bachar el-Assad se sont amplifiées, les dernières en date faisant état de son transfert dans un hôpital, dans un "état critique". Deux mois plus tôt, YouTube diffusait dans une vidéo des images montrant la villa de Rustom Ghazalé dans son village proche de Deraa détruite par des charges explosives lors de la bataille opposant des éléments du Front al-Nosra au Hezbollah et aux gardiens de la révolution iranienne.
A l'origine de la dispute, selon la source de sécurité, figure la volonté du général Ghazalé d'être impliqué dans la bataille contre les rebelles dans la province de Deraa. Mais le général Chéhadé "s'est opposé catégoriquement à ce qu'il prenne part dans ces combats" menés du côté du régime par l'armée appuyée par le Hezbollah et les Gardiens de la révolution iraniens.
"Il y a deux semaines, après un échange d'insultes, le général Ghazalé s'est rendu au siège du renseignement militaire pour en découdre avec son rival mais en arrivant il a été roué de coups par les hommes de Chehadé", explique la source.
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Le quotidien Mediapart avait de son côté rapporté que depuis deux mois, et suite à l'ingérence iranienne "inacceptable" pour certains en Syrie, des divergences seraient apparues entre, d'une part, le clan Ghazalé, un sunnite baassiste nationaliste, partisan de l'unité de la Syrie et opposé à la mainmise de l'Iran et du Hezbollah sur le pays, et de l'autre, celui de Bachar el-Assad, dont la survie au pouvoir repose désormais sur le soutien militaire que lui fournit l'axe chiite.
Le média, qui cite des sources de services de renseignements syriens, affirmait que le chef des renseignements militaires syriens avait invité Rustom Ghazalé à une réunion sécuritaire. À son arrivée, ses gardes du corps ont été désarmés, et lui ligoté, torturé et laissé entre la vie et la mort devant l'hôpital al-Shami de Damas, a indiqué Mediapart.
Mais l'affaire ne s'arrête pas là. Dépêchée auprès de l'officier syrien, une équipe de médecins spécialisés libanais s'est ensuite rendue à son chevet. Quatre de ces médecins – un neurologue, un pneumologue, un cardiologue et un urgentiste – travaillent à l'Hôtel-Dieu, et trois autres –, un psychiatre, un neurologue et un autre cardiologue – qui les auraient rejoints par la suite, seraient affectés à d'autres hôpitaux. Le blog précise en outre que trois des médecins de l'Hôtel-Dieu seraient "proches du chef du Courant patriotique libre, le général Michel Aoun". Ce serait d'ailleurs Rustom Ghazalé lui-même qui aurait demandé l'aide d'un psychiatre pour prendre en charge "les graves séquelles traumatiques subies", notait Mediapart.
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Et, bien fait pour son faciès.... Khâââï !
10 h 06, le 21 mars 2015