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Liban - TSL

La menace de Rustom Ghazalé via le garde du corps de Hariri : « Je vais lui casser le bras... »

L'équipe de sécurité personnelle de l'ancien Premier ministre avait été avertie de se méfier du Hezbollah.

« Celui que vous voyez devant vous n'est que l'image en surface d'un homme affublé d'un costume. Un homme effondré, brisé de l'intérieur. »
C'est par cette image saisissante que le témoin numéro 76 s'est décrit hier devant les juges du Tribunal spécial pour le Liban, chargé de juger les assassins de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri.
Sollicité par l'accusation, le témoin – l'un des survivants du convoi de garde de Rafic Hariri, le premier également qui vient comparaître devant le TSL – a relaté devant la chambre de première instance le fil des événements tels qu'il les a vécus avant l'assassinat, le 14 février 2005, et les séquelles sur lui et sa famille.
Bénéficiant de mesures de protection extrêmes durant son passage dans la salle d'audience, le numéro 76 avait le visage flouté, la voix altérée, son témoignage ayant été « censuré » au public à plus d'une reprise dès qu'il évoquait des points délicats pouvant révéler son identité.


Seule sa respiration saccadée et bruyante trahissait l'émotion ressentie au cours d'une comparution aussi cruciale et symbolique à ses yeux, comme il le laisse entendre. Son débit verbal reflétait également l'épuisement moral des suites de cette immersion dans un passé aussi « éprouvant » que celui qu'il a vécu. Un moment qui l'a marqué à vie, dira-t-il ultérieurement en décrivant son état psychologique.
Le programme de protection était d'autant plus justifié aux yeux des administrateurs du TSL que le témoin avait « reçu des menaces de mort par téléphone » – on l'apprendra en cours d'audience –, notamment après avoir confié ce qu'il savait à la commission d'enquête internationale installée à Monteverde, en 2006.
Officiellement affecté à l'équipe de protection de Rafic Hariri en 2000, après plusieurs années de service auprès de la famille, le numéro 76 opérait sous la supervision de Yéhia el-Arab (alias Abou Tarek), Talal Nasser et Abd el-Arab.


Durant plusieurs heures, le témoin entraîne l'assistance dans les coulisses du travail sécuritaire à la présidence du gouvernement du temps du mandat de Rafic Hariri, répondant avec autant de précision que possible aux questions du substitut du procureur, Alex Milne. Il évoque la composition du convoi, les chemins généralement empruntés par le Premier ministre, la répartition des rôles entre les Forces de sécurité intérieure et l'équipe de sécurité privée de M. Hariri, les équipements de parasitage et leur mode de fonctionnement.
Le témoin partage également avec les juges ce qu'il sait ou croit savoir des dédales des relations libano-syriennes. À travers deux rencontres principales, l'une entre le Premier ministre de l'époque et le président Bachar el-Assad, l'autre, préalable, entre Yéhia Arab (Abou Tarek) et le chef des services de renseignements syriens au Liban, Rustom Ghazali. Celle-ci était prévue en amont pour organiser la visite du Premier ministre libanais à Damas, en janvier 2005.

 

« Ça s'est trés mal passé avec Assad... »
Durant sa rencontre avec Rustom Ghazali, « Abou Tarek est retourné en voiture et a relaté, devant nous (ses collègues), ce que le chef des services de renseignements lui avait explicitement dit de transmettre à Rafic Hariri », à savoir qu'il allait « lui casser le bras s'il n'accepte pas de renouveler le mandat du président Émile Lahoud ».
Sorti troublé de la réunion, Yéhia Arab a eu un accident de voiture au niveau du rond-point Sayyad, signale le témoin. « Abou Tarek a eu le bras cassé. Comment cela a-t-il pu se produire, je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est qu'il est resté discret sur l'affaire et s'est absenté durant quelque temps du travail », dit-il.
Les menaces proférées par le chef des services de renseignements syrien ont nécessité « un renforcement notoire des mesures de sécurité pour la protection du Premier ministre », fait encore remarquer le garde du corps.


Durant les réunions relatives à la sécurité personnelle de Rafic Hariri, « Abou Tarek nous a demandé de faire preuve de vigilance », confie le témoin.
« Il nous a dit de prendre garde du Hezbollah, quand bien même Rafic Hariri était en bons termes avec le parti. "Soyez très prudents, nous disait-il à maintes reprises. Faites attention sur les routes et surtout, ne donnez aucune information aux journalistes. Sa situation est vulnérable" », ajoute le témoin.
On apprendra ainsi qu'après le tête-à-tête « d'un quart d'heure » qui avait eu lieu entre Bachar el-Assad et Rafic Hariri en janvier 2005, le Premier ministre est sorti « extrêmement furieux », « son visage rouge de colère ». « Il était fatigué et très irrité. Nous avons entendu que la réunion s'est très mal passée à Damas », dit-il.


Au tour du chef du bureau des victimes, Peter Haynes, de passer à la tribune pour interroger le témoin sur son état de santé psychologique, et l'impact de l'explosion et de l'assassinat qui s'ensuivit sur sa vie professionnelle et familiale.
C'est avec difficulté que le témoin répond aux questions portant sur la période qui a immédiatement précédé ou suivi la déflagration. Ce dont il se souvient, c'est lorsqu'il avait réalisé qu'il était à l'hôpital où il a appris la mort du Premier ministre, « un membre de ma famille », dit-il.


Les séquelles du choc, vraisemblablement plus affectif que physique, ont été péniblement décrites par le témoin : claustrophobie, crainte du moindre incident, peur d'un simple applaudissement, irritabilité, diabète, tension, battements de cœur irréguliers, bref toute une panoplie de séquelles qui devaient sérieusement affecter sa vie professionnelle et familiale jusqu'à l'anéantir, précise-t-il en substance.
« Je ne sors que rarement de la maison (...) », dit-il, avant d'ajouter que lorsqu'il le fait, c'est pour « échapper aux bruits et à l'agitation des enfants qui veulent quand même s'exprimer ». Bref, un diagnostic médical lourd de conséquences qui l'empêche désormais d'accomplir sérieusement son travail.
C'est d'ailleurs après beaucoup d'efforts qu'il est parvenu à venir témoigner hier, rappelle-t-il. « Car pour moi, le plus important est de savoir qui a tué Rafic Hariri. On verra ensuite ce qu'il en adviendra », dit-il.
Aujourd'hui, une seconde audience est prévue avec le témoin qui sera notamment interrogé par la défense, peut-être aussi par les juges.

 

 

« Celui que vous voyez devant vous n'est que l'image en surface d'un homme affublé d'un costume. Un homme effondré, brisé de l'intérieur. »C'est par cette image saisissante que le témoin numéro 76 s'est décrit hier devant les juges du Tribunal spécial pour le Liban, chargé de juger les assassins de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri.Sollicité par l'accusation, le témoin –...

commentaires (3)

Des témoignages et des témoignages et on continue de tourner en rond comme si le tribunal lui- meme a peur de ses jugements .

Sabbagha Antoine

16 h 09, le 15 octobre 2014

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Commentaires (3)

  • Des témoignages et des témoignages et on continue de tourner en rond comme si le tribunal lui- meme a peur de ses jugements .

    Sabbagha Antoine

    16 h 09, le 15 octobre 2014

  • Le courant du Futur et les forces du 14 mars ont rejeté le don d’armes iraniennes à l’armée libanaise. Le prétexte évoqué : les sanctions internationales imposées sur l’Iran. Cette décision a été prise par le courant du Futur avant même que le ministre de la défense Samir Moqbel ne visite Téhéran pour débattre officiellement du don avec la partie iranienne. En 2009, l’Iran a proposé un don similaire pour aider l’armée libanaise en face de l’armée sioniste. A l’époque, les Etats-Unis ont dépêché leur ambassadeur David Hill pour interdire au Liban d’accepter le don iranien, alors que les dépôts de l’armée étaient remplis de dons américains sous forme de jeeps Hummer non blindés, qui ne servent même pas pour les questions de sécurité avec la hausse de menaces terroristes.Cette fois, les Américains n’avaient pas besoin d’exercer beaucoup de pressions pour convaincre le groupe du 14 mars de rejeter le don iranien. Celui qui entend le ministre de l’intérieur Nouhad Machnouk et d’autres responsables politiques rejeter catégoriquement le don iranien, croit que l’armée libanaise possède des quantités suffisantes d’armes américaine, françaises et saoudiennes, et qu’elle est désormais capable de vaincre les terroristes.Bref, il s’agit d’une position purement politique qui ne tient pas compte des besoins réels de l’armée les armes, contrairement aux celles américaines, sont appropriées aux combats en cours dans le jurd d’Aarsal. la position américaine,ne tient pas compte de cela.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 20, le 15 octobre 2014

  • TOUT CE CINÉMA POUR SAVOIR QUI A TUÉ RAFIK HARIRI ! IL N'Y A QUE LES IMBÉCILES QUI NE SAVENT PAS ET QUI DOUTENT ENCORE ET ATTENDENT LES RÉSULTATS OFFICIELS POUR SAVOIR QUI A ASSASSINÉ TOUS CE MONDE.

    Gebran Eid

    14 h 10, le 15 octobre 2014

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