Antoine Saab et Nadia Moussouni ont remporté, en novembre dernier, le premier prix de l'édition 2014 de la Startup Cup du programme Bader pour les jeunes entrepreneurs, et une partie (non communiquée) des 67 000 dollars promis aux primés. La croissance commerciale fulgurante de leur système de stockage d'énergie électrique, baptisé Energy 24, est ainsi récompensée. Ce produit répond à l'une des principales préoccupations des Libanais : l'économie d'énergie. Développé depuis deux ans par leur société Sharp Minds, il permet de stocker l'électricité dans des batteries spéciales afin de la réutiliser durant les périodes de rationnement et, in fine, réduire de 50 à 70 % la facture énergétique des utilisateurs.
Tout commence en 2011, lorsque, de retour au Liban après des années d'expérience en ingénierie électrique au Canada, Antoine Saab entrevoit un formidable marché potentiel dans la pénurie d'électricité et l'obligation pour la plupart des Libanais d'avoir recours au secteur informel pour répondre à leurs besoins. « Avec ce système de double facturation, les Libanais doivent payer des montants faramineux pour avoir le courant électrique 24h/24 : les propriétaires de générateur facturent le kilowatt-heure entre 1 200 et 1 800 LL, soit 12 à 18 fois le prix pratiqué par Électricité du Liban. Je me suis dit qu'un système de stockage améliorant le principe des alimentations sans interruption (UPS en anglais) pourrait offrir les mêmes garanties en termes de fourniture que les générateurs tout en réduisant substantiellement la facture énergétique globale », raconte-t-il.
(Pour mémoire : Électricité de Zahlé : un projet de réhabilitation sur le point d'aboutir)
Près de quatre fois moins cher que les générateurs
Il décide alors de s'associer à Nadia Moussouni et investit 250 000 dollars de ses deniers personnels dans la conception du projet Energy 24. Deux ans de recherches et de développement plus tard, les premiers exemplaires de ses unités de stockage, fabriquées au Liban et au Canada, sont commercialisés auprès des particuliers et des professionnels intéressés. « Après une première phase d'évaluation de ses besoins en fonction de son usage et des heures de rationnement électrique liées à sa localisation, le consommateur peut choisir parmi les différentes offres proposées à la vente ou à la location. L'installation des équipements se fait en moyenne dans les deux mois qui suivent la signature du contrat. Sur la soixantaine de projets pilotes que nous avons lancés sur tout le pays, c'est pour l'instant les forfaits locatifs qui sont privilégiés », explique Nadia Moussouni. Moyennant un engagement contractuel de deux ans et 450 dollars de frais d'installation pour les petits modèles, le consommateur choisit un forfait mensuel selon l'intensité des appareils choisis. Cette dernière varie de 27 ampères-heure (Ah) – permettant de fournir une autonomie de quatre heures à une habitation située au centre de Beyrouth – à trois fois 1 200 Ah pour une batterie industrielle triphasée assurant environ 12 heures d'autonomie, soit la durée de rationnement dans les zones les plus isolées. Et les perspectives d'amortissement sont plutôt prometteuses : la tranche de 5 Ah est facturée entre 15 et 35 dollars par mois en moyenne, contre 60 à 150 dollars pour les générateurs de quartier. À l'achat, le prix des mêmes appareils oscille lui entre 4 000 dollars et plusieurs dizaines de milliers de dollars pour les modèles industriels. "Ce qui suppose un amortissement en cinq ans en moyenne", avance Nadia Moussouni. Si le duo ne communique pas le chiffre d'affaires réalisé depuis le lancement, il assure ne pas avoir encore franchi le seuil de rentabilité.
Se limitant pour l'instant exclusivement au marché libanais, les fondateurs de Energy 24 ont entamé des négociations avec des investisseurs libanais en capital-risque pour une première levée de fonds dont ni le calendrier ni les montants n'ont été déterminés.
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16 h 12, le 10 janvier 2015