Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Événement

La 87e cérémonie des oscars, tribune des minorités

Retour sur les moments forts d'une soirée attendue et vue par la moitié de la planète, et qui a revêtu cette année un habit sinon politique, du moins très engagé.

Les Quatre (de g. à dr. JK Simmons, Patricia Arquette, Julianne Moore et Eddie Redmayne), quittant la pose, tout sourire, hier à l’issue de la cérémonie des oscars qui les a consacrés. Frederic J. Brown/AFP

C'est une véritable Nuit américaine à l'envers à laquelle on assiste le dimanche soir à Beyrouth. Par la baguette magique des satellites, ce n'est plus le jour qui prend l'apparence de la nuit, mais la nuit qui devient jour. Ainsi, les aficionados (Mexique victorieux oblige...) des oscars peuvent voir le tapis rouge et la cérémonie tout entière comme s'ils étaient invités au Dolby Theatre à Los Angeles.
Contrairement à son frère cadet César qui cette année était plus enlevé, plus divertissant avec un sémillant Edouard Baer, Oscar semblait dimanche soir s'être ramolli... Succédant à une Ellen DeGeneres hyper en forme l'an dernier, Neil Patrick Harris, qui avait pourtant déjà fait ses preuves aux Tony Awards, a réussi par instants à plomber l'ambiance par des vannes ambiguës, dont quelques-unes, à maintes reprises, en référence au film Selma boudé par l'académie. L'intro était pourtant réussie. Faite à la manière d'un musical et rendant hommage au cinéma populaire américain, le maître de cérémonie, qui a changé moult fois de tuxedo, n'a pourtant pas fait preuve d'originalité, s'incrustant dans l'image à la manière du grand Billy Crystal.
Mais les oscars restent les oscars, c'est-à-dire un show complet où spectacle, prix, talents, glamour et hommage aux disparus se marient harmonieusement. Ainsi, quelques instants forts ont réussi à susciter trois standing ovations par une salle composée désormais de nouveaux talents – on ne voit plus beaucoup de seniors, à part John Travolta ou Liam Neeson...

 

(Voir aussi : Les Oscars, en images et en petites phrases)

 

Voici les meilleurs moments et minutes qui ont fait chavirer le cœur des présents et des téléspectateurs.
Vers 1h30 (heure de Beyrouth)  : La jeune Dakota Johnson foule le tapis rouge en simple fourreau, également rouge, signé YSL. La jeune coqueluche de Hollywood (Fifty Shades of Grey) accompagnée de sa mère avait les tifs noués en queue de cheval. C'est qu'elle est bien sage, la fille de Don Johnson et Melanie Griffith...


1h45 : C'est au tour de Marion Cotillard tout de Christian Dior vêtue et nominée pour la seconde fois aux oscars de réaffirmer encore et encore sa joie de faire partie de la famille hollywoodienne. Sinon, il pleut fort à LA et les artistes se bousculent sous les parapluies.


2h10 : C'est la belle Lupita Nyong'o en robe Calvin Klein blanche (brodée, dit-on, de six mille perles) qui fait son apparition, suivie de Julianne Moore, grande favorite à cette heure, en Chanel.
Michael Keaton, à qui on demande si c'est la première nomination, répond : « Vous voyez, moi aussi j'en suis surpris. »
Si les femmes rivalisent de beauté, les hommes le font aussi, surtout d'élégance. À ne citer que quelques uns : le jeune Miles Teller (Whiplash) en Prada ou Benedict Cumberbatch qui sait « porter le tux blanc sans paraître maître d'hôtel », commentent les journalistes sur le tapis rouge.


Vers 3h40 (avec dix minutes de retard) : Neil Patrick Harris donne la note avec la chanson Moving Pictures. Et c'est illico que l'oscar du meilleur acteur dans un second rôle est attribué à J.K. Simmons (Whiplash). Ce dernier, qui était le favori incontesté, a fait un discours bref et émouvant. « N'oubliez jamais de dire à vos parents que vous les aimez », dit-il.


3h50 : Le prix des meilleurs costumes est le premier trophée parmi d'autres à être attribué à Milena Canonero pour The Grand Budapest Hotel. Cette célèbre costumière avait signé les costumes de Marie Antoinette et Barry Lyndon. Rapidement, Reese Witherspoon, habillée par Tom Ford, enchaîne, présentant l'oscar du meilleur maquillage à Frances Hannon et Mark Coulier pour le même film.


4h10 : Le tant attendu et multicésarisé Timbuktu est devancé par Ida, un film polonais.


4h40 : C'est après l'annonce de la remise des oscars d'honneur la veille à Jean-Claude Carrière, Hayao Miyazaki et Maureen O'Hara que le présentateur fera son petit cinéma. En référence à Birdman, il arrive des coulisses en slip. Culotté et sympathique.


4h50 : À l'annonce de son prix (meilleure actrice dans un second rôle dans Boyhood), Patricia Arquette, qui a défié le temps en tournant un film durant douze années, s'en va-t-en guerre contre Hollywood où les actrices de sexe féminin sont mal payées. La pasionaria est vite rejointe par les réactions enthousiastes dans la salle de Meryl Streep et JLo.


5h25 : The Grand Budapest Hotel (Adam Stockhausen et Anna Pinnock) décroche son troisième oscar technique pour le meilleur décor. Trophée auquel s'ajoutera plus tard (à 6h24) l'oscar de la meilleure musique de film qui revient à Alexandre Desplat, une surprise, nommé deux fois dans cette catégorie. Le film d'Anderson aura ainsi bouclé la boucle avec les trophées techniques. Et c'est au tour d'Emmanuel Lubezki d'obtenir pour la seconde année consécutive l'oscar de la photo. C'est Birdman qui le lui offre en 2015 alors qu'il s'agissait l'année dernière de Gravity.


5h30 : Moment de grande émotion, pendant lequel les artistes se souviennent de leurs disparus, et c'est à Meryl Streep que revient de le présenter.
Deux autres grands moments intenses figureront à ce palmarès. Lorsque John Legend et Common reçoivent des mains de John Travolta à 6h05 le prix de la meilleure chanson, Glory, pour Selma. Encore un discours à l'impact puissant puisqu'ils parleront de milliers d'incarcérés blacks. « Il y a plus d'injustice qu'au temps de l'esclavagisme », diront-ils. Le maître de cérémonie ne saura pas rebondir sur une note plus gaie.
Ce sera la belle Scarlett Johansson qui rappellera le 50e anniversaire du film The Sound of Music, redonnant une note gaie à la cérémonie en présentant une fabuleuse Lady Gaga. Celle-ci interprétera les plus grands tubes du film quatre fois oscarisé de Robert Wise. Elle est rejointe sur scène par la non moins divine Julie Andrews. Moment d'embrassades entre deux générations de chanteuses.


6h30 : La cérémonie tire à sa fin. C'est alors que l'homme oiseau Alejandro González Iñárritu s'envole. Accompagné de ses confrères Nicolás Giacobone, Alexander Dinelaris et Armando Bo, il décroche le meilleur scénario original puis, seul, l'oscar du meilleur réalisateur et enfin du meilleur film à 7h00 du matin (toujours heure de Beyrouth), ce qui fera dire à Sean Penn d'un ton caustique : « Qui a octroyé la green card à cet homme ? » Quant au cinéaste, il répondra : « Deux Mexicains de suite, cela soulève des doutes... », faisant référence à Alfonso Cuaron, gagnant l'an dernier.

 

(Lire aussi : "Birdman", grand vainqueur d'une soirée d'Oscars très politisée)


Ces récompenses auront été entrecoupées par les oscars du meilleur acteur et de la meilleure actrice, qui reviennent à la géniale Julianne Moore, maintes fois nominée mais bredouille, et au Britannique très posh Eddie Redmayne. Chacun défendra la maladie sur laquelle il a braqué les projecteurs durant tout un film : celle d'Alzheimer (Still Alice) et la maladie de Charcot (The Theory of Everything).
Un autre discours non moins enflammé pour Graham Moore, prix de la meilleure adaptation dans The Imitation Game. « Alors que j'ai la chance de me tenir sur scène aujourd'hui contrairement à Alan Turing, autrefois marginalisé et condamné par la société pour homosexualité, je vous demande : Restez bizarres, restez différents !  »
La 87e cérémonie des oscars aura donc été marquée par des discours sociaux et politiques. Une autre manière de percevoir le spectaculaire à l'américaine.

 

 

Lire aussi

Désormais, « Lebanese is the new Italian »...
La polémique sur le manque de diversité à Hollywood enfle à la veille des Oscars

Ibrahim Maalouf aux réalisateurs libanais : J'ai très envie de travailler avec vous

Le film franco-mauritanien "Timbuktu" triomphe aux 40e César

C'est une véritable Nuit américaine à l'envers à laquelle on assiste le dimanche soir à Beyrouth. Par la baguette magique des satellites, ce n'est plus le jour qui prend l'apparence de la nuit, mais la nuit qui devient jour. Ainsi, les aficionados (Mexique victorieux oblige...) des oscars peuvent voir le tapis rouge et la cérémonie tout entière comme s'ils étaient invités au...

commentaires (1)

Voila une journaliste devouee qui passe une nuit blanche par amour pour son meteir ! Bravo Colette !

Gerard Avedissian

13 h 10, le 24 février 2015

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Voila une journaliste devouee qui passe une nuit blanche par amour pour son meteir ! Bravo Colette !

    Gerard Avedissian

    13 h 10, le 24 février 2015

Retour en haut