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À La Une - Drame

Appels au calme après l'assassinat de trois étudiants musulmans aux États-Unis

Beaucoup de ceux qui ont participé à la veillée aux chandelles en hommage aux trois jeunes gens craignent en effet qu'ils n'aient été tués à cause de leur religion.

Sur les près de dix millions d'habitants de la Caroline du Nord, 65.000 sont musulmans et résident pour la grande majorité à Chapel Hill où trois jeunes ont été abattus d'une balle dans la tête mardi 11 février 2015. AFP/BRENDAN SMIALOWSKI

Des appels au calme ont été lancés jeudi à Chapel Hill, en Caroline du Nord (sud-est), après la mort de trois étudiants musulmans abattus par un homme opposé à toute religion.

"C'est le temps du deuil et aussi un moment pour appeler à l'harmonie et à la paix", a déclaré à l'AFP Mohamed Elgamal, responsable de l'Association islamique dans la ville proche de Raleigh. Selon lui, la mort des trois jeunes gens ne doit pas être traitée comme "un problème musulman, c'est un problème américain" et, malgré la discrimination à leur encontre, les musulmans aux États-Unis doivent faire face ensemble.  "Des craintes existent, mais pas au point pour nous de changer notre façon de vivre, parce que si nous le faisons, les tueurs gagnent, donc nous devons vraiment être meilleurs qu'eux", a-t-il poursuivi. 

 

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Deux sœurs, Yusor Abou-Salha, 21 ans, et Razan Abou-Salha, 19 ans, ont été tuées mardi soir en même temps que le mari de Yusor, Deah Shaddy Barakat, 23 ans. Le couple s'était marié en décembre. Les trois jeunes ont été abattus d'une balle dans la tête. Leurs funérailles sont prévues jeudi après-midi à Raleigh. L'auteur présumé du triple meurtre, Craig Stephen Hicks, âgé 46 ans, s'est rendu à la police après la fusillade et a été incarcéré dans la prison de Durham. Il est poursuivi pour assassinat et risque la peine de mort ou la prison à perpétuité.

 

Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées mercredi soir à Chapel Hill pour rendre hommage aux trois jeunes gens, dénoncer l'intolérance et réclamer une enquête approfondie sur les motivations de Craig Hicks. Car beaucoup de ceux qui ont participé à cette veillée aux chandelles craignent en effet qu'ils n'aient été tués à cause de leur religion, et non pour une simple dispute de voisinage.

 

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La police avait en effet indiqué mercredi que les premiers éléments de l'enquête semblaient trouver l'origine des assassinats dans une dispute de voisinage, à cause d'une place de stationnement. Elle n'a pas exclu un crime motivé par la haine à cause des positions très marquées de Craig Hicks à l'égard des religions.
Sur sa page Facebook, il s'affiche comme un antireligieux convaincu: "Étant donné les énormes dégâts que votre religion a faits dans ce monde, je dirais que j'ai non seulement le droit, mais aussi le devoir, de l'insulter", écrit-il, s'en prenant indistinctement aux musulmans, aux chrétiens, aux juifs ou aux mormons.
Dans la justice américaine, le qualificatif de "crime de haine" est un facteur aggravant à toute infraction (meurtre, viol,...) qui serait motivée par la race, la religion, l'ethnicité, l'orientation sexuelle ou le handicap.

 

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Un crime de haine 

"A coup sûr, c'est un crime de haine, c'est partout sur sa page Facebook qu'il est athée, qu'il déteste les chrétiens et qu'il déteste les musulmans", a réagi Sarah Alhorani, ancienne étudiante de l'université de Caroline du Nord où Barakat était étudiant en deuxième année à la faculté dentaire. "Honnêtement, ça me rend encore plus inquiète car j'ai deux bébés. Je ne veux même pas y penser", a-t-elle ajouté.

Le père des deux sœurs, Mohammad Abou-Salha, a réfuté la thèse d'une dispute entre voisins, expliquant mercredi au journal local The Chapel Hill News and Observer que "cet homme s'en est déjà pris à ma fille et à son mari à plusieurs reprises, il leur parlait avec son pistolet à la ceinture". "C'était comme une exécution, un balle dans chaque tête", a-t-il ajouté. 

 

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Le suspect vivait au-dessus de l'appartement des étudiants, situé dans un quartier propret et boisé. Sa femme, Karen Hicks, a affirmé sur CNN que "cet incident n'a rien à voir avec la religion ou la foi des victimes", évoquant des "disputes récurrentes" au sujet du parking.

Sur les près de dix millions d'habitants de la Caroline du Nord, 65 000 sont musulmans et résident pour la grande majorité à Chapel Hill et dans ses alentours. "Je pense que (ces assassinats) auront des répercussions, mais cette veillée est un témoignage que ce seront des répercussions positives. Je suis musulman et je ne me suis jamais senti autant soutenu", a confié Zakeria Haidary, qui était ami avec Barakat.

 

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